Un juge libère l’auteur présumé de tirs sur un employé municipal arabe
Des témoins affirment qu'Ahmad Nijam, 41 ans, a été pris d'assaut par de jeunes Juifs radicaux qui scandaient "Mort aux Arabes"

Un juge du tribunal de Jérusalem a ordonné jeudi le placement en résidence surveillée du suspect juif des tirs qui ont blessé, manifestement sans raison, un employé municipal arabe dans la capitale.
Ahmad Nijam, 41 ans, a été blessé à la jambe, mercredi soir, dans le centre-ville de Jérusalem après avoir été attaqué par une foule de jeunes extrémistes juifs qui, selon des témoins, scandaient « Mort aux Arabes ».
Au micro de la Treizième chaîne, Nijam a expliqué que des personnes sorties de cette foule s’étaient approchées de lui et lui avaient demandé pour quelle raison il se trouvait dans un quartier normalement fréquenté par les Juifs. Certaines avaient jeté des bouteilles d’eau dans sa direction et une autre avait exigé – sans raison – qu’il ouvre son sac à dos.
Le suspect avait alors, semble-t-il, ordonné à Nijam de se coucher sur le sol avant de lui tirer dessus, en infraction manifeste avec les règles d’ouverture de feu.
Selon des images de la scène, Nijam se tord de douleur alors que le suspect et un autre individu portant un uniforme de Tsahal se tiennent à plusieurs mètres, sans lui venir en aide.
C’est à ce moment qu’une connaissance de Nijam a commencé à filmer l’incident et qu’il appelé la police, qui est arrivée accompagnée d’une ambulance du service de secours du Magen David Adom (MDA).
אתמול, ברחוב קינג ג'ורג' בירושלים היה פיגוע.
הוא לא פתח מהדורות ואפילו אלמוג בוקר
או אודי סגל לא שידרו.
המחבל, חמוש באקדח ברישיון, היה יהודי
והקורבן פלסטיני תושב ירושלים.במשטרה קראו לזה מקרה ירי. pic.twitter.com/CDHB1sBPrV
— מסתכלים לכיבוש בעיניים (@Mistaclim) March 13, 2025
Selon les images, le suspect a pris la fuite avant l’arrivée des agents mais ces derniers l’ont rapidement retrouvé et appréhendé.
Néanmoins, les policiers ont convoqué Nijam pour un interrogatoire préventif jeudi, immédiatement après sa sortie de l’hôpital.
Nijam a déclaré à la Treizième chaîne que la police, lors de cet interrogatoire, avait insisté pour savoir ce qu’il faisait dehors à cette heure tardive.
De son côté, le suspect a expliqué avoir ouvert le feu après avoir entendu Nijam crier « Allah Akbar » en direction d’un groupe de participants juifs. Les autres témoins n’ont pas corroboré ce témoignage.
Néanmoins, le juge David Shaul Gabaï Richter du tribunal de Jérusalem a ordonné jeudi soir que le suspect soit libéré et assigné à résidence.
Dans sa décision, Richter a donné le sentiment d’abonder dans le sens des actions du suspect en expliquant que tout le monde était « à cran » à cause de la guerre.
« Une arme à feu a bien été utilisée […] Mais je ne crois pas que le défendeur puisse être considéré comme un… criminel », a-t-il conclu.
Les agressions à motivation nationaliste contre les employés municipaux arabes ont augmenté après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023, date à laquelle quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges – commettant de nombreuses atrocités et perpétrant des violences sexuelles à grande échelle.
Dans les semaines qui ont suivi les massacres, une lettre a été écrite à l’initiative du maire de Jérusalem, Moshe Lion, et signée par un groupe de grands rabbins pour dénoncer les attaques, alors que plusieurs habitants de la capitale se plaignaient du fait que les tâches de nettoyage et d’entretien étaient négligées, vraisemblablement en raison de la crainte des employés municipaux d’être victimes d’agressions.
Les rabbins avaient souligné à l’époque que ces violences violent les enseignements de la Torah et avaient pointé du doigt les jeunes, qui étaient majoritairement impliqués dans ces attaques.