Israël en guerre - Jour 369

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Un rapport de l’ONU accuse Israël de « violations graves » contre les enfants

Dans son examen annuel portant sur les enfants dans le cadre des conflits armés, l'instance affirme que des centaines de mineurs, en Cisjordanie, ont été blessés par Tsahal

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Des enfants devant les militants du Hamas lors d'un défilé en hommage à Bassem Issa, commandant du groupe terroriste qui a été tué par l'armée israélienne avant le cessez-le-feu qui a mis un terme au conflit de onze jours entre Israël et les groupes terroristes de la bande de Gaza, le 22 mai 2021. (Crédit : AP Photo/John Minchillo)
Des enfants devant les militants du Hamas lors d'un défilé en hommage à Bassem Issa, commandant du groupe terroriste qui a été tué par l'armée israélienne avant le cessez-le-feu qui a mis un terme au conflit de onze jours entre Israël et les groupes terroristes de la bande de Gaza, le 22 mai 2021. (Crédit : AP Photo/John Minchillo)

Un rapport annuel des Nations unies consacré aux enfants impactés par les conflits armés accuse Israël d’avoir commis des centaines de « violations graves » au cours de l’année 2020.

Ce rapport, qui a été présenté au Conseil de sécurité de l’ONU et qui date du 6 mai 2021, indique que 340 enfants palestiniens ont été blessés en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza au cours de l’année passée.

Le secrétaire-général de l’ONU, Antonio Guterres, qui est l’auteur officiel du rapport, a déclaré que les délits israéliens comprenaient le placement en détention de 361 enfants palestiniens – des dizaines d’entre eux ayant dénoncé des violences lorsqu’ils se trouvaient entre les mains des forces de sécurité israéliennes. Le document accuse aussi l’État juif d’avoir tué huit enfants palestiniens en Cisjordanie ainsi qu’un jeune garçon israélien, mort dans un accident de voiture alors qu’il fuyait la police israélienne.

Israël aurait ainsi selon l’ONU « mutilé » 324 enfants palestiniens en 2020 – 170 touchés par des gaz lacrymogènes et 70 victimes de balles en caoutchouc. Le rapport accuse également les forces israéliennes d’avoir attaqué 26 écoles et hôpitaux, les partisans du mouvement pro-implantation s’en étant pris à quatre supplémentaires. Les Nations unies ont pu vérifier un exemple d’école qui avait été utilisée par les Palestiniens à des fins militaires, mais elles n’ont pas été en capacité de déterminer l’auteur des attaques.

Le ministère des Affaires étrangères n’a pas encore réagi aux accusations lancées dans le rapport.

Ce document annuel s’intéresse aux pays et aux organisations soumis au Mécanisme de surveillance et d’information de l’ONU, et les noms des pays considérés comme « graves violateurs » des droits des enfants sont inscrits dans les annexes des rapports annuels.

Toutefois, l’armée israélienne ne figure pas parmi les « graves violateurs » et n’a pas été placée sous l’autorité du Mécanisme de surveillance et d’information des Nations unies – malgré une campagne intensive menée, depuis plusieurs années, par un consortium d’ONG nommé le « 1612 Watchlist on Children » pour que l’armée israélienne y soit inscrite. Le gouvernement syrien est l’un des acteurs régionaux à avoir été catégorisé comme un « grave violateur » comme c’est également le cas des organisations terroristes armées chiites et sunnites de Syrie, du Yémen, d’Afghanistan et d’Irak.

Des femmes et des enfants kurdes arrêtés en Irak et soupçonnés d’activités terroristes islamistes en 2017. (Crédit : AP Photo/Bram Janssen)

« Si Israël devait figurer sur cette liste, cela serait très inhabituel », a commenté Anne Herzberg, conseillère juridique au sein de l’organisation à but non-lucratif Monitor.

Au mois de mars, les experts de Watchlist avaient vivement critiqué la décision prise par le secrétaire-général des Nations unies de ne pas inclure Israël dans la liste noire des parties responsables dans le monde de maux infligés aux enfants pendant les conflits.

Le recrutement d’enfants soldats, les attaques contre les écoles et les hôpitaux, les agressions sexuelles et l’enlèvement de mineurs peuvent entraîner l’inclusion dans l’annexe – résultant en des sanctions prises par le Conseil de sécurité.

Le groupe Watchlist est notamment constitué d’Amnesty International, de Children Rights International Network, de l’organisation Human Rights Watch et d’autres encore.

Le conflit israélo-palestinien est l’une « des situations qui inquiète l’ONU », souligne Herzberg.

Selon le rapport, Israël a empêché des mineurs d’avoir accès à une aide humanitaire, notamment en termes d’éducation et de soins médicaux. 28 % des demandes émanant de la bande de Gaza et concernant des enfants, dans le domaine des soins de santé, ont été refusées par l’État juif.

Un secouriste transporte un enfant blessé sorti d’un immeuble touché par une roquette tirée depuis Gaza à Ashkelon, le 11 mai 2021. (Crédit : Flash90)

Les Nations unies ne mentionnent pas les soins médicaux apportés à des centaines de mineurs de Gaza.

Guterres a appelé Israël « à réexaminer et à renforcer les mesures visant à prévenir tout usage excessif de la force, à s’assurer que cette force ne sera utilisée que lorsque c’est nécessaire et à minimiser l’impact des opérations des soldats sur les enfants – en garantissant que les responsabilités seront établies dans tous les cas impliquant la mort d’enfants, ou des blessures infligées à un enfant ».

Il a aussi demandé à l’État juif de mieux protéger les écoles, de mettre un terme à la pratique de la détention administrative et de cesser de recruter des mineurs en tant qu’informateurs.

Le rapport s’intéresse de manière disproportionnée à Israël en raison du nombre d’ONG qui suivent la situation dans le pays et sur les Territoires palestiniens, affirme Herzberg.

« Il y a beaucoup plus d’informations sur ce conflit qui transitent par rapport à ce qu’il peut se passer sur d’autres territoires », explique-t-elle.

Le rapport utilise aussi une définition du mot « violation » qui est différente dans le cas israélien. Par exemple, et pour la toute première fois cette année, elle considère que les blessures entraînées par les fumées toxiques des gaz lacrymogènes correspondent à une « mutilation ».

Photo d’illustration : Des Palestiniens au poste-frontière d’Erez entre Israël et Gaza, le 3 septembre 2015. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le rapport définit la « mutilation » comme « toute action entraînant une blessure grave, permanente, handicapante, une cicatrice ou la mutilation d’un enfant ».

De plus, le rapport accuse les forces israéliennes d’avoir interféré dans l’éducation à 89 reprises – ce qui comprend des retards en raison des check-points à franchir, ou les gaz lacrymogènes utilisés à proximité des écoles.

Il y a aussi, dans le document, un manque d’information concernant l’utilisation des enfants soldats par les groupes palestiniens, ce qui amène le phénomène à être sous-estimé, selon Herzberg.

Le rapport cite « le recrutement de deux jeunes garçons palestiniens au sein des brigades al-Qassam du Hamas, à Gaza ».

« C’est tout simplement absurde », estime Herzberg. « Même dans le dernier conflit, il y a eu de nombreux enfants qui ont été présentés comme étant des combattants par les groupes terroristes et ils sont ignorés dans ce rapport. »

« Parce que les informations qui concernent Israël sont largement rapportées par des organisations à but non-lucratifs anti-israéliennes et radicales, par des groupes qui détournent le regard face aux violations faites par les groupes terroristes palestiniens », continue Herzberg, « le rapport ne capture par de manière exacte les violations commises contre les enfants du côté palestinien et la réponse apportée par les Nations unies va donc être inadéquate – et elle échouera à remédier aux violations faites aux droits des enfants dans les conflits ».

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