Une députée veut savoir si Netanyahu a touché 1 M € du Français accusé de fraude
Protestant contre une 'odeur de corruption’, Ksenia Svetlova de l'Union sioniste demande au contrôleur d’Etat et au procureur général d’enquêter ; le Premier ministre a rejeté cette demande
Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël
Une demande a été faite pour que le procureur général d’Israël se penche sur les allégations selon lesquelles le Premier ministre Benjamin Netanyahu a accepté des dons du Français accusé de fraude, Arnaud Mimran, à hauteur de 1 million d’euros. Netanyahu a rejeté la demande.
« Nous avons reçu une demande d’une membre de la Knesset et elle sera abordée et traitée de la manière habituelle. Nous ne pensons pas qu’il soit recommandé d’en dire plus sur le sujet à l’heure actuelle », a déclaré un porte-parole du procureur général Avichai Mandelblit au Times of Israel, mercredi.
La demande a été déposée par la législatrice de l’Union sioniste, Ksenia Svetlova.
Le 19 mai, Arnaud Mimran, suspect central dans ce qui est connu en France comme l’escroquerie à la taxe carbone, et « l’escroquerie du siècle », a déclaré lors de son procès à Paris qu’il avait financé les dépenses personnelles et pour l’élection de Netanyahu à hauteur d’un montant de 1 million d’euros.
Selon Mimran, le don présumé a eu lieu en 2001. Netanyahu a immédiatement nié l’allégation.
Entre 2008 et 2009, le gouvernement français a perdu environ 1,8 milliard d’euros du fait d’une combine impliquant des fraudeurs achetant des crédits de carbone dans les pays de l’UE où aucune TVA n’était facturée, avant de les revendre en France tout en facturant les 19,6 % de TVA mais sans jamais rendre l’argent de cette taxe au gouvernement. Treize autres accusés ont été inculpés, et plusieurs d’entre eux ont fui en Israël plutôt que d’affronter un procès.
Dans un entretien plus tôt ce mois-ci, les enquêteurs de l’Autorité des marchés financiers français (AMF) ont déclaré au Times of Israel que plusieurs suspects en fuite dans l’escroquerie à la taxe carbone géraient désormais des entreprises frauduleuses de forex et d’options binaires qui ciblent les citoyens français depuis Israël.

Mimran est lui-même également sous le coup d’une enquête en France pour avoir enlevé et extorqué de l’argent à un banquier suisse.

Mercredi, un jour après que le contrôleur d’Etat, Yossef Shapira, a publié son rapport 2016, dans lequel il réprimandait Netanyahu pour avoir permis à des donateurs et des organisations privées de couvrir ses frais de voyage et ceux de sa famille, Svetlova a réitéré son appel à Shapira et à Mandelblit pour étudier d’éventuelles sources françaises de dons privés à Netanyahu.
Plus précisément, Svetlova a demandé aux organismes de surveillance du gouvernement, jeudi dernier, de se pencher sur le témoignage de Mimran selon lequel il aurait donné un million d’euros à Netanyahu.
« Si le témoignage de Mimran est vrai », a écrit Svetlova dans sa demande, « il constituerait une violation de premier plan de l’intégrité attendue d’un représentant élu, en particulier, du bureau du Premier ministre. »
Svetlova ajouté, « l’odeur de la corruption flotte loin et partout. Le contrôleur d’Etat a décidé, comme Netanyahu et ses avocats le savent, qu’il est illégal de collecter plus de 11 480 shekels (environ 2 700 euros) à partir d’un seul donateur pour une campagne à la Knesset et plus de 45 880 (environ 10 700 euros) pour une campagne pour être chef d’un parti ».
S’adressant au Times of Israel, Svetlova est allée plus loin.
« Si l’on soupçonne des actes criminels », dit-elle, « le Premier ministre devrait se suspendre pendant la durée de la procédure ».
Plusieurs dizaines de citoyens français échapperaient à la justice en se rendant en Israël. Comme le Times of Israel l’a rapporté en février, la France a envoyé à Israël au moins 70 demandes officielles d’entraide judiciaire pour des affaires impliquant des soupçons de fraude par des binationaux israélo-française. La coopération du côté israélien a été partielle.