Une députée LFI accusée de « préjugés antisémites »
Après une question au gouvernement, Sylvie Ferrer a été accusée de "faire peser le soupçon de la double allégeance sur les Français juifs"
Sylvie Ferrer, députée La France insoumise – NUPES des Hautes-Pyrénées, a envoyé ce mardi une question écrite au ministère de la Justice au sujet de « la participation de Français aux programmes militaires israéliens et le soutien financier indirect à Tsahal ».
Sa question a suscité la colère de plusieurs responsables communautaires juifs français, dont Yonathan Arfi (CRIF), Simone Rodan-Benzaquen (AJC Europe) et Philippe Meyer (B’nai B’rith), qui ont accusé la députée de « faire peser le soupçon de la double allégeance sur les Français juifs ».
La députée Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance) a elle aussi condamné la formulation employée par sa collègue LFI dans sa question, dénonçant des « préjugés antisémites ».
Dans sa question au gouvernement, Sylvie Ferrer cite « Sar’El, Marva, Mahal, Garin Tsabar et Atouda, les cinq programmes permettant aux volontaires internationaux de s’engager au sein des forces armées israéliennes ».
Dans le Bingo des préjugés antisémites, la député LFI Sylvie Ferrer a touché le premier prix. Mention spéciale à l’utilisation au conditionnel « de l’antisémitisme persistant »
Honteux. https://t.co/nLxTDYQOME— Astrid Panosyan-Bouvet (@AstridPanosyan) October 3, 2023
« Même si ces chiffres sont à prendre avec précaution, il semblerait que les Français soient les plus nombreux à s’engager, représentant 43 % des volontaires, 90 % appartenant à des unités combattantes. Ces programmes font l’objet de publicité sur le territoire hexagonal comme lors de leur présentation le 26 mai 2017 à la grande synagogue de la Victoire à Paris par un officier de Tsahal », indique-t-elle. « Par ailleurs, il existe un certain nombre d’associations et de groupements de soutien qui permettent le transfert de dons français aux soldats de Tsahal. Ils bénéficient de par leur statut de déductions fiscales. La participation directe ou indirecte de Français aux manœuvres militaires au Levant interroge au vu des condamnations successives de l’État d’Israël par le droit international. »
Elle cite ainsi le Conseil de sécurité de l’ONU, qui a « émis un certain nombre de résolutions non respectées par l’État d’Israël […] et demandé à Israël de respecter ses obligations relatives à la convention de Genève ».
« Cet exemple illustre de manière forte la problématique de l’engagement (de près ou de loin) de Français dans les actes illégaux de l’armée régulière israélienne », estime-t-elle. « Pourtant, la France ne semble pas sur son propre territoire et avec ses propres moyens entamer la moindre action pour endiguer ce phénomène, lui qui prolifèrerait à cause de la présence d’un antisémitisme persistant dans le pays. »
La députée réclame ainsi de « connaître les mesures que le gouvernement compte mettre en place » au sujet de la « possibilité d’engagement dans les programmes militaires israéliens », au sujet « des défiscalisations de dons en soutien aux militaires de Tsahal », et au sujet « de la présence d’un antisémitisme réel en France ».
Sa demande n’a pas encore obtenu de réponse de la part du gouvernement.
Faire peser le soupçon de la double allégeance sur les Français juifs : voilà au fond le seul objectif de ce texte mensonger et truffé d'erreurs de la députée LFI Sylvie Ferrer.
L'obsession anti-Israël à l'extrême-gauche prend une nouvelle fois pour cible les Juifs de France et… pic.twitter.com/Yx4aWqNsJ5
— Yonathan Arfi (@Yonathan_Arfi) October 3, 2023
Si elle reste globalement peu impliquée sur la question du conflit israélo-palestinien, contrairement à certains de ses collègues tels Ersilia Soudais, Sylvie Ferrer avait, au printemps dernier, signé une tribune exigeant la libération de Georges Ibrahim Abdallah, terroriste libanais pro-palestinien, condamné à la perpétuité depuis 1986 et 1987 pour possession d’un faux passeport et complicité dans l’assassinat de deux diplomates israélien et américain.
Sylvie Ferrer, élue députée en juin 2022 dans la 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées, est la cheffe de file locale de La France insoumise et militante d’Attac. Agée de 55 ans, elle est une ancienne agente technique de l’aéronautique.
Son parti, la France insoumise, d’extrême gauche, est depuis longtemps accusé d’accointance avec l’antisémitisme, à la suite de nombreux faits troublants. Le dernier en date : alors que certains responsables de gauche ont reconnu que le rappeur français Médine avait tenu des propos antisémites, l’homme a tout de même été invité aux rentrées politiques des Ecologistes et de LFI.