Un militant anti-gouvernement inculpé pour acte indécent sur une policière
Eyal Yaffe, inculpé le mois dernier pour possession illégale d'armes à feu et de munitions, a nié les faits qui lui sont reprochés, affirmant que la vidéo "a été entièrement fabriquée"
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.

Le militant anti-gouvernement Eyal Yaffe, 72 ans, a été inculpé mardi pour avoir eu un comportement indécent envers une policière lors d’une manifestation, et pour avoir participé à une manifestation illégale et entravé le travail d’un agent de police dans l’exercice de ses fonctions.
Selon l’acte d’accusation, lors de la manifestation du 25 mars devant la Knesset, Yaffe a bloqué la rue avec d’autres manifestants et a ignoré les ordres de dispersion.
À un autre moment de la manifestation, Yaffe s’est approché par derrière d’une policière des frontières, a frotté son entrejambe contre elle alors qu’elle se penchait pour s’occuper d’autres manifestants. L’incident a été filmé et diffusé sur Instagram par le rappeur et militant d’extrême droite Yoav Eliasi.
Fin mars, s’exprimant au micro de la chaîne N12, l’accusé, un militant bien connu, avait nié tout méfait. « La vidéo a été entièrement fabriquée », avait-il déclaré, ajoutant qu’il avait été bousculé alors qu’il tentait d’aider des manifestants assis par terre.
Le commissaire Brik Yitzhak, commandant de la Police des Frontières, a pour sa part estimé que l’incident montré dans la vidéo est « grave, honteux et inacceptable ».
« Nous nous engageons à protéger la liberté d’expression et de protestation, mais nous ne laisserons pas les manifestations devenir une zone d’agression et d’humiliation contre nos combattants. C’est une ligne rouge », avait déclaré Yitzhak.
תיעוד המפגין שנחשד בביצוע מעשה מגונה בשוטרת בירושלים.
צילום: דוברות המשטרה pic.twitter.com/tCrMp3Cjq1— הארץ חדשות (@haaretznewsvid) March 27, 2025
L’activiste anti-gouvernement Me Gonen Ben Yitzhak, qui représente l’accusé dans une procédure judiciaire selon Haaretz, a critiqué la police pour avoir ouvert une enquête sur ce que Ben Yitzhak a qualifié de « vidéo truquée par un activiste de droite ».
Kippur Fighters ’73, un groupe d’anciens combattants activistes de la Guerre de Kippour dont l’accusé est membre, a également rejeté les allégations, accusant la police de se plier à Eliasi et menaçant de poursuivre en justice les « diffuseurs du mensonge ».
« Il s’agit d’une tentative pathétique de salir le nom d’un lieutenant-colonel réserviste, héros israélien et l’un des leaders de la protestation », a déclaré le groupe dans un communiqué.
« Les combattants de Kippour respectent chaque homme et chaque femme en tant que tels, et notamment les femmes officiers de la police des frontières. »

Suite à son arrestation, le juge Eitan Cohen avait rejeté la demande de mandat d’arrêt de la police, affirmant que l’affaire n’était pas suffisamment urgente pour justifier une arrestation de nuit et qu’il était « difficile de voir un contact [physique] » dans la vidéo qui lui avait été fournie. Il avait toutefois autorisé la police à présenter à nouveau la demande après un examen plus approfondi.
Cohen avait reçu de la police le témoignage de l’agente qui avait été vue se pencher sur la vidéo. Dans son témoignage sous couvert d’anonymat, cité par Ynet, la policière affirme que le militant « a étendu ses jambes pour me déranger, a tenté de m’éloigner d’un manifestant que j’essayais de soulever et avec un mégaphone a hurlé des insultes dans mon oreille ».
« Alors que je parlais aux policiers et que je leur donnais des ordres, le même manifestant s’est approché de mon oreille avec un mégaphone et a simplement exécuté l’acte que vous voyez dans la vidéo », avait-elle déclaré.
Lorsqu’on lui a demandé si la situation l’avait mise mal à l’aise, elle avait répondu par l’affirmative.

Le mois dernier, Yaffe a été inculpé pour possession illégale d’armes à feu et de munitions après la découverte d’un fusil d’assaut AK-47, d’autres armes à feu et de munitions à son domicile.
Yaffe a déclaré que le fusil était un souvenir de son défunt frère Amir Yaffe, tombé au combat pendant son service militaire, et que les autres objets provenaient de son propre passage dans l’armée.
« La kalachnikov trouvée dans l’entrepôt de mon client est un précieux souvenir de famille de son défunt frère Amir Yaffe, tombé pendant son service militaire. C’est un objet d’une grande valeur sentimentale pour la famille qui a perdu son être cher », avait expliqué Me Ben Yitzhak.
« Les autres objets trouvés, avec parmi eux une vieille carabine et des cartouches, se trouvaient en possession de mon client depuis son long service militaire en tant que commandant de bataillon de réserve, un service au cours duquel il a contribué pendant de nombreuses années à la sécurité du pays », avait ajouté l’avocat.