Une théorie pour fustiger Israël sur les campus américains
Suivant la théorie de l’ «intersectionnalité» expérimentée il y a 25 ans, Israël est accusé dans les universités américaines d’imposer une « matrice oppressive imbriquée » aux Palestiniens entre autres

BOSTON – Des rassemblements de deux organisations nationales estudiantines se sont tenues sur les campus de l’université de Boston ce mois-ci pour exposer l’ « intersectionnalité » du sionisme avec d’autres formes d’oppression.
Au cours de la conférence d’Open Hillel à l’Université de Harvard en octobre, et du rassemblement des Etudiants pour la justice en Palestine (SJP) à l’Université Tufts, Israël a été condamné pour imposer une « matrice oppressive imbriquée » sur les Arabes, les Musulmans, les Chrétiens, les Juifs, les femmes, les enfants, les homosexuels, les handicapés et autres.
Inventée en 1989, la théorie sociologique féministe « intersectionnalité » était souvent évoquée dans l’étude des femmes noires, qui – selon la théorie – tirent leur forte identité de l’intersection entre le fait d’être femme et noire.
Plus récemment, les groupes anti-Israël ont adopté l’intersectionnalité pour dénoncer la soi-disante soumission et répression que fait subir le sionisme à ses nombreux détracteurs, dont les Juifs.
« Nos corps même perturbent le narratif sioniste », déclare Saed Atshan, conférencier au département d’études sur la paix et la justice de Tufts.
Participant à la conférence en tant que Palestinien gay, Atshan exige qu’Israël soit « décolonisé » de sa politique raciste. Il condamne également l’Etat juif pour avoir créé une société palestinienne en proie à des crimes d’honneur et à la persécution des homosexuels – toutes causées par l’intersection du sionisme avec la misogynie et l’homophobie, selon lui.
« Ne laissons pas les sionistes façonner le narratif des imperfections palestiniennes », déclare Atshan, qui a reçu une standing ovation de plus de 300 étudiants dans une salle de Tufts.
« Nous savons tous qu’Israël est un Etat d’apartheid qui doit être boycotté », ajoute Atshan.
Le professeur militant prétend qu’un tiers des membres du SJP sont juifs, et il cite le « programme Birthright Israël, profondément raciste et envahissant », comme un obstacle à la paix.
Atshan et d’autres intervenants ont utilisé la quatrième conférence annuelle du SJP pour appeler à une « solidarité réciproque» entre les groupes opprimés du monde entier.
Plus tôt ce mois-ci, la conférence d’Open Hillel Harvard comprenait également des appels pour une « organisation intersectionnelle. » Plus de 200 étudiants de tous les États-Unis y ont assisté.
Les dirigeants d’Open Hillel ont souligné – par exemple – le racisme présumé inhérent à la communauté juive américaine et la validité d’un boycott d’Israël. Les conférenciers ont également rejeté « la dogmatisation du pro-israélisme», dans laquelle les voix critiques d’Israël sont immédiatement taxées d’antisémitisme.
En plus de l’intersectionnalité et d’un pro-israélisme dogmatique, les dirigeants des deux conférences ont approuvé la stratégie d’«anti-normalisation» des relations avec Israël et ses partisans. La normalisation de l’existence d’Israël – selon leur argumentation- couvre les péchés originels du sionisme, et aide Israël à « coloniser la partie la plus intime de l’opprimé : son esprit. »
Après le conflit de Gaza cet l’été, les activités anti-israéliennes sur les campus américains sont en hausse d’environ 50 % par rapport à la même période l’an dernier, selon Jacob Baime, directeur exécutif d’Israel on Campus (ICC), basé à Washington.
Les chercheurs d’ICC ont recensé 318 «événements de détracteur unique» sur les campus jusqu’à ce semestre, comparativement à 203 l’année dernière. Un total de 120 campus ont été touchés par ces activités, par opposition à 76 en automne dernier.
En première ligne de la dénonciation d’Israël, le SJP, qui reçoit un financement et un soutien logistique des Musulmans américains pour la Palestine, une ramification de l’Association islamique de la Palestine, qui soutient le Hamas. La Ligue anti-diffamation appelle le SJP « la principale organisation fournissant une formation et une éducation antisionistes aux étudiants. »
Si peu de leaders étudiants pro-israéliens veulent interdire l’expression politique sur le campus, la plupart des allégations du SJP sont destructrices pour le discours estudiantin et les perspectives de paix au Proche-Orient.
Selon le pro-Israël StandWithUs, plusieurs dirigeants du SJP ont ouvertement soutenu le terrorisme contre des civils israéliens, dont un membre de son comité de direction, Ahmad Aburas, défenseur actif du Hamas sur les médias sociaux, et Mohammad Desai, chef de file du BDS, connu pour avoir défendu les manifestants qui criaient « shoot the Jew » (tuez le Juif).
Selon la militante pro-Israël Rachel Wolf, de l’American University, les étudiants pro-israéliens doivent se connecter avec d’autres groupes de leur acabit sur le campus. Tandis que les détracteurs d’Israël prennent de l’ampleur grâce à des stratégies comme l’intersectionnalité, les partisans de l’Etat juif doit être moins insulaires dans leur propre approche, selon elle.
« Les fraternités et les sororités sont un ensemble de clés de soutien à Israël sur mon campus », dit Wolf. « Le travail de tout groupe pro-Israël sur le campus devrait se concentrer sur l’éducation et l’effort pour s’allier avec d’autres groupes, » dit-elle.
Puisque les universités continueront d’abriter des groupes comme le SJP, les étudiants sionistes doivent sortir des sentiers battus, observe Noam Gilboord du Israel Action Network, une initiative des Fédérations juives d’Amérique du Nord.
« Il y a tellement de possibilités pour les étudiants pro-Israël de collaborer avec d’autres groupes et d’établir des relations », a déclaré Gilboord, qui était président de l’Université de Toronto au cours de la première Semaine contre l’apartheid israélien de Hillel Toronto en 2005.
« Les Campus Hillel ont un rôle important à jouer dans la création de supports créatifs et organisés d’enseignement aux Juifs et aux non-Juifs sur le judaïsme et Israël », reconnaît Gilboord. « C’est la seule manière de changer l’opinion des gens sur Israël, » conclut-il.
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