Un ministre accuse les députés arabes de « trahison » pour avoir contacté l’ONU
Yariv Levin a demandé au procureur général d'entamer des poursuites contre les élus arabes qui voudraient faire condamner la loi sur l'Etat-nation

Un ministre du Likud, le parti du Premier ministre Benjamin Netanyahu au pouvor, a déclaré lundi que les députés arabes qui appellent les Nations unies à condamner Israël pour l’adoption de la loi controversée sur l’Etat-nation devraient être poursuivis pour trahison ; les députés arabes affirment qu’il s’agit de « fake news ».
« Dans tout autre pays normal, il y a un terme pour cela : la trahison. J’attends du système de justice qu’il les poursuive pour la pire infraction qui existe », a déclaré le ministre du Tourisme Yariv Levin dans une interview à la radio militaire.
« Je demande au procureur général de faire le nécessaire. »
Dimanche, la chaîne Hadashot a rapporté qu’un certain nombre de députés issus de la Liste arabe unie, l’ambassadeur palestinien à l’ONU Riyad Mansour et d’autres responsables palestiniens tentent de convaincre l’ONU de faire avancer une résolution le mois prochain qui fera l’équivalence entre cette législation quasiment constitutionnelle et l’apartheid.
Le ministre du Logement Yoav Gallant a également condamné les élus arabes, affirmant que « les fonctionnaires à la Knesset qui agissent contre l’Etat d’Israël franchissent une ligne rouge. Il est temps que le système de justice permettent d’exclure de la Knesset ces dangereux extrémistes ».
Les diplomates israéliens ont découvert que plusieurs membres de la Knesset et notamment les députés Aida Touma-Sliman et Yousef Jabareen ont récemment rencontré de hauts-responsables de l’ONU, notamment la sous-secrétaire-général des Nations unies pour les Affaires politiques Rosemary DiCarlo, pour évoquer la loi sur l’Etat-nation.

Des responsables de l’ONU auraient demandé une réponse à l’ambassadeur israélien Danny Danon.
Dimanche soir, Danon aurait écrit au président de la Knesset Yuli Edelstein, l’informant que les députés arabes « oeuvrent contre l’Etat d’Israël », causant « de grands dégâts ».
Danon a condamné les députés arabes israéliens pour cette initiative, les accusant de profiter cyniquement de leur positions en tant que représentants officiels de la nation pour porter préjudice à Israël à l’international.
Lundi, la députée Touma-Sliman a nié avoir contacté des responsables à l’ONU pour demander une condamnation d’Israël mais affirmé qu’au regard des réactions, elle envisageait désormais de le faire.

« Danny Danon a été surpris de découvrir que nous n’hésitons pas à dire les choses telles qu’elles sont. La loi de l’Etat-nation est une loi d’apartheid », a-t-elle déclaré dans un communiqué.
« Apparemment, il n’a pas suivi les discussions à la Knesset. Nous avons dit haut et fort que la loi rappelle les dictatures les plus sombres, consacrant la discrimination et la ségrégation raciale, et que nous nous battrons à la Knesset, à la Cour suprême, dans les rues, et devant la communauté internationale. »
Dov Khenin, du même parti, a fustigé les propos de Levin, affirmant que les « attaques contre mes confrères au sein de la Liste arabe unie sur leurs appels au monde au sujet de la loi sur l’Etat-nation est antidémocratique et hypocrite ».
Un autre élu du même parti, Ahmad Tibi a qualifié le reportage de Hadashot de « fake news » dans une interview sur la chaîne, expliquant que le parti n’a pas de statut légal aux Nations unies mais le droit et « le devoir » de contacter les instances internationales sur la question. Il a déclaré que les élus juifs prennent se rapprochent régulièrement de ces organes, notamment le Congrès américain, pour promouvoir la construction d’implantations en Cisjordanie.
Tamar Zandberg, chef du parti de gauche du Meretz, a qualifié les propos du ministre de « provocateurs ».
« Levin n’a rien appris », a-t-elle dit dans un communiqué. « Le mot trahison, qui, depuis le meurtre de Rabin, donne des frissons à chaque Israélien, est dégainé sans raison, juste parce qu’un autre ministre a envie d’être provocant. C’est comme cela que l’on prépare le prochain mort. »