USA : Ilhan Omar, pro-BDS, entre aux Affaires étrangères de la Chambre
Après avoir dit qu'Israël "a hypnotisé le monde", la Démocrate du Minnesota a expliqué qu'elle utilisera son poste pour enquêter sur l'influence des lobby étrangers
Eric Cortellessa couvre la politique américaine pour le Times of Israël
WASHINGTON — La représentante Démocrate du Minnesota Ilhan Omar — qui soutient le mouvement de boycott anti-israélien (BDS) et qui a dit un jour que l’Etat juif « a hypnotisé le monde » – a été nommée à la puissante commission des Affaires étrangères de la Chambre, jeudi.
Ce poste – elle a été choisie par la présidente de la Chambre Nancy Pelosi – va offrir à une critique véhémente d’Israël une voix et un vote au sein de ce panel qui supervise les politiques étrangères américaines et les aides versées à l’étranger.
La toute nouvelle législatrice Démocrate a annoncé sa nouvelle fonction sur Twitter, disant que cette dernière lui permettait d’intégrer un groupe « chargé de contrôler toutes les aides étrangères, la sécurité nationale affectant la politique étrangère du pays, les traités, les pouvoirs en termes de guerre et de maintien de la paix ».
Si elle n’a pas mentionné Israël, elle a néanmoins fait part de son désir de travailler à fondamentalement modifier la relation entretenue par les Etats-Unis avec un autre allié du Moyen-Orient.
« Nous devons enquêter sur la manière dont les gouvernements étrangers et leurs groupes de pression ont violé nos lois », a-t-elle expliqué. « Et nous devons réduire nos ventes d’armes à des pays qui contreviennent aux droits de l’Homme, comme l’Arabie saoudite.
I finally have committee assignments and I am excited ????
1st choice- House Foreign Affairs Committee:
The Foreign Affairs Committee oversees all foreign assistance, national security affecting the country’s foreign policy, treaties, peacekeeping and war powers.
— Ilhan Omar (@IlhanMN) January 17, 2019
Alors qu’elle fait partie des deux membres du Congrès qui apportent leur soutien à la campagne BDS (Boycott, Divestment and Sanctions) contre Israël, Omar a accusé le pays de commettre des actions « malfaisantes ». En 2012, pendant le conflit qui avait opposé l’Etat juif au Hamas à Gaza, elle avait tweeté : « Israël a hypnotisé le monde, qu’Allah puisse les réveiller tous et les aider à voir les actions malfaisantes commises par Israël #Gaza #Palestine #Israel.”
Mercredi, Omar a semblé défendre le tweet et d’autres points de vue anti-israéliens qu’elle avait exprimés. « Ce qui est réellement important pour moi, c’est que les gens reconnaissent qu’il y a une différence entre critiquer l’action militaire d’un gouvernement qui a mis en oeuvre des politiques véritablement oppressives ou se montrer offensante, attaquer une religion en particulier », a-t-elle déclaré à la correspondante de CNN Christiane Amanpour.
Omar, réfugiée d’Ethiopie née en Somalie, fait partie d’une nouvelle vague de nouveaux Démocrates entrés au Capitole américain à l’issue des élections de la mi-mandat de 2018, lors desquelles les Démocrates ont gagné 40 sièges à la Chambre. Aux côtés de la Démocrate du Michigan Rashida Tlaib, elle est l’une des deux membres du Congrès à soutenir le mouvement BDS.
La désignation d’Omar au sein de la commission des Affaires étrangères a été immédiatement dénoncée par certains critiques, qui ont expliqué que ses déclarations anti-israéliennes s’apparentaient à de l’antisémitisme.
« La représentante Ilhan Omar vient tout juste de remettre une couche sur son affirmation selon laquelle’Israël ‘a hypnotisé le monde’, qualifiant son attitude de ‘malfaisante’, » a écrit sur Twitter Ronna McDaniel, à la tête du Comité national républicain. « Mais au lieu de la dénoncer, les responsables démocrates la récompensent en lui octroyant un siège à la commission des Relations étrangères ».
Rep. Ilhan Omar just doubled down on her claim that “Israel has hypnotized the world,” calling its behavior “evil.”
But instead of denouncing it, Democrat leadership rewarded her with a spot on the House Foreign Relations Committee. pic.twitter.com/gyGvb0Pnqt
— Ronna McDaniel (@RonnaMcDaniel) January 17, 2019
Le groupe libéral J-Street, opposé au mouvement BDS, a défendu le nouveau poste d’influence d’Omar.
« A un moment où il y a plus de personnes déplacées dans le monde que cela n’a jamais été le cas et où l’administration Trump leur a tourné le dos, je pense personnellement que c’est une chose positive de voir @IlhanMN, venue aux Etats-Unis comme réfugiée, obtenir un siège à la commission des Affaires étrangères, a écrit sur Twitter Jeremy Ben Ami, président de l’organisation.
« Sincèrement, certains commentaires que j’ai vus au sujet de la nomination d’@ilhanMN’s sont répugnants », a-t-il ajouté. Je suis en désaccord avec sa position concernant BDS. Mais les diffamations disant qu’elle serait antisémite – ou les suggestions qu’elle ne serait pas, d’une manière ou d’une autre, capable de siéger à la commission – sont tout simplement fausses ».
La commission des Affaires étrangères de la Chambre est la première instance au sein de la Chambre des représentants chargée de la supervision de la politique étrangère de l’exécutif et de la législation en termes de politique étrangère. Ce qui signifie que la relation entretenue par Washington et Israël relèvera de ses compétences.
Le groupe pourrait aussi rapidement avoir à gérer une législation concernant l’aide militaire de 3,8 milliards de dollars accordée chaque année à l’Etat juif dans le cadre d’un accord conclu en 2016 entre l’administration Obama et le gouvernement Netanyahu.
Les députés de la Chambre s’efforcent actuellement de faire adopter une loi qui viendrait codifier ce protocole d’accord en une loi fédérale.
Le texte n’avait pas été adopté lors du dernier Congrès mais ses partisans ont commencé à préparer son adoption dans le nouveau – qui s’est réuni il y a quelques semaines – et ils ont d’ores et déjà présenté le texte à la Chambre.