Le restaurateur qui avait refusé une location de luge à des clients juifs à Davos est condamné
Suite à une plainte, le gérant a été reconnu coupable de "discrimination pour avoir refusé de fournir des services en raison de la race, de l'ethnie ou de la religion"
Un restaurateur d’une petite station de ski près de Davos a été condamné à une amende pour son refus de louer des équipements sportifs à des touristes juifs, a annoncé mercredi le ministère public suisse.
Le gérant de restaurant a été reconnu coupable de « discrimination pour avoir refusé de fournir des services en raison de la race, de l’ethnie ou de la religion » de ses clients, a déclaré à l’AFP le bureau du procureur général du canton des Grisons, dans le sud-est du pays.
Le montant de l’amende n’a pas été précisé.
En février, le journal 20Minuten avait publié la photo d’une affiche visible à son guichet de location du domaine skiable de Pischa, juste au-dessus de Davos, station qui accueille le prestigieux Forum économique mondial (WEF) réunissant chaque année les élites économiques et politiques de la planète.
L’affiche écrite en hébreu indiquait qu’en raison de divers incidents « dont le vol d’une luge, nous ne louons plus d’équipements sportifs à nos frères juifs ».
Cette règle concernait tous les équipements de sports d’hiver, y compris les luges et les raquettes à neige. « Merci de votre compréhension », pouvait-on encore lire sur l’affiche.
אין השכרה ליהודים: תחנת השכרת ציוד חורף בעיירה דאבוס עדכנה את התיירים היהודים כי לא יוכלו יותר לשכור ציוד סקי. הקהילה היהודית זועמת, אך בתחנה טוענים כי זה לא צעד אנטישמי אלא תגובה לכך שחלק מהתיירים לא מכבדים את חוקי המקום (ווינט) pic.twitter.com/dnF7nH4uwg
— חדשות המוקד (@hamoked_il) February 12, 2024
Le restaurateur a expliqué au journal 20Minuten qu’il « ne voulait plus subir les tracas quotidiens » liés aux clients « juifs » laissant des luges sur les pistes ou endommageant de l’équipement.
Après un tollé médiatique en Suisse, il avait toutefois été contraint de présenter ses excuses et de revenir sur sa décision.
La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) avait porté plainte.
« Nous sommes heureux que le ministère public ait agi rapidement et de manière cohérente », a réagi auprès de l’AFP son secrétaire général, Jonathan Kreutner.
La Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA), basée à Zurich, avait relevé en février que ce n’était pas la première fois que des tensions apparaissaient à Davos entre habitants et touristes, « dont certains sont des Juifs orthodoxes ».
Le journal Davoser Zeitung a rapporté que 3 000 à 4 000 Juifs orthodoxes avaient passé des vacances dans la station durant l’été 2023, en notant « une montée des critiques sur le comportement de ces touristes ».
L’année dernière, Reto Branschi, directeur de l’office de tourisme de Davos, avait déclaré au Davos Zeitung que certains clients juifs de la station « avaient clairement des difficultés à accepter et à respecter les règles de vivre-ensemble ici ».
Il avait alors évoqué un problème de détritus et déclaré que ces règles n’étaient « malheureusement pas respectées, en particulier par les Juifs orthodoxes ».
En 2017, un autre hôtel situé dans la station d’Arosa, non loin de Davos, et qui accueille également de nombreux touristes ultra-orthodoxes, avait placardé une affiche demandant à ses clients juifs de se doucher avant d’entrer dans la piscine, déclenchant une vive polémique en Israël.