Un projet au mont des Oliviers qui avait indigné les églises abandonné
Le plan d'élargissement d'un parc national sur des terres appartenant à l'église n'avancera pas sans dialogue avec les responsables chrétiens de Jérusalem, dit l'Autorité des parcs
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

L’Autorité israélienne de la nature et des parcs a fait savoir lundi qu’elle abandonnait un plan controversé d’élargissement d’un parc national sur des terres propriétés de l’église à Jérusalem-Est, un projet qui avait indigné les responsables chrétiens locaux qui avaient évoqué une « attaque préméditée contre les chrétiens en Terre sainte. »
Cette annonce survient vingt-quatre heures après un reportage exclusif paru dans le Times of Israël qui avait révélé l’existence de ce projet, en attente de l’approbation préliminaire de la commission de planification locale et de construction prévue le 2 mars. Si le projet est encore visible sur le site de la commission, une porte-parole de l’Autorité de la nature et des parcs a affirmé que le site n’avait pas encore été réactualisé mais que le plan avait bel et bien été abandonné.
« Il n’y a plus, de notre côté, de volonté de faire soumettre ce plan à la commission de planification, et il ne sera pas discuté sans coordination et sans communication avec tous les responsables concernés – notamment avec les églises – concernant la manière la plus appropriée de préserver ce secteur si particulier », a dit la porte-parole dans un communiqué.
Selon le Plan 101-674788, les frontières du parc national des Murs de Jérusalem auraient été déplacées, incluant dorénavant une grande partie du mont des Oliviers ainsi que des secteurs supplémentaires situés dans la vallée du Cédron et dans la vallée de Ben Hinnom.
En annonçant le retrait du projet, la porte-parole de l’Autorité de la nature et des parcs a défendu l’objectif poursuivi par cette initiative, affirmant qu’elle n’aurait impliqué aucune construction et qu’elle aurait aidé à conserver « l’un des paysages culturel et patrimonial les plus importants au monde ». La porte-parole avait précédemment noté que les zones qui seraient inclues dans le parc avaient été « négligées depuis des années, cibles d’actes de vandalisme et d’incendies volontaires ».
Mais les responsables des églises chrétiennes n’avaient pas été convaincus et avaient souligné les liens entretenus entre l’Autorité des parcs et la Fondation de la Cité de David qui œuvre à étendre la présence juive dans des quartiers de Jérusalem-Est disputés, notamment le quartier sensible de Sheikh Jarrah.

Vendredi, le patriarche grec orthodoxe de Jérusalem Théophile III, le custode en Terre sainte catholique Francesco Patton et le patriarche arménien de Jérusalem Nourhan Manougian avaient écrit une lettre à la ministre de la Protection environnementale Tamar Zandberg – l’INPA est placée sous l’autorité de son ministère – l’appelant à s’assurer que le projet serait abandonné.
« Même si le plan est officiellement présenté par l’INPA, il semble qu’il ait été avancé, orchestré, présenté et promu par des entités dont le seul objectif apparent est de confisquer et de nationaliser l’un des sites du christianisme les plus saints et de transformer sa nature », avaient écrit les responsables épiscopaux en se référant au mont des Oliviers, un haut-lieu du Nouveau testament.
« C’est une mesure brutale qui constitue une attaque directe et préméditée contre les chrétiens en Terre sainte, contre leurs églises et contre leurs droits anciens dans la Ville sainte, des droits qui sont garantis au niveau international. Sous le prétexte de la protection des espaces verts, ce plan paraît être au service d’un agenda politique qui nie le statut et les droits des chrétiens à Jérusalem », avait dit encore le courrier dont le Times of Israël avait eu connaissance.
Une délégation de représentants démocrates américains du Congrès avait été informée du projet et avait fait part, dans la foulée, de ses inquiétudes au Premier ministre Naftali Bennett au cours d’une réunion qui avait eu lieu jeudi. Bennett n’avait pas paru connaître les détails de ce plan qui, jusqu’alors, n’avait pas été médiatisé, mais il avait déclaré qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour apaiser les tensions à Jérusalem et pour empêcher toutes les initiatives qui seraient susceptibles d’entraîner de nouvelles violences, ont confié deux sources du Congrès au Times of Israël.

Le plan d’expansion du parc national – il concerne l’ajout de 68 hectares environ – devait être présenté alors que les liens unissant le gouvernement israélien et les responsables de l’église sont de plus en plus tendus. Ces derniers affirment que leurs communautés sont menacées par les groupes radicaux israéliens.
De plus, les groupes de gauche avaient craint qu’en permettant graduellement à des familles juives de s’installer dans les quartiers de Sheikh Jarrah et de Silwan, au nord et au sud de la Vieille Ville, et en élargissant le parc national des Murs de Jérusalem en y intégrant le mont des Oliviers, à l’Est de la Vieille ville, la Fondation de la Cité de David serait en capacité d’encercler le secteur en y lançant des projets Juifs au niveaux résidentiel, archéologique et environnemental.
De son côté, la Fondation de la Cité de David avait fait savoir que « les accusations lancées contre ce projet émanent très largement d’organisations dotées d’un agenda politique qui reçoivent de forts financements de la part de l’Union européenne, avec pour objectif de conserver Jérusalem dans un état de négligence et de délabrement qui viendra renforcer leur narratif : celui que les Juifs et les Arabes ne peuvent pas bénéficier ensemble de la souveraineté israélienne dans toute la ville de Jérusalem ».
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