Un détecteur de métaux utilisé pour localiser des éclats d’obus sur des soldats blessés
Cette innovation de faible technicité a valu au chirurgien Eyal Sela les éloges du directeur de l’hôpital de Galilée, qui a salué une initiative "sortant des sentiers battus"
Grâce au signal sonore d’un détecteur de métaux acheté en ligne, le Dr. Eyal Sela, du centre hospitalier de Galilée, est désormais en mesure de localiser les balles et les fragments de métal logés à l’intérieur du corps des patients quelques minutes après leur arrivée au bloc opératoire.
Le directeur du département d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou a expliqué que l’idée d’utiliser un détecteur de métaux pendant les opérations lui est venue en mars « par frustration », a expliqué le Dr. Sela au Times of Israel.
Sela s’efforçait depuis plus d’une heure de localiser une balle logée à la base du crâne d’un soldat blessé par des tirs du Hezbollah à la frontière nord, dans le cadre des affrontements quotidiens à la frontière nord avec le groupe terroriste chiite libanais soutenu par l’Iran, qui ont fait des dizaines de blessés parmi les soldats et les civils.
La balle avait traversé le visage du soldat et s’était enfoncée « profondément dans la base du crâne ».
Lorsqu’une balle traverse un tissu humain, « il s’agit d’une blessure à très haute vélocité qui brûle les tissus », a déclaré Sela.
Les fragments d’éclats d’obus logés dans la main ou la jambe sont plus faciles à localiser. Lorsqu’ils se trouvent dans la tête ou le cou, c’est « beaucoup plus difficile ».
« Ces zones sont complexes et sensibles. Le moindre mouvement pendant l’opération peut provoquer une paralysie en raison de la proximité des nerfs et des vaisseaux sanguins. »
Après avoir utilisé des radiographies et la tomodensitométrie (TDM) – ou scanographie -, Sela a pu localiser la balle, mais cela lui a pris plus d’une heure. Il avait besoin d’un moyen de localiser le fragment de métal plus rapidement – et d’avoir un outil lui permettant de se diriger en temps réel.
« Si j’avais un détecteur de métaux, je le trouverais immédiatement », avait alors pensé Sela.
C’est à ce moment qu’il est rentré chez lui et a commandé un simple détecteur de métaux sur AliExpress.
Le 5 juin, après que le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah a attaqué la ville de Hurfeish, dans le nord d’Israël, tuant un réserviste et blessant dix autres personnes, une soldate s’est présentée à l’hôpital avec de nombreux éclats d’obus à l’arrière du crâne, a expliqué le chirurgien.
Pour la première fois en Israël, ce médecin a fait entrer le détecteur de métaux stérilisé dans une salle d’opération de l’hôpital et s’est mis au travail.
« Le détecteur de métaux a émis un signal sonore et m’a instamment indiqué l’endroit exact où inciser la peau pour extraire les fragments », a poursuivi Sela.
Au bout d’une dizaine de minutes, il avait réussi à retirer tous les fragments.
« J’ai été époustouflé par la facilité avec laquelle cela s’est déroulé », a-t-il souligné.
Sela a précisé, qu’à ce jour, il avait utilisé le détecteur de métaux pour opérer neuf soldats blessés.
Il a présenté ses conclusions lors de la réunion annuelle de l’Israeli Society of Otolaryngology-Head and Neck Surgery (Société israélienne d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou) mi-juin, mais prévoit de rédiger un papier à ce sujet « avant que quiconque ne le fasse ».
Certains de ses collègues utilisent désormais des détecteurs de métaux lors de leurs interventions chirurgicales, a-t-il indiqué, ajoutant qu’il s’agit également d’un moyen de réduire l’exposition aux radiations des rayons X. « Je salue les initiatives de ce type qui indiquent qu’il est possible de réduire l’exposition aux radiations. »
« Je me réjouis de ce genre d’initiatives qui montrent que l’on sort des sentiers battus », a déclaré le Pr. Masad Barhoum, directeur du centre hospitalier, dans un communiqué. « Elles témoignent d’un dévouement sans faille envers nos patients. »
Le groupe terroriste chiite libanais a commencé à attaquer Israël le lendemain de l’assaut barbare et sadique du groupe terroriste palestinien du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre, qui a déclenché la guerre à Gaza. Le Hezbollah a déclaré qu’il ne s’arrêterait pas tant qu’il n’y aurait pas de cessez-le-feu à Gaza. Les affrontements à la frontière ont causé la mort de dix civils du côté israélien, ainsi que celle de quinze soldats et réservistes de Tsahal.
Des centaines de soldats et de civils blessés ont été conduits à l’hôpital, situé à 10 kilomètres de la frontière.
Sela a déclaré être toujours en contact avec deux des soldats blessés qu’il avait soignés à l’aide du détecteur de métaux.
« J’ai promis de rendre visite à l’un d’entre eux et l’autre m’a dit qu’il m’inviterait à son mariage. »