Un policier de Cisjordanie accusé d’avoir truqué des enquêtes pour plaire à Ben Gvir
L'homme aurait menti sur les violences des résidents d’implantations dans le but d'obtenir une promotion
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Le Service des enquêtes internes de la police a levé l’embargo sur la diffusion du nom de l’un des hauts responsables de la police soupçonné de faute grave, en l’espèce un refus systématique d’enquêter sur les incidents liés au nationalisme juif, et ce dans le but d’obtenir une promotion au sein de la police.
Il s’agit en l’occurrence du chef de servive des enquêtes et renseignements du district de Judée-Samarie, le commandant Avishai Muallem.
Un autre officier supérieur de la police membre du même district, mais dont le nom n’a pas encore été révélé, fait lui aussi l’objet d’une enquête, et le chef de l’administration pénitentiaire israélienne, Kobi Yaakobi, est également suspecté dans cette affaire.
Le Service des enquêtes internes de la police a indiqué que Mouallem et les hauts fonctionnaires de son district sont soupçonnés d’« activités irrégulières dans le cadre de leurs fonctions dans le but d’influencer leur avancement au sein de la police israélienne, en ne traitant pas les cas de crimes nationalistes ».
Yaakobi est soupçonné d’avoir révélé à Mouallem qu’il faisait l’objet d’une enquête secrète du Service des enquêtes internes de la police, et ce avant que l’enquête ne soit rendue publique.
Selon Ynet, le Service des enquêtes internes de la police soupçonne Mouallem d’avoir prétendu mener des enquêtes sur des crimes nationalistes juifs en Cisjordanie dans le seul but de faire croire que le nécessaire avait été fait sans que les auteurs aient à rendre de comptes.
Le scandale a éclaté au grand jour début décembre lorsque des agents du Service des enquêtes internes de la police ont fait une descente au domicile de Mouallem au début du mois, l’ont arrêté et ont détenu Yaakobi aux fins d’interrogatoire.
Selon l’avocat de Mouallem, Ephraim Dimri, l’enquête est motivée par des considérations politiques et Mouallem n’a fait qu’appliquer les ordres des plus hauts responsables et « de son ministre », allusion au ministre ultranationaliste de la Sécurité intérieure, Itamar Ben Gvir.
Yaakobi assure n’avoir à aucun moment enfreint la loi en informant Mouallem de l’enquête en cours.
Le cabinet de Ben Gvir a réagi à la révélation du nom de Mouallem que « ce sur quoi le Service des enquêtes internes de la police enquête, c’est la mise en oeuvre des politiques du ministre, c’est-à-dire le respect du principe d’égalité, à savoir que la loi pour un jeune des collines est la même que pour un jeune de gauche ».
Le communiqué ajoute que lorsque Ben Gvir est devenu ministre, il « a clairement fait savoir qu’il n’y aurait plus de persécution envers les personnes de droite parce qu’elles sont de droite » et que l’époque où l’on « harcelait sans raison les jeunes des collines » était révolue.
« Les jeunes des collines » sont des radicaux favorables aux implantations qui établissent des avant-postes illégaux en Cisjordanie. Nombre d’entre eux sont par ailleurs impliqués dans des violences contre les Palestiniens, ainsi que dans des vols, des destructions et des incendies criminels de biens palestiniens.
Un très faible nombre de ces crimes font l’objet de poursuites, ce que la Cour Suprême a récemment mis en évidence.