Suisse : Une boutique de ski affiche une pancarte refusant la location aux Juifs
Le message, en hébreu, a été accroché sur la porte d’une boutique de location près de Davos ; la police a ouvert une enquête
La police suisse a annoncé lundi l’ouverture d’une enquête pour soupçon de « discrimination et incitation à la haine » après qu’un hôtel-restaurant d’altitude à Davos a refusé de louer du matériel de sport d’hiver à des touristes juifs.
C’est l’hôtel-restaurant d’altitude Pischa, sur l’un des domaines skiables de Davos, qui a décidé de ne plus louer ses luges et autres raquettes de neige aux clients juifs, a révélé lundi le journal 20minuten, en publiant une photo de l’écriteau affiché par l’établissement et rédigé en hébreu.
Ce n’est pas la première fois que ce type d’incident se produit dans cette région de Suisse, très prisée – en été comme en hiver – des touristes juifs ultra-orthodoxes.
L’incident survient dans un contexte de montée de l’antisémitisme en Europe et dans le monde, en grande partie liée à la guerre à Gaza, déclenchée par les massacres du Hamas le 7 octobre.
La police a indiqué à l’AFP avoir ouvert une enquête « pour discrimination et incitation à la haine ».
Contactés par l’AFP, les responsables de l’établissement n’ont pas immédiatement répondu, mais avaient expliqué à 20minuten que les clients juifs laissaient souvent le matériel sur les pistes, forçant à « les collecter, quand on arrive à les trouver ».
אין השכרה ליהודים: תחנת השכרת ציוד חורף בעיירה דאבוס עדכנה את התיירים היהודים כי לא יוכלו יותר לשכור ציוד סקי. הקהילה היהודית זועמת, אך בתחנה טוענים כי זה לא צעד אנטישמי אלא תגובה לכך שחלק מהתיירים לא מכבדים את חוקי המקום (ווינט) pic.twitter.com/dnF7nH4uwg
— חדשות המוקד (@hamoked_il) February 12, 2024
Dans une vidéo publiée par le quotidien Blick, le gérant s’excuse et parle de formulation maladroite.
« Je suis prêt à parler aux personnes concernées », affirme ainsi le gérant, Ruedi Pfiffner, qui nie un quelconque antisémitisme.
La Fédération suisse des communautés israélites (FSCI) va déposer plainte.
« L’affiche est incontestablement discriminatoire », a déclaré le secrétaire général de la FSCI, Jonathan Kreutner, à l’AFP : « un groupe entier de clients est étiqueté de façon collective en raison de son apparence et de son origine ».
La Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA), basée à Zurich, parle de « grave discrimination antisémite », dans une déclaration envoyée à l’AFP.
Elle prône une « solution équitable » pour éviter à l’avenir tout incident lié à la location de matériel, comme le dépôt d’une caution ou d’une pièce d’identité.
Selon un article publié en août par le journal local Davoser Zeitung, entre 3 000 et 4 000 juifs ultra-orthodoxes ont passé des vacances à Davos l’été dernier.
Selon M. Kreutner, si l’augmentation du nombre de clients juifs à Davos ces dernières années montre que certains hôtels et entreprises offrent un accueil chaleureux, d’autres semblent « avoir une attitude complètement différente ».
« Les problèmes récurrents à Davos en sont la preuve. Pas plus tard que l’été dernier, l’organisation touristique locale a gelé sa coopération avec nous et notre projet de dialogue. Il est évident qu’il y a beaucoup de choses qui ne vont pas ici », a-t-il dit.
L’année dernière, Reto Branschi, directeur de l’office de tourisme de Davos, avait déclaré dans le journal local Davos Zeitung que certains clients juifs de la station « avaient clairement des difficultés à accepter et à respecter les règles de vivre-ensemble ici ».
Il avait alors évoqué un problème de détritus et déclaré que ces règles n’étaient « malheureusement pas respectées, en particulier par les Juifs orthodoxes ».
En 2017, un autre hôtel situé dans la station d’Arosa, non loin de Davos, et qui accueille également de nombreux touristes ultra-orthodoxes, avait placardé une affiche demandant à ses clients juifs de se doucher avant d’entrer dans la piscine, déclenchant une vive polémique en Israël.