Une expo met en parallèle les photographies au féminin d’hier et d’aujourd’hui
Des femmes photographes ayant marqué l'Histoire rencontrent leurs pairs contemporaines à Tel Aviv dans le cadre de l'exposition "20&20 – Un objectif qui leur est propre" de l'ANU
- Une photo de Hally Pancer, "Femmes égyptiennes" (de 1992) issue de la série "Les derniers Juifs d'Égypte", actuellement exposée dans le cadre de "20-20, A Lens of Her Own", une nouvelle exposition qui a ouvert ses portes le 5 juin 2025 au Musée du peuple juif de l'ANU (Crédit : Hally Pancer)
- Une photographie Vardi Kahana intitulée "Jonathan et Merav, les enfants de mon frère Zvika" (de 2004) actuellement exposée dans le cadre de "20-20, A Lens of Her Own", une nouvelle exposition qui a ouvert ses portes le 5 juin 2025 au Musée du peuple juif de l'ANU (Crédit : Vardi Kahana)
- "Arkadiusz et moi" une, photographie de Noa Sadka, prise à Varsovie, en Pologne, en 2003, actuellement exposée dans le cadre de "20-20, A Lens of Her Own", une nouvelle exposition qui a ouvert ses portes le 5 juin 2025 au Musée du peuple juif de l'ANU (Crédit : Noa Sadka)
- Une photographie de Naomi Harris, "Marie et Sonia au bord de la piscine", actuellement exposée dans "20-20, A Lens of Her Own", actuellement exposée dans le cadre de "20-20, A Lens of Her Own", une nouvelle exposition qui a ouvert ses portes le 5 juin 2025 au Musée du peuple juif de l'ANU (Crédit : Naomi Harris)
Des femmes photographes d’hier et d’aujourd’hui sont actuellement mises à l’honneur dans le cadre d’une nouvelle exposition intitulée « 20&20 — A Lens of Her Own: Pioneering and Contemporary Women Photographers » (20&20 — À travers leur objectif : photographes féminines pionnières et contemporaines).
L’exposition, qui a ouvert ses portes en date du 5 juin au Musée du peuple juif ANU, à Tel Aviv, et qui se terminera au mois de janvier 2027, offre un aperçu de l’Histoire de cet art, en Europe, entre les deux guerres mondiales, une époque où un groupe formé de femmes photographes juives était au sommet du monde de la photographie.
Selon Orit Shaham-Gover, la conservatrice de l’ANU, le domaine de la photographie artistique devait être dominé par les hommes après la Seconde Guerre mondiale.
L’exposition revisite la période de l’entre-deux guerres. Elle met en lien chacune des 20 photographes juives qui, à ce moment-là, dominait son art avec une photographe contemporaine – qui a ensuite choisi des images spécifiques saisies par ses prédécesseurs.
Chaque paire est présentée ensemble dans l’exposition, souvent avec des séries de clichés offrant un effet miroir en termes de contenu et d’imagerie.
« Certaines photos ont peut-être été prises il y a cent ans mais quand on les observe – comme celle de Jon [Polin] et de Rachel [Goldberg-Polin] – le regard dans leurs yeux est le même », déclare Shaham-Gover. Avishag Shaar-Yashuv, une photographe israélienne, a choisi une photo des parents de l’otage Hersh Goldberg-Polin, avant que ses ravisseurs du Hamas ne tuent leur fils alors qu’il était retenu en captivité dans un tunnel à Gaza.

Shaar-Yashuv a été associée à Juliette Pirotte, une photojournaliste polonaise qui avait documenté la résistance en France – elle même s’était impliquée dans le mouvement – pendant la Seconde Guerre mondiale, cachant un pistolet dans sa poche.
Les images de femmes et d’enfants prises par Pirotte trouvent un écho dans les photos prises par Shaar-Yashuv au cours des 20 derniers mois, avec des clichés qui montrent des femmes et des enfants évacués de la région frontalière de Gaza après l’attaque sanglante commise par le Hamas, le 7 octobre 2023.
« Cela montre comment l’Histoire se répète », s’exclame Shaar-Yashuv. « J’aimerais que Juliette puisse se tenir à côté de moi et me raconter ce qu’elle a vécu. Nous avons tellement de photos en commun, c’est fou à voir ».
L’exposition s’ouvre sur un hommage aux femmes photographes originales dont les clichés sont accrochés au mur. Un grand nombre de ces pionnières avaient vécu encore longtemps après la Seconde Guerre mondiale, souligne la conservatrice Michal Houminer.
Chaque photographe a son histoire, et des films qui sont intercalés entre les clichés exposés racontent le processus de conservation de chaque photographie.

Les contemporaines se sont senties liées à leurs prédécesseuses à travers leur travail – certaines en raison de petits détails, d’autres à cause de la signification plus large de la période dans laquelle elles ont été en activité.
Noa Sadka, photographe et chercheuse en photographie, décrit la manière dont elle a découvert les détails de la vie de Lou Landauer. Landauer était arrivée en Israël avant la création de l’État, en 1910, avant même qu’il n’existe un mot en hébreu pour désigner la photographie.
Tout comme Sadka, Landauer était attirée par la capture des petits détails dans ses photos : un rideau flottant au vent, un lézard rampant sur un chemin.
« Partout où je vais, je cherche les femmes », explique Gillian Laub, une photographe américaine contemporaine qui documente les femmes dans les zones de guerre et qui participe à l’exposition.

Dans l’exposition, elle est mise en lien avec Gisele Freud, photographe et sociologue franco-allemande d’origine juive qui a documenté les intellectuels et les icônes culturelles du 20e siècle à l’aide d’un appareil photo Leica. Freud a capturé des images de Frido Kahlo, de James Joyce et de Virginia Woolf, tandis que Laub a notamment photographié la célèbre photographe Annie Leibovitz et Imelda Marcos.
Yva – le pseudonyme professionnel d’Else Ernestine Neuländer-Simon, une photographe juive allemande basée à Berlin et réputée pour ses images oniriques à expositions multiples – a été associée à la photographe de mode Michal Chelbin. Toutes les deux sont connues pour utiliser des modèles au look inhabituel et des décors insolites.

« Elle est venue jusqu’à la mode par le biais de l’art, et j’ai moi aussi suivi un processus similaire », indique Chelbin. « Le lien s’est fait automatiquement ».
Lorsque Chelbin a découvert le destin d’Yva, la photographe berlinoise assassinée par les nazis dans un camp de concentration, elle s’est demandé si les Israéliens avaient été confrontés au même moment d’apocalypse. La photographe juive américaine Jill Greenberg, l’une des premières à avoir adopté l’imagerie numérique et Photoshop dans ses portraits, s’est associée à Lucia Moholy, qui avait également une vision différente de la photographie et dont le mari, László Moholy-Nagy, signait souvent ses œuvres.

« Les femmes photographes sont généralement marginalisées », explique Jill Greenberg, qui évoque certaines des critiques qu’elle a essuyées pour ses portraits magnétiques et plus grands que nature. « Être une femme, c’est comme être Juif. C’est plus facile de nous ignorer ou de nous détester ».
L’exposition comprendra des événements qui seront organisés en présence de certaines des photographes participantes, notamment Jill Greenberg, Gillian Laub, Elinor Carucci, Rachel Papo et Naomi Harris.
Pour plus d’informations sur les billets et les visites, rendez-vous sur le site de l’ANU.
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