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US : Une professeure juive dit avoir été renvoyée suite à ses publications anti-sionistes

L'Université Muhlenberg de Pennsylvanie fait l'objet d'une enquête fédérale en vertu du Titre VI après que l'activisme anti-Israël de Maura Finkelstein a conduit à son licenciement

Maura Finkelstein affirme avoir été licenciée par l'Université Muhlenberg de Pennsylvanie, où elle était titulaire, à cause de ses publications anti-Israël sur les réseaux sociaux. (Crédit : Maura Finkelstein/via JTA ; Getty Images)
Maura Finkelstein affirme avoir été licenciée par l'Université Muhlenberg de Pennsylvanie, où elle était titulaire, à cause de ses publications anti-Israël sur les réseaux sociaux. (Crédit : Maura Finkelstein/via JTA ; Getty Images)

JTA – Une importante organisation du corps professoral universitaire fait pression sur l’Université Muhlenberg pour qu’elle explique le licenciement d’une professeure juive anti-sioniste titularisée pour « conduite liée aux préjugés » à cause d’une publication Instagram qui encourageait à « faire honte aux sionistes. »

La décision d’une faculté d’arts libéraux de Pennsylvanie de licencier Maura Finkelstein, qu’elle n’a pas reconnue publiquement, est intervenue après des mois d’examen minutieux autour de son activisme anti-sioniste, et de plaintes d’étudiants et de professeurs juifs sur le campus. Ces plaintes ont abouti à l’ouverture d’une enquête fédérale en vertu du Titre VI à l’encontre de l’établissement universitaire.

Dans une lettre datée de mardi, l’Association des professeurs des universités américaines (AAUP) a fait savoir à l’université qu’elle insistait sur le cas de Finkelstein. Elle a publié la lettre sur son site jeudi, le jour même où The Intercept, un site d’information très critique à l’égard d’Israël, a publié un article alléguant que Finkelstein était devenue le premier professeur titulaire à être licenciée pour cause d’activisme anti-Israël.

« Ce licenciement soulève de graves inquiétudes quant à la liberté académique à Muhlenberg », a estimé l’AAUP dans sa lettre. L’organisation accuse en outre l’université de ne pas avoir respecté les procédures régulières pour licencier un professeur titulaire.

Selon la lettre de l’AAUP, une enquête menée à Muhlenberg a recommandé début mai que Finkelstein soit licenciée « pour un motif valable ». L’établissement lui a dit que son emploi prendrait fin le 31 mai et son appel a été récemment rejeté, selon la lettre.

Les représentants de Muhlenberg n’ont pas répondu à une demande de commentaire de la JTA, tout comme Finkelstein. Le nom de la titulaire a été retiré du site de l’université au cours du mois dernier, selon les archives conservées par l’Internet Archive.

Un panneau à l’Université Muhlenberg, à Allentown, en Pennsylvanie. (Crédit : Matt Rourke/AP)

« Si je peux être licenciée pour avoir critiqué un gouvernement étranger, attiré l’attention sur un génocide et utilisé mon expertise académique en tant qu’anthropologue pour attirer l’attention sur la manière dont le pouvoir fonctionne, alors personne n’est à l’abri », a déclaré Finkelstein au site d’information Inside Higher Ed dans un communiqué envoyé par courriel vendredi.

« Je n’ai pas été licenciée pour ce que j’ai dit en classe. J’ai été renvoyée à cause d’une accusation portée par un étudiant que je n’avais jamais rencontré, et [à qui j’ai] encore moins enseigné, qui avait examiné mes comptes de réseaux sociaux pendant des mois. »

« Il ne s’agit pas de la sécurité des étudiants, mais de faire taire les dissidents. Nous assistons à un nouveau maccarthysme et nous devrions tous être terrifiés par ses implications », a-t-elle estimé.

Selon Inside Higher Ed, Finkelstein poursuit un appel supplémentaire et perçoit toujours un salaire de Muhlenberg.

Des militants anti-Israël portant des keffiehs alors que des étudiants et des professeurs de l’Université Drexel et de l’Université de Pennsylvanie érigent une enceinte pour protester contre Israël dans le cadre de la guerre avec le Hamas à Gaza, sur le campus de UPenn, à Philadelphie, en Pennsylvanie, le 25 avril 2024. (Crédit : Matthew Hatcher/AFP)

Finkelstein a attiré l’attention du public pour la première fois à la fin du mois d’octobre, peu après le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien, et la guerre qui s’en est suivie à Gaza, lorsque des diplômés pro-Israël de Muhlenberg ont lancé une pétition en ligne appelant à son renvoi. La pétition, qui compte aujourd’hui plus de 8 000 signatures, citait ses messages sur les réseaux sociaux peu après les massacres du 7 octobre, lorsque quelque 6 000 Gazaouis dont 3 800 terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël, tué plus de 1 200 personnes, principalement des civils, enlevé 251 otages de tous âges, et commis de nombreuses atrocités et en utilisant la violence sexuelle comme arme à grande échelle. Le message de Muhlenberg critiquait la collecte de fonds par les étudiants en faveur d’Israël et déclarait : « Les étudiants collectent des fonds pour le génocide. »

Elle a été suspendue en janvier, selon des informations parues dans le journal étudiant, entre autres. C’est également en janvier que le ministère américain de l’Éducation a ouvert son enquête en vertu du Ttitre VI sur Muhlenberg pour discrimination liée à l’ethnicité ou à l’ascendance partagée, enquête qui se poursuit.

L’enquête portait uniquement sur Finkelstein, selon la lettre qui l’a déclenchée et qui renvoie à la pétition Change.org appelant à son licenciement.

Professeure d’anthropologie à Muhlenberg, titulaire d’un doctorat de l’Université de Stanford et titularisée en 2021, Finkelstein n’étudie pas le Moyen-Orient, mais est une militante anti-Israël convaincue depuis peu après l’assaut barbare et sadique du Hamas du 7 octobre. Ses recherches se concentrent sur l’anthropologie urbaine et médicale, selon sa page sur le site de la faculté désormais supprimée.

Des maisons incendiées au kibboutz Beeri, le 11 octobre 2023. (Crédit : Lazar Berman/Times of Israel)

En novembre, elle a rédigé un essai intitulé « Recentrer le Hamas », dans lequel elle mettait en doute le fait que celui-ci constitue un groupe terroriste ; elle y affirme qu’Israël, et non le Hamas, est « le premier groupe terroriste en cause » ; nie les articles fondés sur des preuves selon lesquels des terroristes du Hamas ont violé des femmes le 7 octobre, ainsi que les articles selon lesquels le groupe terroriste palestinien utilise les hôpitaux de Gaza comme centre pour ses opérations terroristes ; et affirme – contrairement à une litanie de preuves – que « les témoignages oculaires de survivants israéliens montrent qu’au contraire, les attaques aveugles d’Israël sont probablement responsables de la majorité de ces victimes ».

La décision de Muhlenberg de licencier Finkelstein reposait sur son activité sur les réseaux sociaux, plus précisément sur un message qu’elle a partagé et qui appelait à « faire honte aux sionistes, à ne pas les accueillir dans vos espaces, à les mettre mal à l’aise, à ne pas normaliser les sionistes, à les traiter de racistes et à ne pas permettre aux sionistes d’occuper l’espace ». Dans la pétition en ligne, d’anciens élèves de Muhlenberg ont également allégué que Finkelstein avait harcelé en ligne des étudiants et des anciens élèves pro-Israël.

Selon la lettre de l’AAUP, un panel de Muhlenberg a déterminé en mai que ses publications avaient violé le code de conduite de l’université et a recommandé qu’elle soit licenciée.

La décision de la licencier a suscité l’inquiétude de l’AAUP, qui a récemment assoupli sa position de longue date contre les boycotts universitaires, alors que les appels au boycott d’Israël par les universités se sont multipliés.

Des étudiants anti-Israël manifestant dans un campement sur le campus de l’Université du Michigan, à Ann Arbor, le 28 avril 2024. (Crédit : Jeff Kowalsky/AFP)

« Outre le discours extra-muros, le cas du Pr. Finkelstein présente d’autres questions susceptibles d’intéresser nos membres et la communauté universitaire dans son ensemble », a écrit Anita Levy, directrice principale des programmes de l’AAUP, dans la lettre adressée mardi à la présidente de Muhlenberg, Kathleen Herring. Elle a ajouté que l’AAUP convoquerait son propre panel pour enquêter plus en détail sur le cas de Finkelstein.

« Il s’agit notamment de savoir si l’expression d’une opposition au sionisme ou au gouvernement d’Israël peut être assimilée à de l’antisémitisme, à de la discrimination et à du harcèlement d’étudiants ; comment le respect des exigences en matière d’égalité des chances sur un campus recoupe les politiques institutionnelles régissant la liberté académique, les procédures régulières et la gouvernance des facultés ; et dans quelle mesure la controverse découlant de la guerre à Gaza peut affecter les conditions du campus en matière de liberté académique et de procédures régulières », a poursuivi Levy.

Sur le réseau social X, où Finkelstein a partagé jeudi des photos d’une manifestation anti-Israël à New York, où l’on pouvait également voir des drapeaux libanais et entendre des slogans tels que « De la rivière à la mer », la professeure a félicité The Intercept pour l’article qu’il lui avait consacré.

« Soit vous vous tenez aux côtés des personnes opprimées et luttez pour la justice et la libération, soit vous vous alignez sur le pouvoir & luttez au service de la suprématie blanche et du fascisme », a écrit Finkelstein .

Jeudi également, le rédacteur en chef de l’American Anthropologist, la revue de l’American Anthropological Association, a annoncé que Finkelstein avait rejoint l’équipe en tant que rédactrice en chef adjointe. L’en-tête de la page d’accueil la présente comme une chercheuse indépendante – la seule parmi plus d’une dizaine à ne pas avoir d’affiliation institutionnelle.

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