Un professeur pour qui la CIJ est « indigne de confiance » choisi pour remplacer Barak
Ron Shapira, qui sera magistrat ad hoc à la Cour de La Haye, avait déclaré que cette dernière "incarne et pousse à ses extrémités tous les défauts du discours juridique"
Israël a choisi de nommer le professeur Ron Shapira comme juge ad hoc dans le dossier initié devant la Cour internationale de justice (CIJ) par l’Afrique du sud qui accuse le pays de commettre un génocide à Gaza, a indiqué un porte-parole du Bureau du Premier ministre lundi au Times of Israel.
Aucune annonce officielle n’a encore été faite sur cette désignation.
Shapira remplacera l’ancien président de la Cour suprême israélienne Aharon Barak, qui était membre du panel de 15 magistrats chargé de ce dossier brûlant au sein de l’institution judiciaire de premier plan des Nations unies. Cette figure historique du système judiciaire israélien s’est retirée le mois dernier en faisant état de « raisons familiales personnelles ».
Shapira, avocat, est le recteur du Centre académique Peres de Rehovot et il est maître de conférences à l’université de Bar-Ilan et à l’université de Tel Aviv – même si sa carrière juridique n’a jamais été aussi prestigieuse que celle de Barak qui avait aussi été procureur-général.
En plus de ses postes d’enseignant, Shapira est aussi membre du conseil de l’Israel Law & Liberty Forum et, selon le quotidien Haaretz, le gouvernement israélien actuel formé de partis de droite, d’extrême-droite et religieux l’avait considéré comme un candidat potentiel à la Cour suprême.
Au mois de janvier, quand il avait été annoncé que Barak allait siéger au sein de la Cour international de Justice, Shapira avait écrit sur Facebook que l’ancien président de la Cour suprême était envoyé « au sein d’une instance qui, selon presque tous les résidents d’Israël, est indigne de toute confiance ».
« Le consensus, en Israël, est que cette entité incarne et pousse à ses extrémités tous les défauts du discours juridique qui peuvent exister : la malhonnêteté intellectuelle, l’usage manipulateur de définitions ambigües, avec l’utilisation d’outils outrageusement encombrants pour établir les faits et pour débusquer les mensonges et avec aussi la dissimulation de motivations cachées par les juges eux-mêmes par le biais de formulations qui prétendent de manière mensongère être neutres », avait-il écrit.
Tout en exprimant son respect à l’égard de Barak, Shapira avait conclu ce post en soulignant que l’envoi d’un expert juridique si estimé « ne traduit pas le respect que nous pouvons avoir pour de telles instances décisionnaires ».
Selon les règles de la CIJ, un État dont la nationalité n’est pas représentée parmi ses juges est en droit de choisir un magistrat ad hoc qui siègera dans le panel qui sera amené à se prononcer dans le dossier qui le met en cause.
Pendant les cinq mois où il a été juge à la CIJ, Barak a fait part d’opinions minoritaires dans les quatre jugements rendus par le tribunal, des jugements relatifs aux requêtes de Pretoria portant sur la guerre qui oppose l’État juif au groupe terroriste palestinien du Hamas.
Quand Barak avait fait part de son intention de partir, il avait été difficile de dire qui pourrait venir le remplacer. Selon la chaîne publique Kann, les responsables avaient envisagé de ne pas pourvoir son poste, personne, selon eux, n’étant en mesure d’influencer les autres magistrats.
Parmi les noms qui avaient été toutefois évoqués, l’ancien procureur-général Elyakim Rubenstein qui avait aussi été vice-président de la Cour suprême.
L’Afrique du sud a déposé quatre requêtes devant la CIJ depuis le mois de décembre dernier, accusant Israël de génocide et demandant à ce que la Cour ordonne à l’État juif de stopper sa guerre contre le Hamas.
Un ordre que le tribunal n’a pas donné jusqu’à présent, donnant pour instruction au pays de faire tout ce qui est en son pouvoir de réduire le nombre de victimes civiles.
La guerre à Gaza avait éclaté lorsque le Hamas avait envoyé 3 000 hommes armés dans le sud d’Israël, le 7 octobre. Dans le cadre de ce pogrom, ils avaient massacré près de 1 200 personnes, des civils en majorité – se livrant à des atrocités, commettant des violences sexuelles à grande échelle et semant la désolation dans les communautés. Les terroristes avaient également kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage à Gaza.
Israël avait réagi en lançant une campagne militaire dont l’objectif est de détruire le Hamas, de l’écarter du pouvoir à Gaza et d’obtenir la remise en liberté des otages.
Le ministère de la santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, affirme que plus de 37 500 personnes ont été tuées ou sont présumées mortes dans les combats jusqu’à présent.
Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables, et ils comprendraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils qui ont perdu la vie lors des tirs de roquette manqués des factions palestiniennes qui sont retombées à l’intérieur de la bande. L’armée israélienne affirme avoir tué plus de 15 000 hommes armés à Gaza, en plus d’un millier de terroristes à l’intérieur d’Israël le 7 octobre et dans les jours qui avaient suivi l’assaut.
Le bilan des soldats ayant trouvé la mort au cours de la campagne militaire contre le Hamas et dans les opérations menées à la frontière passe à 322. Un bilan qui comprend un policier, qui a perdu la vie dans une mission de sauvetage qui avait permis de libérer quatre otages. Un entrepreneur civil qui travaillait pour le ministère de la Défense a aussi été tué au sein de l’enclave côtière.