Un député YaHadout HaTorah réclame la démission du chef de la Banque d’Israël
Yisrael Eichler a déclaré que le pouvoir gouvernemental était confisqué par l'État profond et les bureaucrates, comparant ces derniers à Poutine, alors qu'il évoquait l'inflation
Yisrael Eichler, député du parti ultra-orthodoxe Yahadout HaTorah, a déclaré lundi que le gouverneur de la Banque d’Israël, Amir Yaron, devait présenter sa démission en raison de la hausse répétée des taux d’intérêt qui n’est pas parvenue à endiguer l’inflation. Il a aussi affirmé que le pouvoir du gouvernement était entre les mains de bureaucrates non-élus.
Dans un entretien qui a été accordé au site d’information ultra-orthodoxe Kikar HaShabbat, Eichler, qui est à la tête de la Commission du Travail et des Affaires sociales à la Knesset, a estimé que Yaron devait « être jugé par le public » pour son incapacité à empêcher l’augmentation des prix. La Banque d’Israël doit élever, lundi, ses taux d’intérêt pour la dixième fois consécutive, à 4,75 pour cent.
Eichler a reconnu l’indépendance du gouverneur de la Banque centrale, ajoutant qu’il devait toutefois assumer la responsabilité de ses échecs présumés.
« Je sais quels sont les résultats. Il a élevé les taux d’intérêt, mais il n’a pas stoppé l’inflation. Il doit démissionner, à mon avis », a indiqué Eichler.
Ce n’est pas la première fois que des responsables du gouvernement s’en prennent à Aron, tentant d’exercer des pressions sur ce dernier en raison de sa politique monétaire. Yaron a mis en garde de manière répétée contre les conséquences préjudiciables qui seraient entraînées par le plan de réforme du système judiciaire avancé par le gouvernement, et qui est actuellement en pause – affirmant qu’il nuira gravement à l’économie.
Alors qu’il était interrogé par le journaliste du site haredi sur la responsabilité endossée par le gouvernement et sur le manque d’action de ce dernier face à la problématique du coût de la vie, Eichler a rétorqué que les responsables élus n’avaient pas suffisamment de pouvoir et que le pays était en réalité gouverné par les bureaucrates.
« Cela fait longtemps que nous ne pouvons pas contrôler le gouvernement, que ce sont les officiels dans les ministères qui le contrôlent, qui sont payés pour ne pas travailler. Le gouvernement est entre les mains de la rue profonde », a-t-il estimé, une confusion apparente avec « l’État profond ».
« Le gouvernement est entre les mains des forces économiques les plus puissantes du marché, des forces qui élèvent les prix », a-t-il poursuivi.
Il a ensuite comparé le processus de prise de décision en Israël à celui de la Russie, affirmant que « ici, il y a de nombreux Poutine » qui décident de la destinée de l’économie, en référence au chef autoritaire du Kremlin, Vladimir Poutine.
Comme dans une grande partie du monde, les Israéliens sont actuellement aux prises avec des taux d’intérêt forts et un coût de la vie qui grimpe en flèche depuis un an.
La Banque d’Israël, de son côté, a procédé à des hausses régulières de son taux directeur, le faisant passer de 0,01% – un chiffre historiquement bas – au mois d’avril 2022 à environ 5% par an au cours de ces six derniers mois pour mieux maîtriser l’inflation – échouant ainsi à atteindre la cible fixée par le gouvernement qui était de 1% à 3%.
L’indice des prix à la consommation, une mesure de l’inflation qui suit le coût moyen des produits, a augmenté de 0,8% au mois d’avril, un pourcentage qui correspond aux prévisions les plus hautes des analystes qui envisageaient une hausse allant de 0,4% à 0,8% – amenant à 5% l’inflation annuelle au cours des douze derniers mois. L’indice des prix à la consommation du mois d’avril était le plus élevé depuis le mois de juillet 2022.
Yaron a essuyé les critiques des membres de la coalition pour ses hausses répétées du taux d’intérêt et pour ses mises en garde contre le plan gouvernemental de refonte du système de la justice en Israël. Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen et le député David Bitan, qui appartiennent tous les deux au Likud, avaient fustigé la Banque d’Israël au mois de février et Cohen était allé jusqu’à demander l’intervention du gouvernement.
Au mois d’avril, le ministre des Communications, Shlomo Karhi, avait fait savoir que le chef de la Banque d’Israël devait être remplacé par un robot – ce qui avait semblé être une tentative visant à critiquer la hausse des taux d’intérêt par la Banque, une solution qui a semblé préférable à cette dernière face à une autre alternative, celle d’une pause qui aurait permis de constater l’impact de ces augmentations sur l’inflation.
Pour sa part, le gouvernement a été très critiqué pour son absence d’action face à la crise du coût de la vie – choisissant d’accorder sa priorité au projet de réforme controversé du système judiciaire israélien.
Sharon Wrobel a contribué à cet article.