Un résident d’implantation interdit de séjour en Cisjordanie pour 6 mois
Elisha Yered, lié au meurtre d'un Palestinien, a aussi l'interdiction de contacter des militants d'extrême droite
L’armée a pris, vendredi, une ordonnance restrictive administrative de six mois interdisant à Elisha Yered – l’un des deux Israéliens soupçonnés de la mort par balle d’un Palestinien en Cisjordanie le mois dernier – d’entrer en Cisjordanie.
Le chef du commandement central de Tsahal, le général Yehuda Fox, a expliqué que « les considérations de sécurité l’exigeaient et qu’il était nécessaire » de garantir la sécurité en Cisjordanie.
Selon les termes de cette ordonnance, Yered ne pourra pas se rendre en Cisjordanie, même à son domicile, situé dans l’avant-poste illégal de Ramat Migron. Il lui est également interdit de contacter des militants d’extrême droite, parmi lesquels Yehuda Lieber, le rabbin Menachem Ben Shahar, Amitzur Ben Yosef, Oz Yehuda Rom ou Ariel Danino.
Yered est soupçonné, tout comme Yehiel Indore, de la mort de Qusai Jamal Matan, 19 ans, lors d’affrontements entre résidents d’implantations israéliens et Palestiniens dans le nord de la Cisjordanie, dans les environs de Burqa, le 4 août dernier.
Yered, qui était jusqu’à très récemment le porte-parole de la députée de la coalition d’extrême droite Limor Son Har-Melech, a été placé en résidence surveillée quelques jours après les faits, le tribunal ayant estimé que la police n’avait pas suffisamment de preuves pour le maintenir en détention.
L’organisation d’aide juridique Honenu, qui représente Yered, a déclaré que ces ordonnances administratives étaient « scandaleuses » et a dénoncé des mesures « haineuses et pleines de frénésie ».
Qusai Jamal Matan (Autorisation)
« Nous continuerons à défendre Elisha Yered et plus généralement tous ceux qui sont persécutés, quitte pour cela à épuiser toutes les voies légales à notre disposition pour que la justice l’emporte », a déclaré l’organisation.
Son Har-Melech a déclaré par voie de communiqué que cet ordre militaire était un exemple de « persécution » contre les résidents d’implantations et une tentative de Tsahal pour détourner l’attention de son échec dans la lutte contre le terrorisme.
« Je demande aux membres de la coalition, et en particulier au ministre de la Défense Yoav Gallant de prendre immédiatement des mesures pour révoquer cette décision administrative », a-t-elle ajouté.
Dans une déclaration semblable, Ben Shachar, professeur de yeshiva à l’avant-poste illégal de Homesh en Cisjordanie, a déclaré que l’armée tentait d’« écraser, par des moyens dignes d’une dictature, notre opposition à un système de sécurité défaillant ».
« Il s’agit clairement d’une tentative de nous réduire au silence, d’une manière digne des régimes les plus obscurs. Notre opposition est légitime, forte de la voix de ceux qui manifestent contre les violences meurtrières », a-t-il déclaré, affirmant que Fox tentait de détourner l’attention de son échec à éradiquer le terrorisme en réduisant au silence ceux qui le critiquent.
Informé de ce qui allait advenir plus tôt ce mois-ci, Yered a parlé d’une « vengeance ».
« La vindicte du Shin Bet et du chef du commandement central de Tsahal, suite à l’échec de cette affaire, inventée de toute pièce et montée en épingle, atteint de nouveaux sommets », a affirmé Yered.
« Sévèrement critiqués par tous les tribunaux, qui ont jugé que les accusations portées contre moi étaient infondées, le commandement central et le Shin Bet ont décidé de se venger », a-t-il ajouté.
Yered a promis que ce « décret inique » ne l’empêcherait nullement d’agir en faveur des implantations ou dans les médias.
« Plus vous faites en sorte de nous briser avec des méthodes dures, plus nous sommes actifs. Aucun ordre ou harcèlement d’aucune sorte ne nous empêchera d’agir », a-t-il assuré.
L’affaire a appelé l’attention de la presse étrangère, essentiellement en raison de la carrière de Yered, ex-porte-parole de Son Har-Melech.
Les sources proches de l’affaire pensent qu’Indore a tué Matan. Yered est pour sa part soupçonné d’avoir pris part, d’une manière ou d’une autre, à l’incident et d’avoir entravé l’enquête en cachant chez lui l’arme qui avait été utilisée.
Indore a été grièvement blessé au moment des faits, semble-t-il par une pierre lancée au visage par un Palestinien. Il a passé une partie de sa détention hospitalisé avant d’être déféré dans un établissement médical de l’administration pénitentiaire.
Au cours des audiences chargées de statuer sur sa détention provisoire, les représentants de la police ont rejeté la demande de légitime défense présentée par Indore, affirmant que l’incident « n’avait pas commencé avec la blessure d’Indore et la mort du Palestinien. Cela avait commencé quelques heures plus tôt et s’est terminé ensuite ».
Selon la police, lorsque l’altercation entre Palestiniens et résidents d’implantations a commencé, ces derniers n’ont pas alerté les forces de l’ordre et demandé le renfort d’autres résidents d’implantations. Ce n’est semble-t-il qu’après la fusillade que les résidents d’implantations ont appelé le quartier général régional de sécurité.
Bien que la police ait évacué la motivation raciale des faits reprochés à Indore, elle le soupçonne toujours d’avoir tué Matan, par intention ou indifférence, d’avoir pris part à une émeute, conspiré pour commettre un crime et entravé la justice.