Un chercheur saoudien publie un article dans une revue israélienne, une première
L'Université de Tel Aviv salue la publication "sans précédent" d'un universitaire de la King Saud University, qui souhaite améliorer l'image du prophète Mahomet aux yeux d'Israël
Un chercheur saoudien de premier plan a fait publier un article dans un journal israélien. Lundi, l’Université de Tel Aviv a salué cette décision comme étant « inédite ».
Le Prof. Mohammed Ibrahim Alghbban, chef des langues et civilisations du Proche Orient et des études hébraïques au département des langues modernes et de traduction de l’université Roi Saud de Ryad, a écrit un article sur les bonnes relations du prophète Mahomet avec les Juifs. Selon lui, le fondateur de l’islam ne s’est pas opposé aux Juifs sur des bases religieuses, mais plutôt politiques.
L’article en hébreu s’intitulait : « Une contribution de l’amélioration de l’image du prophète Mahomet dans les yeux du public israélien : alliances et correspondances de Mahomet avec les Juifs dans la péninsule arabique ». L’article a été publié dans Kasher, une revue de l’Institut Shalom Rosenfeld de recherche des médias et de la communications juifs à l’Université Tel Aviv.
Selon l’université, l’article a pu être publié après que le responsable de la revue, le professeur Gideon Kouts, a rencontré M. Alghbban lors de plusieurs conférences universitaires et d’une visite en Arabie Saoudite en 2015.
Dans un avant-propos à l’article, Alghbban a déclaré qu’il souhaitait corriger des fausses représentations du prophète, en affirmant que les lettres n’avaient jamais été traduites en hébreu auparavant.
« Les hypothèses erronées sur les origines de l’islam, proposées par les chercheurs en études orientales au siècle dernier – dont certaines ont été écrites en hébreu – ont conduit à une compréhension déformée des manuscrits, à une méthodologie erronée et à des influences négatives sur les chercheurs en études du Moyen-Orient parlant hébreu », a écrit Alghbban.
« Accuser l’islam et le prophète Mahomet de discours de haine et de racisme contre les tribus juives du Hejaz est une erreur. Mahomet a traité de la même manière tous les groupes sociaux à Al Madinah et dans les autres lieux sous son contrôle, sans distinction de race et de religion. Les déformations dans les recherches sont dues au fait que ses lettres n’ont jamais été traduites en hébreu ».
L’article était « particulièrement important » pour que M. Alghbban ait choisi de le publier dans un journal israélien, selon le communiqué de presse
« J’espère que cette coopération universitaire est une nouvelle étape vers la coopération économique et politique », a déclaré le professeur Raanan Rein, directeur de l’Institut Shalom Rosenfeld.
Comme la plupart des pays arabes, l’Arabie Saoudite n’a pas de relations diplomatiques avec Israël, mais les relations clandestines ont augmenté ces dernières années entre Jérusalem et Ryad, principalement axées sur les questions de sécurité, surtout en raison de leur inimitié mutuelle envers l’Iran.
Israël a conclu des accords de paix avec seulement deux pays arabes – la Jordanie et l’Égypte, son contrôle du territoire palestinien ayant longtemps été un facteur empêchant la conclusion d’accords similaires avec le reste du monde arabe.
Toutefois, ces dernières années, Israël a cherché à établir des relations avec les pays du Golfe.
En janvier, le ministre israélien de l’Intérieur, Aryeh Deri, a signé un décret permettant aux Israéliens de se rendre en Arabie saoudite pour participer à des réunions d’affaires ou pour rechercher des investissements, à condition qu’ils aient une invitation d’un organisme officiel et qu’ils se soient occupés des formalités administratives nécessaires pour entrer dans le pays.
Il permet aussi officiellement aux citoyens musulmans d’Israël de se rendre dans la ville saoudienne de La Mecque pour effectuer le pèlerinage religieux du hajj ou de la umrah, avait déclaré le ministère dans un communiqué. Les pèlerins israéliens se déplacent généralement pour le hajj en utilisant des papiers jordaniens temporaires.
Jusqu’à présent, la loi israélienne interdisait aux citoyens de se rendre dans de nombreux pays arabes, dont l’Arabie saoudite, sans autorisation expresse du ministre de l’Intérieur, et les visites de plus en plus fréquentes des hommes d’affaires israéliens étaient généralement tenues secrètes.
Le mois dernier, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a averti que le projet d’annexion de certaines parties de la Cisjordanie par le Premier ministre Benjamin Netanyahu représenterait une « dangereuse escalade » qui menace les chances de reprise du processus de paix.
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