Un Jordanien a « honte » de la comparaison geôles arabes/prisons israéliennes
Yousef Alawnah a comparé les 30 mois passés en prison en Israël à un "institut pédagogique", affirme que les détenus dans les pays arabes sont "dans des cachots"
Un journaliste jordanien qui a déjà été emprisonné en Israël a déclaré ce mois-ci à une chaîne de télévision saoudienne qu’il avait honte de comparer les conditions désastreuses dans les prisons du monde arabe aux conditions beaucoup plus avantageuses dans les prisons israéliennes.
Yousef Alawnah, qui avait auparavant passé 30 mois dans une prison israélienne pour contrebande d’explosifs, a déclaré à Saudi 24 que c’était comme être incarcéré dans un « institut pédagogique », où les détenus avaient « l’occasion d’acquérir une culture, de lire et d’étudier beaucoup de choses ».
« J’ai honte de [la comparaison] entre les prisons israéliennes et arabes », a-t-il déclaré dans l’interview du 12 juin, traduite cette semaine par le Middle East Media Research Institute (MEMRI).
M. Alawnah a été particulièrement impressionné par l’étendue des bibliothèques pénitentiaires en Israël ; il a confié à l’intervieweur qu’elles avaient aussi des livres en arabe.
« Ils ont tous les livres importants, des livres d’histoire, des livres contre Israël et contre le sionisme… Même le Mein Kampf d’Hitler est là », a-t-il précisé.
Yousef Alawnah – qui, selon MEMRI, a écrit pour la presse koweïtienne pendant de nombreuses années mais a été expulsé il y a deux ans après avoir critiqué l’ayatollah Ali Al-Sistani, leader chiite d’origine iranienne et basé en Irak – a ajouté que les prisonniers politiques dans d’autres régions du Moyen-Orient, en particulier en Syrie, n’ont certainement pas les moyens de se payer de tels luxes.
« Les prisonniers détenus dans les cachots du régime syrien… Pensez-vous qu’ils ont des livres ? »
L’année dernière, Amnesty International a déclaré que les autorités syriennes ont tué au moins 13 000 personnes depuis le début du soulèvement de 2011 lors de pendaisons de masse à la prison militaire de Saydnaya, au nord de Damas.
D’autres organisations de défense des droits de l’homme ont trouvé des preuves de torture massive entraînant la mort dans les centres de détention syriens.
Dans un rapport publié en 2016, Amnesty International a constaté que plus de 17 000 personnes sont mortes des suites d’actes de torture et de mauvais traitements en détention en Syrie depuis 2011, soit un taux moyen de plus de 300 décès par mois.
Dans son interview, Alawnah a également critiqué le monde arabe pour la violence généralisée dans la région, affirmant que l’Etat juif n’a pas causé autant de morts que l’Iran ces dernières années.
« Considérez ce que les Arabes ont fait les uns aux autres. Si les Juifs occupaient la Syrie ou l’Irak, feraient-ils toutes ces choses ? » a-t-il déclaré. « Les Juifs ont-ils tué autant de Syriens, de Palestiniens, d’Égyptiens, de Jordaniens, de Libanais et d’autres que les milices iraniennes à Mossoul ou à Alep ? Non. »