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Analyse

« Une défaite existentielle majeure » qui expose la vulnérabilité de l’Iran

Selon les analystes, l'Iran n'a pas seulement échoué à stopper l'attaque sophistiquée d'Israël, mais il doit également faire face à des défis pour mettre en place une réponse adéquate, contre Israël ou les bases américaines

Un panneau d'affichage montrant des images de hauts commandants et scientifiques iraniens tués lors de frappes israéliennes tôt vendredi matin, à Téhéran, en Iran, le vendredi 13 juin 2025. (Crédit : AP Photo/Vahid Salemi)
Un panneau d'affichage montrant des images de hauts commandants et scientifiques iraniens tués lors de frappes israéliennes tôt vendredi matin, à Téhéran, en Iran, le vendredi 13 juin 2025. (Crédit : AP Photo/Vahid Salemi)

L’attaque israélienne contre l’Iran, dont Israël affirme qu’elle pourrait durer plusieurs jours, intervient à un moment d’extrême faiblesse pour Téhéran, avec des soutiens régionaux exsangues, une économie éreintée par les sanctions et peu d’options pour répondre militairement.

Les frappes placent Téhéran face à des choix cornéliens et constituent un coup d’arrêt brutal aux efforts diplomatiques en cours autour de son programme nucléaire.

« C’est une défaite existentielle majeure pour la République islamique, car elle expose la vulnérabilité cruciale de l’appareil militaire et de sécurité du régime ainsi que ses infrastructures clés, y compris nucléaires, ainsi que sa haute direction politique et militaire », explique à l’AFP Ali Fathollah-Nejad, directeur du groupe de réflexion berlinois Center for Middle East and Global Order (CMEG). « Tout cela vise, entre autres, à paralyser les capacités de commandement et de contre-attaque de Téhéran ».

En octobre et avril 2024, Israël avait déjà frappé l’Iran, parvenant notamment à atteindre des installations militaires.

Cette fois, son armée a visé directement le pouvoir iranien, éliminant le chef d’état-major de l’armée et celui des puissants Gardiens de la révolution. Et démontrant, au passage, l’efficacité des services de renseignement israéliens en Iran.

« Il semble s’agir d’une campagne ‘totale’, dont les conséquences seront profondes pour l’avenir de l’Iran et la stabilité de la région. Ce n’est que le début », prévient Danny Citrinowicz, de l’Institut national des études de sécurité de Tel-Aviv (INSS).

Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre l’installation iranienne d’enrichissement d’uranium de Natanz après avoir été frappée par des frappes aériennes israéliennes dans la nuit du 13 juin 2025. Les responsables de la défense israéliens ont estimé que les dégâts étaient importants. (Crédit : Capture d’écran X ; utilisée conformément à la clause 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Pour Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES), « le message, c’est de dire à tout le monde que personne n’est à l’abri, pas même le guide » suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, dont un haut conseiller a été blessé, selon des médias d’État iraniens.

Les alliés de l’Iran affaiblis 

Israël a simultanément ciblé le programme nucléaire iranien, en pleines négociations sur le sujet entre Washington et Téhéran : six scientifiques du programme sont morts et, selon Israël, la plupart des dirigeants de la force aérospatiale des Gardiens ont été tués.

Des médias locaux iraniens ont aussi fait état d’une nouvelle frappe sur le centre d’enrichissement d’uranium de Natanz (centre).

L’attaque intervient alors que la quasi-totalité des soutiens régionaux de l’Iran sont incapables de lui venir en aide.

Le groupe terroriste islamiste palestinien Hamas et le Hezbollah libanais ont été décapités. Et la Syrie post-Bachar al-Assad ne lui est plus favorable. Il ne reste, au sein de ce que Téhéran appelle « l’axe de la résistance », que les rebelles houthis du Yémen.

Mais eux-mêmes ont été encore récemment frappés, après plusieurs attaques américaines et britanniques ces derniers mois. Des navires lance-missiles de la marine israélienne ont également visé mardi le port yéménite de Hodeida.

L’Iran se retrouve donc à la fois très affaibli et condamné à répondre pour ne pas perdre toute légitimité.

Depuis un an, « un débat interne a eu lieu en Iran pour savoir si le pays avait commis une erreur stratégique en ne répondant pas de manière plus sévère aux attaques précédentes d’Israël », relève Ellie Geranmayeh, de l’ECFR (European Council on Foreign Relations).

Le peut-il seulement aujourd’hui? Il n’a probablement pas pu reconstituer un arsenal suffisant.

« Certaines sources américaines font état d’un stock probable autour de 2.000 missiles iraniens. Mais notre estimation, c’est que ce qui peut atteindre Israël ne dépasse pas 600-700 missiles », affirme Pierre Razoux.

L’option diplomatique en berne

A l’inverse, « les Israéliens ont probablement reconstitué leurs stocks de missiles intercepteurs et ont de quoi se défendre », ajoute-t-il, écartant les drones qui « ne feront pas la différence ».

Reste éventuellement l’option de frapper les intérêts américains dans la région. Mais les conséquences à terme d’une telle escalade seraient immenses.

A cette impasse stratégique s’ajoute un contexte intérieur désastreux pour l’Iran, dont l’économie est exsangue sous le poids des sanctions occidentales.

« La situation économique déjà était catastrophique l’été dernier, elle est cataclysmique aujourd’hui », affirmait en janvier un diplomate occidental. « L’Iran a un besoin gigantesque de levée des sanctions, de réformes, d’assainissement du système bancaire, d’investissements étrangers, de réouverture du pays ».

Un effondrement dont le président iranien Massoud Pezeshkian espérait sortir, justifiant la volonté de la République islamique de reprendre les pourparlers avec Washington sur son programme nucléaire.

Ces discussions étaient censées se poursuivre à Oman ce weekend, dans une atmosphère certes tendue: l’Iran s’est dit déterminé à augmenter de manière « significative » sa production d’uranium enrichi, annonçant la prochaine construction d’un nouveau site d’enrichissement.

Mais l’option diplomatique semble désormais plus éloignée que jamais.

« Il est hautement improbable que l’Iran poursuive les discussions », craint Ellie Geranmayeh. « Cette voie officielle pourrait désormais être mise en pause au profit d’une confrontation militaire ».

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