Un ancien responsable du FN dénonce des attaques antisémites et homophobes
Daniel A. a été victime de la vindicte des Frontistes après avoir divulgué une vidéo des déclarations racistes du numéro 2 du FN
Ancien président du syndicat des étudiants du FN, Daniel A. a toujours été dans l’esprit plus « bleu marine » que Front national traditionnel. Il fait partie de ses jeunes recrues – il a 23 ans – qui ont cru aux discours de dédiabolisation de Marine Le Pen.
Aussi, en mars dernier lorsqu’un camarade lui fait visionner une vidéo de Davy Rodriguez, numéro deux du Front national jeunesse (FNJ) en train d’insulter le vigile noir d’un bar lillois (« sale Africain, singe, espèce de nègre de merde », selon l’enquête de Buzzfeed, citée par Médiapart), Daniel A. pense qu’il faut en informer la hiérarchie, mais conseillé par un camarade, il décide via un faux compte Twitter de l’envoyer directement à la presse.
« Je l’ai publié non par rivalité mais parce qu’il m’a constamment humilié », explique-t-il à Médiapart. « En me traitant de petite pute juive d’Aliot, d’homosexuel de merde, de basané, de crépu, tout ça je l’ai accepté pendant des mois et des mois sous couvert de son humour de merde […] J’ai énormément souffert à cause de lui. »
Dénonçant un harcèlement qui aurait duré près d’un an, il explique l’origine de ces insultes : « C’était ‘pute juive d’Aliot’, parce que je me suis beaucoup rapproché d’Aliot, qui est Juif également par sa mère. Il détestait Aliot – il ne s’en cachait pas –, parce que Juif. Il disait : ‘Vous avez vu, ils font de l’entrisme les Juifs, ils travaillent ensemble parce qu’ils sont Juifs.’ Il parlait aussi de lobby gay au Front national. Il me traitait de ‘métèque’ – il n’était pas le seul. »
Louis Aliot, dont le grand-père maternel est Juif d’Algérie, a évoqué à plusieurs reprises cette ascendance en public.
https://twitter.com/louis_aliot/status/798201491089657856
« Parfois les regards qui se posent quand vous rentrez dans une pièce et que vous êtes le seul typé, veulent dire tellement beaucoup plus que des mots », explique Daniel A., visiblement déçu du FN.
« C’est le pire du racisme : ‘Tu viens d’où, tu es de quelle origine ?’ Non, je suis Français. Je pensais que le Front national avait évolué sur ce discours-là, parce que Marine Le Pen le disait », dit Daniel A., qui a depuis démissionné.
Daniel A. livre au passage de cette interview pour le site d’investigation, une analyse de l’ADN du FN, une sorte de radiographie qui explique à la fois son succès et ses limites :
« Le Front national, ce ne sont que des contradictions… Il drague, à droite, à gauche, il faut faire plaisir aux catholiques, aux païens, aux gauchistes, aux droitards, à Marie-Sophie de la Bretière la catho versaillaise et à Kevin du 93, à la bourgeoise de Nice et aux corons du Nord, aux campagnards et aux urbains. Donc finalement on ne dit plus rien. On condamne, mais on ne définit pas. On est pour, mais pas totalement. C’est ça, le Front national. Je l’ai constaté sur toutes les questions. Sur l’Europe : souverainiste mais bon quand même… Anti-libéral, mais pas trop quand même. Conservateur mais pas assumé. »