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Une UE entravée peut-elle tenir sa promesse de se battre contre le racisme et l’antisémitisme ?

Malgré de beaux discours, le sectarisme dormant s’éveille à nouveau en Europe, faisant se demander aux juifs si l’Union est capable de l’éradiquer

La Premier ministre britannique Minister Theresa May, à gauche, et la Chancelière allemande Angela Merkel pendant une conférence de presse suite à leur rencontre à la chancellerie, à Berlin, le 20 juillet 2016. (Crédit : Sean Gallup/Getty Images/via JTA)
La Premier ministre britannique Minister Theresa May, à gauche, et la Chancelière allemande Angela Merkel pendant une conférence de presse suite à leur rencontre à la chancellerie, à Berlin, le 20 juillet 2016. (Crédit : Sean Gallup/Getty Images/via JTA)

JTA – Quand Richard von Coudenhove-Kalergi, aristocrate austro-hongrois décédé, assistait à la messe le Vendredi Saint, son père déclenchait une scène connue, tempêtant quand la liturgie en arrivait à l’exhortation antisémite, « Prions aussi pour les juifs infidèles. »

Une telle protestation était inhabituelle dans l’Empire austro-hongrois du 19e siècle, où l’antisémitisme et d’autres formes de racisme étaient de rigueur. Mais le vieux Comte, ami personnel de la légende sioniste, Theodor Herzl, abhorrait de tels préjugés, en partie parce que son épouse, la mère de Richard, était japonaise.

Elevé dans un foyer multiculturel, Richard von Coudenhove-Kalergi a fait du combat contre l’antisémitisme une pierre angulaire du mouvement paneuropéen qu’il a fondé en 1926. C’était un précurseur majeur de l’Union européenne (UE), qui a évolué en entité quasi fédérale de 28 états [27 bientôt] avec ses propres branches exécutive, la Commission européenne, parlementaire et judiciaire.

Peu s’étonnaient alors que des juifs influents comme Albert Einstein et Sigmund Freud soutiennent la vision paneuropéenne du noble depuis son commencement. Ils y voyaient un antidote au nationalisme et à la haine raciste qui ont culminé pendant la Deuxième Guerre mondiale et l’Holocauste.

Déterminées à empêcher la récurrence d’évènements si traumatisants, les sociétés européennes d’après-guerre se sont ouvertes à l’adoption du révolutionnaire modèle de gouvernement paneuropéen.

Traditionnellement, les juifs ont été très partisans de l’incarnation de la vision de von Coudenhove-Kalergi : l’Union européenne, avec ses discours et programmes fortement anti-racistes. Mais l’influence croissante des xénophobes du pays, les échecs de l’intégration et le ciblage perçu d’Israël par Bruxelles ont désillusionné beaucoup des faiseurs d’opinion juifs.

Des milliers de manifestants anti-Brexit défilent pour appeler la Grande-Bretagne à rester dans l'Union européenne, à Londres, le 2 juin 2016. (Crédit : capture d'écran YouTube)
Des milliers de manifestants anti-Brexit défilent pour appeler la Grande-Bretagne à rester dans l’Union européenne, à Londres, le 2 juin 2016. (Crédit : capture d’écran YouTube)

Ces attitudes juives contradictoires ont été exposées pendant le débat polarisé qui a eu lieu au Royaume-Uni pur le référendum du dernier mois sur la sortie britannique de l’UE, ou Brexit, selon Geoffrey Alderman, historien et ancien membre du conseil des députés britanniques juifs.

« Il y a une croyance selon laquelle les juifs sont un peuple très cosmopolite et paneuropéen, dont on aurait pu attendre qu’ils montrent un large soutien à l’idée de l’UE », a-t-il déclaré. Mais en Grande-Bretagne, « les juifs influents favorisaient la sortie [de l’UE], a dit Alderman, qui a lui-même fait partie des 52 % de votants britanniques du référendum du 23 juin qui ont soutenue la sortie.

‘Les juifs influents favorisaient le Brexit’

Les institutions de la communauté juive britannique sont restées neutres sur le sujet, alors que beaucoup d’intellectuels juifs affirmaient que le désir de partir était né de la xénophobie, de l’ignorance et du déferlement risqué d’une vague de nationalisme et d’instabilité économique au Royaume-Uni et au-delà. Le sociologue britannique et juif David Hirsh, éditorialiste pour les Jewish News de Londres, a souligné la « liberté de mouvement, liberté de travailler où vous le choisissez et liberté de marché » permise par l’UE.

De fortes déclarations sur le besoin de combattre l’antisémitisme par certains des responsables de l’UE ont également étayé le soutien juif.

« S’il n’y a pas de futur pour les juifs en Europe, alors il n’y a pas de futur pour l’Europe », a déclaré l’année dernière Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission européenne.

Robert-Jan Smiths, directeur de la Commission européenne, a déclaré en 2011 que « l’Europe actuelle est née des cendres des crématoriums d’Auschwitz. »

Miroslaw Celka, survivant d'Auschwitz, a rendu hommage à ses camarades tombés au "mur de la mort", lieu d'exécution de l'ancien camp d'extermination d'Auschwitz, à Oswiecim, en Pologne, au 70e anniversaire de la libération du camp nazi, le 27 janvier 2015. (Crédit : AFP/Odd Andersen)
Miroslaw Celka, survivant d’Auschwitz, a rendu hommage à ses camarades tombés au « mur de la mort », lieu d’exécution de l’ancien camp d’extermination d’Auschwitz, à Oswiecim, en Pologne, au 70e anniversaire de la libération du camp nazi, le 27 janvier 2015. (Crédit : AFP/Odd Andersen)

Et Martin Schluz, président du Parlement européen, a déclaré cette année : « amis juifs, nous sommes avec vous contre ceux qui répandent la haine. L’Europe est votre foyer aujourd’hui, tous les jours et pour toujours. »

Mais les détracteurs juifs de l’UE disent qu’elle est incapable de soutenir ses paroles avec des actes ; une raison, selon Alderman, de pourquoi tant de ‘Brexiters’ juifs étaient ouverts à la sortie.

‘S’il n’y a pas de futur pour les juifs en Europe, alors il n’y a pas de futur pour l’Europe’

Pendant les premières décennies traumatisées après la Deuxième Guerre mondiale, l’antisémitisme était « présent mais pas ouvertement » dans les pays fondateurs de l’UE, à l’ouest du continent, a déclaré Alderman. « Mais l’antisémitisme a le sommeil léger, et l’UE n’a pas réussi à créer les conditions sociopolitiques » permettant de ne pas le réveiller, a-t-il ajouté.

Ce réveil a libéré la résurgence des discours et des violences antisémites en Europe occidentale. Il a été mené par les musulmans, qui ont été invités à y immigrer comme main-d’œuvre peu coûteuses sur la promesse que les pays les intégreraient et les adopteraient, et en faisant l’hypothèse que les immigrants s’intégreraient et adopteraient les valeurs européennes d’après-guerre.

Des millions de musulmans ont fait tout simplement cela, mais les jihadistes qui ont grandi dans ces communautés ont tué plus de 300 personnes dans des attentats terroristes depuis 2012 uniquement, dont 12 pendant trois attaques contre des cibles juives en France et en Belgique.

Parallèlement, des états membres de l’UE d’Europe de l’Est comme la Lettonie, la Lituanie et la Hongrie célèbrent l’héritage des collaborateurs nazis qui ont participé à l’Holocauste. Des partis xénophobes de l’est et de l’ouest atteignent des sommets de popularité au Parlement européen, la branche législative de l’institution mise en place pour empêcher de telles tendances de prendre le pouvoir.

Les eurosceptiques juifs affirment qu’il serait plus facile d’affronter de tels défis à un niveau national. Les partisans de l’UE, dont Hirsh, disent que ces gageures exigent que les sociétés européennes doublent la mise sur les idéaux fédéraux.

Loin d’ignorer le problème de l’antisémitisme, disent les défenseurs de l’UE, des responsables européens ont promis de le combattre.

‘Les juifs sont à nouveau tués parce qu’ils sont juifs’

« Il est inacceptable que les juifs soient réticents à porter leurs habits traditionnels et leurs symboles religieux en public parce qu’ils ont peur, a déclaré Schulz en janvier. Les juifs sont à nouveau tués parce qu’ils sont juifs. Nous combattrons les démons de l’antisémitisme, de l’ultranationalisme, de l’intolérance. »

L’UE a pris quelques mesures concrètes pour parvenir à cela, dont l’inauguration en mai d’un code de conduite sur le discours de haine sur internet en partenariat avec Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft.

Mais en 2013, l’UE a érodé sa propre crédibilité auprès de beaucoup sur ce sujet en abandonnant la seule définition qu’elle avait de l’antisémitisme après les objections de critiques palestiniennes sur l’inclusion d’une clause sur la diabolisation de l’Etat d’Israël. Actuellement, l’agence européenne pour combattre le racisme a déclaré être incapable de définir l’antisémitisme et que le concept n’avait pas besoin de définition.

Les critiques, dont Alderman, ne sont pas d’accord.

La décision d’abandonner la définition de travail de l’antisémitisme « nuit à la crédibilité de l’Union européenne sur son désir de combattre le racisme antisémite », a déclaré Shimon Samuels, citoyen britannique habitant à Paris qui dirige le bureau européen du centre Simon Wiesenthal.

En Grande-Bretagne, un ardent défenseur de l’UE, le rabbin David Rose de la Congrégation hébraïque d’Edinburgh, a tracé un parallèle entre l’ambivalence des Européens envers l’UE et la réticence des Hébreux à faire confiance à Dieu après qu’Il les a faits sortir d’Egypte et guidé dans le désert du Sinaï.

Finalement, a dit Rose, Dieu a abandonné le peuple qu’il avait secouru, et décider de construire son Peuple élu à partir de leurs enfants, nés pendant les 40 ans d’errance.

« Peut-être que dans cette analogie, nous sommes dans l’errance, et que notre travail est d’élever une génération digne de la Terre promise », a-t-il déclaré.

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