Israël en guerre - Jour 372

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Interview

Un ex-membre du Congrès évoque la relation entre Israël et les Démocrates US

Selon Robert Wexler, la nouvelle coalition "bipartisane" israélienne a l'occasion de prôner des politiques qui rassembleront les Démocrates

Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Robert Wexler, président du Centre pour la paix au Moyen-Orient et ancien représentant de Floride, prend la parole à la Convention nationale démocrate à  Charlotte, en Caroline du nord, le 4 septembre 2012. (Crédit : AP Photo/J. Scott Applewhite)
Robert Wexler, président du Centre pour la paix au Moyen-Orient et ancien représentant de Floride, prend la parole à la Convention nationale démocrate à Charlotte, en Caroline du nord, le 4 septembre 2012. (Crédit : AP Photo/J. Scott Applewhite)

Alors que les critiques d’Israël se banalisent de plus en plus au sein du parti Démocrate, un ancien membre du Congrès – qui a fait partie des personnalités envisagées par le président américain Joe Biden pour occuper le poste d’ambassadeur américain au sein de l’État juif – pense que l’arrivée du nouveau gouvernement, à Jérusalem, représente une opportunité de renverser la tendance.

« A mes yeux, la perspective de l’établissement de ce nouveau gouvernement en Israël, en plus de ce qui semble être le désir sincère de reconstruire les fondations bipartisanes de la relation entre les États-Unis et Israël me semblent être très encourageants », explique Robert Wexler, directeur actuel du Centre pour la paix au Moyen-Orient S. Daniel Abraham.

L’entretien téléphonique entre Wexler et le Times of Israel a eu lieu à l’issue d’un déplacement de cet ancien membre du Congrès au sein de l’État juif. Il y a rencontré les dirigeants des partis formant la nouvelle coalition, évoquant la manière, pour les responsables israéliens, de s’engager au mieux auprès de Washington dans ce contexte de divisions croissantes au sein du parti Démocrate.

Au cours de cette interview, Wexler dit que le message qu’il a cherché à transmettre lors de ses rencontres avec Naftali Bennett (Yamina) qui, cette semaine, est devenu Premier ministre ; Gideon Saar (Tikva Hadasha) aujourd’hui ministre de la Justice ; Merav Michaeli (parti Travailliste) qui a hérité du portefeuille des Transports ; Nitzan Horovitz (Meretz), nouveau ministre de la Santé ; Mansour Abbas, à la tête de Raam, et d’autres a été la nécessité de « reconstruire les fondations du soutien bipartisan en faveur d’Israël ».

Le soutien bipartisan peut-il être reconstruit ?

La tâche ne va pas être facile pour le nouveau gouvernement de Bennett.

L’ancien président américain Donald Trump, qui avait affirmé que les Juifs qui ne soutenaient pas le parti Républicain témoignaient d’une « grande déloyauté » à l’égard d’Israël, conserve une influence significative parmi les Républicains. L’un de ses opposants les plus féroces, le représentant de Floride Matt Gaetz, a écrit dimanche sur Twitter que « la haine de Bibi » était « le seul principe fédérateur » de la nouvelle coalition dirigée par Bennett – ce qui montre combien les dissensions internes, dans la politique israélienne, ont franchi l’Atlantique.

Les ministres du gouvernement israélien nouvellement assermenté posent pour une photo de groupe à la résidence du président à Jérusalem. Le 14 juin 2021. (Yonatan Sindel/FLASH90)

Parmi les Démocrates, l’aile progressiste et sa vision de l’intersectionnalité ont grandement gagné en influence, avec pour conséquence que la situation difficile vécue par les Palestiniens est de plus en plus comparée aux combats livrés par les Afro-américains et les autres minorités aux États-Unis.

Wexler explique que si l’État juif veut se rapprocher des Démocrates dans un tel climat, il est déterminant que le nouveau gouvernement fasse avancer des politiques vis-à-vis des Palestiniens qui puissent rassembler ces députés progressistes.

« La vaste majorité des Démocrates veulent être ‘pour’ quelque chose en ce qui concerne Israël », ajoute Wexler, ancien député Démocrate de Floride, dont il représentait le 19e district. « De façon à ce que nous, en tant que soutiens des relations privilégiées entre Israël et les États-Unis, nous puissions aider à promouvoir une politique dont le nouveau gouvernement aura convenu, qui prendra en compte les inquiétudes sécuritaires spécifiques d’Israël et qui améliorera les existences des Israéliens et des Palestiniens. »

A-t-il des exemples ? Wexler me propose un élargissement de la liberté de déplacement pour les Palestiniens en Cisjordanie, de plus grandes opportunités de logement offertes aux Palestiniens dans la Zone C du territoire – qui est placée sous contrôle israélien – ou la recherche de formules différentes permettant de réunir les familles pour les Palestiniens qui vivent sur les côtés opposés de la Ligne verte.

L’ancien membre du Congrès déclare ne pas être entré dans les détails lors de ses rencontres avec les dirigeants des partis mais avoir simplement insisté sur la nécessité de faire preuve d’un « intérêt réel à limiter le conflit ».

Bennett, pour sa part, a déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne, au début du mois, que « ma philosophie est de diminuer la portée du conflit. Nous ne pourrons pas le résoudre mais là où nous pourrons faire quelque chose – plus de déplacements, davantage d’améliorations de la qualité de vie des Palestiniens, davantage de commerce – alors nous le ferons ».

Le nouveau Premier ministre israélien Naftali Bennett arrive pour une photo de groupe du nouveau gouvernement à la résidence du président de Jérusalem, le 14 juin 2021. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

De telles initiatives n’ont pas été souvent envisagées, ces dernières années, l’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahu ayant mené une politique qui a accordé la priorité à l’amélioration des relations de l’État juif avec ses voisins arabes, faisant passer les liens avec les Palestiniens au second plan.

Ce qui a amené les Démocrates à lancer des appels croissants à contraindre Israël à revoir à la hausse les droits accordés aux Palestiniens – avec notamment la présentation d’une résolution sans précédent qui a cherché à bloquer la vente d’armements à Jérusalem pendant les hostilités récentes avec Gaza. Cette initiative a échoué parce que l’administration Biden – et la plus grande partie des Démocrates au Congrès – s’alignent encore davantage aux côtés de l’État juif que ce n’est le cas de l’aile progressiste de la formation – mais cette minorité critique existe et elle ne devrait pas disparaître.

Une réalité que Biden a paru reconnaître au cours de l’un de ses entretiens téléphonique avec l’ancien Premier ministre Netanyahu au cours du conflit d’onze jours qui a opposé Israël et les groupes terroristes de Gaza, au mois de mai. Une source proche du dossier a indiqué que dans le cadre de ses efforts de négociation d’un cessez-le-feu, Biden avait expliqué qu’il ne serait pas en mesure de résister à des pressions plus longues de la part de législateurs de son parti qui étaient perturbés par le bilan meurtrier élevé des affrontements et par les destructions commises dans la bande.

Pas le changement climatique mais l’action sur le front palestinien

Un haut-conseiller d’un membre progressiste du Congrès a reconnu, de son côté, que des initiatives prises par Israël pour améliorer la vie des Palestiniens seraient saluées par les Démocrates.

« Elles seraient bien plus prises au sérieux qu’un grand nombre d’initiatives auxquelles nous avons assisté jusqu’à présent », a déclaré le haut-responsable, qui a affirmé que les efforts récents de communication de la part des officiels israéliens en direction des Démocrates au sujet du changement climatique et d’autres problématiques considérées comme progressistes avaient souvent été considérées comme des « efforts fallacieux pour éviter de prendre en charge la question palestinienne ».

Le conseiller, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, a ajouté qu’il ne suffirait pas qu’Israël soulève la question palestinienne et que les progressistes voudraient dorénavant voir des actions entreprises. Il a toutefois admis que le gouvernement venait tout juste de prêter serment et que de telles choses prendraient du temps.

Illustration : des travailleurs palestiniens font la queue pour franchir un point de contrôle à l’entrée de Cisjordanie de Maale Adumim, près de Jérusalem, le 30 juin 2020. (Crédit : AP Photo/Oded Balilty, Archive)

« Venir ici pour dire combien vous désirez la paix, cela ne marchera plus », a continué le haut-responsable, raillant les recommandations qui ont été récemment faites par les leaders communautaires juifs, qui ont affirmé qu’Israël devait envoyer la pacifiste Michaeli à Washington pour offrir un visage plus progressiste du pays aux législateurs Démocrates.

Tandis que l’opposition de longue date de Bennett à l’établissement d’un État palestinien pourrait bien limiter le degré d’acceptation des Démocrates du nouveau chef du gouvernement israélien, Wexler suggère que le positionnement du chef de Yamina pourrait, in fine, ne pas être un réel problème en soi, l’administration Biden n’ayant actuellement pas l’intention de relancer le processus de paix en vue de la mise en place d’une solution à deux États.

Il établit clairement que des initiatives prises par l’État juif pour « limiter le conflit » devront être aussi accompagnées par des engagements de l’Autorité palestinienne. Cette dernière pourra être appelée à mettre un terme aux incitations à la violence contre Israël dans les manuels scolaires et à annuler son système de paiements versés aux prisonniers sécuritaires incarcérés en Israël.

La connaissance profonde de Wexler des questions relatives à la relation entre les États-Unis et Israël et au conflit israélo-palestinien – il a travaillé sur ces sujets pendant des décennies, avant et après ses treize années passées dans les bancs du Congrès – a fait qu’il a été envisagé à deux reprises pour le poste d’ambassadeur au sein de l’État juif. Il a refusé l’offre faite la première fois par le président américain Barack Obama, préférant conserver sa fonction de directeur du Centre pour la paix au Moyen-Orient à Washington.

Après des informations qui avaient fait savoir, au mois d’avril, que l’ancien responsable Thomas Nides était favori à la fonction de futur envoyé en Israël de l’administration Biden, plusieurs groupes juifs mais aussi des officiels israéliens et quelques Démocrates du Congrès avaient fait pression sur la Maison Blanche pour que Wexler soit choisi à sa place.

Finalement, l’administration a nommé Nides au poste – ce dernier entretient des liens privilégiés avec le Secrétaire d’État Anthony Blinken et avec Obama.

Faisant de son mieux pour paraître indifférent à la préférence affichée à son rival, Wexler explique avoir toujours l’intention de « faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider l’administration Biden et les membres des deux côtés à renforcer la relation entre les États-Unis et Israël ».

Le représentant Démocrate de Floride Robert Wexler et le Premier ministre Benjamin Netanyahu se rencontrent en Israël en juillet 2009. (Bureau de presse du gouvernement via JTA)

« Des opportunités en or »

Wexler reconnaît qu’il y a « un débat animé dans le parti Démocrate » au sujet d’Israël, maintenant toutefois que le nouveau gouvernement « donne l’opportunité de permettre au débat de connaître une issue positive ».

Il ajoute que les Accords d’Abraham, qui ont renforcé la normalisation d’Israël dans la région, sont « une opportunité en or » autour de laquelle les deux partis américains peuvent se rassembler.

« L’administration Biden peut faire ce que l’administration Trump n’a pas réussi à faire – à savoir amener les Palestiniens dans ce processus de renforcement des Accords d’Abraham. C’est un pari gagnant-gagnant-gagnant pour Israël, pour les Palestiniens et pour les États-Unis »,
estime-t-il.

« J’ai trouvé les nouveaux dirigeants du futur gouvernement sincèrement soucieux de parvenir à construire la relation la plus forte possible avec les États-Unis, et très déterminés à le faire », poursuit-il. Il encourage l’administration Biden à considérer les chefs de faction de tout le spectre politique comme des partenaires plutôt que de concentrer leurs efforts sur les personnalités les plus pacifistes du gouvernement.

L’ancien membre du Congrès recommande que Bennett et que le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid – qui deviendra Premier ministre en 2023 – jouent des rôles actifs dans la relation entretenue par Israël avec les États-Unis.

« Je pense que ce serait une source merveilleuse d’unité si Bennett et Lapid s’approchaient ensemble de l’Amérique », note-t-il. « Il y a ici un récit remarquable à raconter concernant l’inclusion d’un parti arabe islamiste dans le nouveau gouvernement israélien. C’est historique et les Américains devraient ressentir de la fierté face à la relation particulière que nous entretenons avec Israël en constatant ce degré, cet exemple de diversité ».

« En Amérique, nous évoquons en permanence le bipartisme comme étant un objectif à atteindre. Bennett et Lapid viennent tout juste de réussir à mettre en place un gouvernement bipartisan. Nous devons l’applaudir et le saluer », s’exclame-t-il.

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