Un Irakien de l’EI accusé d’avoir laissé mourir une fillette yazidie
Taha A.-J., mari de Jennifer W., de nationalité allemande, est accusé de meurtre, de "génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre"
Un Irakien membre du groupe Etat islamique a été mis en examen vendredi en Allemagne pour avoir laissé mourir « de manière atroce » une fillette yazidie en Irak qu’il exploitait en tant qu’esclave, a annoncé le parquet fédéral allemand.
Il est accusé de meurtre, mais également de « génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre », a détaillé le parquet dans un communiqué.
Présenté comme Taha A.-J., il est le mari de Jennifer W., de nationalité allemande, jugée depuis avril 2019 à Munich dans la même affaire.
Ce procès avait été décrit à son ouverture comme la première procédure judiciaire dans le monde concernant le sort des Yazidis, minorité religieuse kurdophone persécutée et asservie en Irak par les jihadistes à partir de 2014.
Après avoir rejoint le groupe EI en mars 2013, Taha A.-J. a « acheté une femme et sa fille de cinq ans parmi un groupe de prisonniers yazidis (…) dans le but d’anéantir les yazidis, leur religion et culture » en plus des services attendus de l’esclave « au sein du foyer », selon l’accusation.
En plus de ne donner aux deux esclaves qu’un accès « insuffisant » à de l’eau ou de la nourriture, l’homme a « interdit aux deux de pratiquer leur religion » et « les a forcées à se convertir à l’islam », détaille le parquet.
L’homme, arrêté en Grèce en mai 2019 et en détention en Allemagne depuis octobre 2019, a « attaché la fillette à l’extérieur à une fenêtre » et l’a laissée mourir « de manière atroce », « exposée dans protection à la chaleur de plus de 50 degrés », poursuit l’autorité fédérale dans un communiqué.
« L’accusé a su que la mort de la fille était possible et l’a approuvé », ajoute le parquet.
La foi yazidie est considérée comme « satanique » par l’EI, qui avait lancé une campagne de persécutions contre les Yazidis dans leur région irakienne du Sinjar.
Enlevée, battue et réduite en esclavage sexuel, Nadia Murad, l’une de leurs figures de proue, a obtenu en 2018 le prix Nobel de la paix.
La mère de la fillette, désormais réfugiée en Allemagne selon la presse, est représentée au procès de Jennifer W. par l’avocate libano-britannique Amal Clooney et par Mme Murad.
Les deux femmes sont à la tête d’une campagne internationale pour faire reconnaître les crimes contre les Yazidis comme un génocide.