Un Gazaoui dénonce le Hamas qui l’a attaqué : « vous avez eu tort de ne pas me tuer »
Dans des vidéos prises de l’hôpital, Amin Abed accuse le groupe terroriste de "complicité avec l'occupation pour nous tuer" ; il envisage de quitter Gaza de peur d'être tué
L’activiste Amin Abed, résidant de la bande de Gaza, continue de critiquer le Hamas même depuis son lit d’hôpital, qui se trouverait dans le nord de la bande de Gaza, où il se remet d’une violente attaque perpétrée lundi par une vingtaine d’hommes masqués qui se sont présentés comme des membres des forces de sécurité interne du groupe terroriste palestinien.
Le Hamas, dont la présence policière, autrefois omniprésente, a pratiquement disparu depuis le début de la guerre de Gaza, n’a pas commenté l’incident.
Dans une vidéo publiée mardi par la chaîne d’information saoudienne Al-Arabiya, Abed, 35 ans, s’est adressé directement au Hamas, en disant qu’il pensait que le groupe terroriste le tuerait, « [mais] vous avez eu tort de ne pas me tuer ».
Il a accusé le Hamas d’être « complice de l’occupation en nous tuant », dans une allusion à Israël.
« Yitzhak Rabin et Yitzhak Shamir ont pratiqué la politique des os cassés contre le peuple palestinien », a ajouté Abed en évoquant les Premiers ministres israéliens en poste au moment de la première Intifada palestinienne, à la fin des années 1980 et au début des années 1990. « Par trois fois, vous avez pratiqué la politique des dents et des os cassés contre moi. »
« Tant que ce cœur faible battra et que cette langue parlera, vous ne profiterez pas du rapt des pauvres habitants de Gaza, que vous avez kidnappés et que vous torturez depuis 17 ans », a ajouté Abed, en référence à la prise de contrôle violente de la bande de Gaza par le Hamas en 2007.
« Tant que cette langue parlera et que ce cœur battra d’amour pour la Palestine et son peuple, je continuerai à m’exprimer », a-t-il conclu.
Hamas militants brutally kidnapped Palestinian political activist Amin Abed, viciously assaulting him with batons and striking him on the head with sharp tools. He is now in critical condition in the hospital, fighting for his life.
Our hearts go out to Amin as he battles to… pic.twitter.com/m2c9BuXzrs
— Ihab Hassan (@IhabHassane) July 8, 2024
Dans une autre vidéo, un peu plus longue, publiée sur les réseaux sociaux mercredi par l’agence de presse émiratie Al-Mashhad, Abed donne plus de détails sur l’assaut lui-même. Il y corrobore le récit de son ami et collègue Amer Balousha, qui a expliqué que les assaillants se réclamaient de l’appareil de sécurité interne du Hamas.
« Cinq personnes armées du service de sécurité interne du Hamas armés de marteaux ont commencé à me tabasser dans la rue », a déclaré Abed. « Ils m’ont frappé à la tête et m’ont cassé les doigts. »
« Ils ont dit qu’ils étaient des agents de la sécurité intérieure et qu’ils étaient venus pour cogner les collaborateurs et les espions », a poursuivi Abed. « Ils m’ont jeté à terre sur le dos et m’ont cassé les dents à l’aide d’une pierre. Plus tard, des gens m’ont aperçu, ils se sont rassemblés autour de moi et m’ont emmené à l’hôpital. »
L’activiste a confié qu’il envisageait sérieusement de quitter la bande de Gaza.
« Après ce qui s’est passé, je sais qu’ils peuvent me tuer ici », a-t-il expliqué. « Je veux rester en vie et continuer à protéger mon peuple. »
« Ce qui m’est arrivé est un acte terroriste, un crime. Cela m’empêche de protéger mon peuple », a poursuivi Abed. « Je n’hésiterai pas un instant à protéger mon peuple, quel qu’en soit le prix. »
In a shocking photo, political activist Amin Abed is shown with fractures in his hands and feet, wounds across various parts of his body, and a skull fracture, following a brutal assault by Hamas militias. pic.twitter.com/0UApWCnFZn
— Ihab Hassan (@IhabHassane) July 8, 2024
« Dès lors que nous avons décidé de nous opposer politiquement et idéologiquement au mouvement du Hamas, nous savions qu’il y aurait un prix à payer », a ajouté Abed.
Abed est depuis longtemps sur la liste noire du Hamas. En 2019, il a participé à l’organisation de manifestations pour dénoncer les conditions économiques difficiles sous le régime du groupe terroriste.
Plus récemment, il a critiqué le pogrom du Hamas du 7 octobre, lorsque des milliers de terroristes ont déferlé sur le sud d’Israël depuis la bande de Gaza, assassinant près de 1 200 personnes et prenant 251 otages pour les emmener dans la bande de Gaza, ce qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.
Lundi matin, Abed a publié sur Facebook un message contre le Hamas, et certaines personnes sur les réseaux sociaux y ont vu un lien avec l’agression dont il a fait l’objet plus tard dans la journée.
Le média Al-Monitor, basé à Washington, a rapporté mardi que les Palestiniens étaient indignés par cette attaque contre Abed. Le hashtag arabe « nous sommes tous Amin Abed » serait devenu viral, de même qu’une vidéo du père de l’activiste, Salah, marchant dans les ruines de Gaza et dénonçant dans un mégaphone les « traîtres » à l’origine de l’agression de son fils.
"أيها العملاء الجبناء كفى".. والد الناشط أمين عابد يصرخ ضد قادة #حماس وسط الدمار في شمال #غزة بعد اختطاف نجله وتكسير أطرافه الأربعة لكتابته منشورات على فيسبوك#العربية pic.twitter.com/qm36jsBydD
— العربية (@AlArabiya) July 8, 2024
Le père Abed a décrit l’agression en détail dans une publication sur Facebook, mais sans nommer les responsables.
Le Fatah, le rival du Hamas qui gouverne l’Autorité palestinienne (AP) basée à Ramallah, a publié mardi une déclaration condamnant l’attaque « barbare » contre Abed.
La faction laïque, qui a été violemment expulsée de la bande de Gaza par le Hamas un an après la victoire aux élections législatives de l’AP en 2006, a indiqué qu’elle « tenait pour entièrement responsable de l’attaque l’autorité de facto dans la bande de Gaza ». Le Fatah a également accusé le Hamas de « pratiquer une politique de répression et de tyrannie généralisée » à l’encontre de la population de Gaza pendant la guerre.