Un tiers des enfants israéliens vivent en deçà du seuil de pauvreté – rapport
Les communautés arabes et ultra-orthodoxes sont les plus touchées, selon le Conseil national de l'enfance d'Israël ; Reuven Rivlin juge ces chiffres "inquiétants"
Environ 30 % des enfants du pays vivent en dessous du seuil de pauvreté, selon un rapport publié mardi par le Conseil national de l’enfance d’Israël.
Dans son bilan annuel présenté au président Reuven Rivlin, le conseil a indiqué que 880 230 enfants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018.
Les services de protection sociale se sont occupés de la situation de 400 000 enfants – 14 % des 2 934 000 enfants du pays en 2018, ce qui représente une augmentation de 37 % depuis 2000.
Un enfant juif sur cinq vivait sous le seuil de pauvreté en 2018, a déclaré le conseil, un groupe indépendant de défense des droits de l’enfant.
Dans la communauté ultra-orthodoxe, 60,4 % des enfants étaient considérés comme vivant dans la pauvreté, soit une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente. Parmi les enfants arabes, 57,8 % connaissaient la même situation, soit une baisse de 3 % par rapport à 2017.
Les familles plus nombreuses étaient plus susceptibles de tomber sous le seuil de pauvreté, selon le rapport, de sorte que près de la moitié des familles de quatre enfants ou plus ne parvenaient pas à joindre les deux bouts. Dans le cas des familles de cinq enfants, ce chiffre a atteint les deux tiers. Le quart des familles monoparentales se situaient également sous le seuil de pauvreté.
En 2018, 50 000 nouveaux signalements ont été faits pour des enfants nécessitant l’attention des travailleurs sociaux. Sur ce nombre, 31 % étaient attribuables à des faits de négligence et 25 % à de la violence physique. Douze pour cent des nouveaux cas étaient liés à des abus sexuels. Dans 71 % des cas, les enfants ont subi des préjudices de la part de la personne responsable de la famille.
Le nombre de dossiers criminels ouverts en raison d’infractions sexuelles contre des mineurs était de 2 544 en 2018, contre 2 001 en 2011, soit une augmentation de 27 %.
Les enfants vivant dans des familles ayant immigré dans le pays depuis 1990 représentaient 16 % des personnes enregistrées auprès des services de protection sociale.
Au cours des deux dernières décennies, la violence contre les enfants a augmenté, avec 3 825 blessés en 2018, soit près du double du chiffre de 2000.
Par ailleurs, le rapport a révélé que la moitié des enfants du pays recevaient leur premier téléphone portable entre 10 et 12 ans. Quelque 43 % des parents ont admis qu’ils ne limitent pas le temps d’écran de leurs enfants.
Toutefois, certaines améliorations ont été enregistrées dans d’autres domaines. Au cours de la période 2010-2018, une légère baisse des signalements d’élèves de collège qui disent avoir été impliqués dans des incidents violents a été constatée, a rapporté le conseil. Parmi les élèves de l’école primaire, on observe une réduction de 17 à 9 % et parmi les élèves du secondaire, une diminution de 11 à 8 %.
Rivlin a déclaré que malgré des améliorations dans certains domaines, il y avait de sérieuses raisons de s’inquiéter.
« Les chiffres montrent que dans certains indicateurs, il y a une amélioration, mais ils révèlent aussi que nous avons beaucoup de travail à faire », a commenté le président.
« La proportion d’enfants touchés est en augmentation », a-t-il dit. « On nous a parlé de pourcentages élevés de pauvreté chez les enfants. Ce sont des chiffres très inquiétants. »
Vered Windman, PDG du conseil, a appelé les dirigeants politiques à mettre fin à l’impasse politique qui empêche la mise en place d’un gouvernement permanent depuis près d’un an.
« L’échec du gouvernement de l’année dernière ne fait qu’aggraver les difficultés, les disparités et les grands écarts que les chiffres publiés aujourd’hui mettent en évidence », a-t-il ainsi dénoncé. « Il doit y avoir un changement radical. Les partis, qui sont tous à nouveau soumis à l’examen du public, doivent s’engager envers les électeurs et les enfants en particulier à se battre pour eux à la prochaine Knesset ».
Les chiffres de l’INCC correspondaient à ceux d’un rapport annuel publié par l’Institut national d’assurance en décembre, selon lequel 469 400 familles totalisant 1,8 million de personnes étaient considérées comme vivant sous le seuil de pauvreté en 2018. Parmi ces personnes, quelque 841 000 étaient des enfants.
Les données, qui n’incluent pas Jérusalem-Est, montrent que le taux de pauvreté est passé de 19,4 % en 2017 à 20,4 % l’année suivante. Entre-temps, la pauvreté des enfants a augmenté de deux points de pourcentage, passant de 27,1 % à 29,1 %. La pauvreté chez les personnes âgées a également augmenté, passant de 17,2 % à 18,8 %.