Israël en guerre - Jour 496

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A une heure de Khan Younis, Hala reçoit une nouvelle vie

Le cœur brisé par la mort récente de sa fille et de son petit-fils dans une attaque de Tsahal, Haniyah Shaer a encore foi en les médecins israéliens

Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Hala Arada, âgée de deux ans,  avec sa grand-mère Haniyeh Shaer à l'hôpital Wolfson à Holon, le 12 août 2014. Hala a une maladie cardiaque congénitale et est traitée en Israël. Deux membres de sa famille ont récemment été tués dans un raid aérien israélien à Gaza. (Crédit : Sheila Shalhevet / Save a Child's heart)
Hala Arada, âgée de deux ans, avec sa grand-mère Haniyeh Shaer à l'hôpital Wolfson à Holon, le 12 août 2014. Hala a une maladie cardiaque congénitale et est traitée en Israël. Deux membres de sa famille ont récemment été tués dans un raid aérien israélien à Gaza. (Crédit : Sheila Shalhevet / Save a Child's heart)

La route de Khan Younis, au sud de Gaza, en direction du centre médical Wolfson à Holon, une banlieue de Tel Aviv, est agréable pour Haniyah Shaer et sa petite-fille de deux ans, Hala Aradha.

Un cessez-le-feu humanitaire de 72 heures dans l’opération Bordure protectrice a permis à la petite Hala de se rendre au rendez-vous biennal du service de cardiologie pédiatrique de l’hôpital. A 8 mois, Hala a subi une opération à Wolfson, souffrant d’une maladie cardiaque congénitale.

Après un rétablissement complet, mardi, elle est devenue la première patiente de Gaza à retourner à l’hôpital après l’opération terrestre israélienne, déclenchée le 17 juillet.

Hala est l’un des 300 enfants traités chaque année à Wolfson grâce à Save a Child’s Heart (SACH), une organisation à but non lucratif israélienne destinée à améliorer la qualité des soins cardiaques pédiatriques des enfants des pays en voie de développement.

Depuis sa création en 1995, SACH a fourni des soins à plus de 3 000 enfants âgés de 0 à 18 ans, la plupart venant d’Afrique et du Moyen-Orient arabe.

« C’était angoissant de venir ici, dans ces conditions », a déclaré Shaer au Times of Israel. « Si la situation était comme avant, avec la guerre et des missiles sur nos têtes, nous ne serions pas venues. Mais maintenant il y a un cessez-le-feu de trois jours et tout va bien. Les gens de Khan Younis circulent et le marché est ouvert. »

Shaer affirme que son quartier au centre-ville de Khan Younis n’a pas été affecté par l’opération israélienne, mais son visage raconte une histoire différente.

À une autre question, Shaer fond en larmes, expliquant que l’une de ses filles et son petit-fils avaient été tués deux semaines plus tôt dans un bombardement israélien.

Une deuxième petite-fille présente dans la maison a été touchée à l’est de Khan Younis, a été grièvement brûlée et transportée à l’hôpital Al-Maqasid à Jérusalem-Est.

« J’étais assise à côté d’elle à l’hôpital pendant dix jours » dit-elle.

Malgré sa douleur palpable, Shaer affirme qu’elle n’a pas hésité à ramener sa petite-fille pour un examen de routine en Israël. « Que pouvons-nous faire ? Quand un enfant ne peut pas être traité là-bas [à Gaza], ils l’envoient en Israël. Ils [les Israéliens] prennent bien soin d’elle. Ils nous traitent bien, sans aucune discrimination, Dieu merci. »

La grand-mère affirme qu’elle traverserait des mers pour Hala et son frère jumeau, nés de sa fille grâce à un traitement de FIV en Egypte après 16 ans de stérilité.

En plus d’opérer les enfants malades à travers le monde, Save a Child’s Heart forme aussi des médecins, des chirurgiens et du personnel médical de pays en voie de développement pour qu’ils puissent traiter les enfants sur place, dans le cadre du projet de « création de centres de compétence ».

Randi Weiss, directrice de leadership à SACH, déclare que le programme de formation à Wolfson a pour but de créer une solution durable pour le problème des enfants atteints de maladies cardiaques dans les pays en voie de développement.

« Près d’1 % des enfants dans le monde naissent avec une malformation cardiaque congénitale », note-t-elle. « Beaucoup d’entre eux ont besoin d’une chirurgie pour survivre. »

« Nous formons des équipes entières, de sorte que pas tous les enfants de Tanzanie n’aient besoin de voler ici pour les soins. Ils peuvent être traités par des médecins locaux dans leur hôpital local », précise Weiss.

Khaled Obeid, pédiatre de Salfit en Cisjordanie, est l’un des quatre stagiaires palestiniens en spécialisation actuellement à Wolfson. Il explique que le ministère de la Santé de l’Autorité palestinienne l’a envoyé à l’hôpital pour un programme de trois ans de spécialisation en cardiologie pédiatrique.

« Nous n’avons pas cette spécialité en Cisjordanie », déclare Obeid. « Travailler ici est excellent. »

Akiva Tamir, chef du service de cardiologie pédiatrique, supervise l’ensemble des opérations au Wolfson. Il raconte que lorsqu’il a commencé à travailler avec SACH il y a 18 ans, il était le seul cardiologue pédiatre pour l’ensemble de Gaza. « À l’époque, le niveau du diagnostic était faible. Cela ressemblait à un désert », observe-t-il.

Mais au fil des ans, le niveau de professionnalisme médical dans les territoires de l’Autorité palestinienne et à Gaza s’est amélioré.

« Il y a une communication positive avec les médecins à Gaza » dit-il. « Ils appellent régulièrement pour nous consulter, ils dirigent les patients, nous appelons pour nous renseigner à leur sujet. »

Tamir, qui se considère comme le porte-flambeau du programme créé par le médecin Ami Cohen de Wolfson, décédé en 2001, affirme que toute son équipe – indépendamment de l’orientation politique – partage la vision de collaboration médicale intrinsèque au SACH.

« Il est tout à fait naturel pour moi de traiter les patients palestiniens », dit-il. « Je souligne toujours qu’en tant que médecins, nous n’avons qu’une seule mission à laquelle nous nous engageons, aider les êtres humains. Nous ne faisons aucune distinction. »

Si Tamir doute que les années de traitement et de formation permettent de remédier au conflit politique sanglant entre Israéliens et Palestiniens, il se dit convaincu de leur effet sur les familles personnellement impliquées. Le niveau de confiance en les médecins israéliens des familles des patients palestiniens l’ont impressionné, dit-il.

« Ce n’est pas évident. Je ne serais pas à l’aise si je devais amener mon enfant à l’hôpital Shifa [à Gaza], même si mes amis prendraient très bien soin de lui », dit-il.

« Mais je ne suis pas sûr que ce soir la norme là-bas. »

« Je ne sais pas si ce que nous faisons a un effet global, historique, et pour être honnête je ne m’en soucie pas vraiment. Je me comporte comme je l’entends, comme un être humain et un Juif « .

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