Un haut gradé de Tsahal blâmé pour la démolition sans accord d’une université de Gaza
Tsahal confirme que l'université d'Israa était utilisée par le Hamas, mais le général de brigade Barak Hiram n'a pas demandé au commandement du Sud l'autorisation de la détruire
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le commandant de la 99e division de l’armée israélienne, le général de brigade Barak Hiram, a été officiellement réprimandé pour avoir démoli une université dans la bande de Gaza au début de cette année sans avoir reçu les autorisations requises, a annoncé l’armée israélienne lundi.
En réponse à une requête, Tsahal a indiqué que la démolition de l’université Israa le 17 janvier et le processus d’approbation de l’explosion contrôlée avaient fait l’objet d’une « enquête approfondie » par le chef du commandement du Sud, le général de division Yaron Finkelman, et avaient été présentés au chef d’état-major, le général de corps d’armée Herzi Halevi.
« L’enquête a révélé que l’organisation terroriste du Hamas a bien utilisé le bâtiment et ses environs pour des activités militaires contre nos forces, mais que le processus d’effondrement du bâtiment a été effectué sans les autorisations requises », a déclaré Tsahal.
Selon la radio de l’armée, Hiram aurait expliqué que suite à des renseignements confirmant que le Hamas disposait d’un réseau de tunnels sous l’université, ses troupes s’étaient senties menacées et craignaient que les terroristes du Hamas ne leur tendent une embuscade.
Hiram n’a pas demandé la permission au chef du commandement du Sud de démolir le bâtiment, comme il était tenu de le faire pour tout site sensible tel qu’une université.
Tsahal a déclaré que Finkelman avait réprimandé le commandant de division à la suite de l’incident.
La radio de l’armée a rapporté que Finkelman aurait dit à Hiram après la réprimande : « Si vous aviez soumis la demande d’effondrement de l’université à mon approbation, je l’aurais approuvée ».
جيش الاحتلال يقوم بتفجير جامعة فلسطين في غزة بواسطة 315 لغم pic.twitter.com/aemM8Ezh5C
— Hisham Abu Shaqrah | هشام أبو شقرة (@HShaqrah) January 17, 2024
Tsahal a également déclaré que l’enquête se poursuivrait par le mécanisme d’évaluation des faits de l’état-major général, un organe militaire indépendant chargé d’enquêter sur les incidents inhabituels au milieu de la guerre.
L’explosion de grande ampleur à l’université Israa, reprise dans des vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux, a contraint l’administration du président américain Joe Biden à exiger des explications de la part d’Israël.
Alors que le soutien des Etats-Unis à Israël était initialement indéfectible, les divergences entre Jérusalem et Washington se font de plus en plus sentir dans le cadre de la guerre à Gaza, lancée en réponse aux attaques du Hamas du 7 octobre, qui ont fait près de 1 200 morts en Israël et au cours desquelles 253 personnes, pour la plupart des civils, ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza.
Hiram fait actuellement l’objet d’une controverse distincte, sans rapport avec la précédente. Il aurait en effet donné l’ordre de tirer un obus de char sur une maison du kibboutz Beeri dans le sud du pays, alors qu’une prise d’otages était en cours lors de l’assaut du Hamas, le 7 octobre, tuant peut-être certains des otages.
Tsahal a promis de mener une enquête approfondie sur l’incident. La semaine dernière, Tsahal a annoncé qu’elle avait commencé à examiner ses actions le 7 octobre et la période précédant l’attaque du Hamas, en analysant notamment les batailles qui ont eu lieu pendant l’assaut, et en examinant le commandement et le contrôle de chaque unité, les formations et les ordres qui ont été donnés.
Avant la guerre, Hiram avait été pressenti comme prochain commandant de la division de Gaza, une décision qui semble avoir été mise en suspens en raison de la guerre et des controverses qu’elle a suscitées.