Wafa accuse Jérusalem d’avoir démoli la boulangerie de la famille d’un terroriste
La municipalité nie avoir eu connaissance de tout lien entre le bâtiment et les proches d’Udai Tamimi, évoquant des ordres de démolition émis en 2014 pour un bâtiment en ruines

Les médias officiels palestiniens ont accusé, lundi, la municipalité de Jérusalem d’avoir démoli une boulangerie située à l’extérieur du camp de réfugiés de Shuafat, à Jérusalem-Est, en représailles contre la famille du terroriste qui a abattu une soldate israélienne le mois dernier.
La municipalité a nié toute accusation, assurant ignorer que le bâtiment avait été loué par la famille du terroriste, Udai Tamimi, et rappelant que des ordres de démolition avaient été émis dès 2014.
Tamimi a abattu Noa Lazar, soldat de Tsahal, lors d’une fusillade survenue à un poste de contrôle à l’entrée du camp de réfugiés de Shuafat, le 8 octobre dernier.
Après une chasse à l’homme de près de 11 jours qui a impliqué la fermeture des accès au camp, Tamimi a finalement été tué alors qu’il tentait de faire de nouvelles victimes, cette fois à l’entrée de l’implantation de Maale Adumim en Cisjordanie.
Dans une information publiée après la démolition du bâtiment, l’agence de presse officielle de l’Autorité palestinienne, Wafa, a indiqué que l’absence de permis de construire n’était qu’un prétexte pour démolir le bâtiment, et qu’il s’agissait avant tout d’infliger une « punition ».
Pendant le bouclage du camp, des voix se sont élevées, notamment au sein du parti arabe de la Knesset, pour dénoncer des mesures vécues comme autant de « punitions collectives ». Les membres de la famille du terroriste ont accusé Israël de les avoir pris pour cibles.

Le père d’Udai Tamimi, Kamal Tamimi a déclaré à Al-Jazeera qu’il n’avait pas eu connaissance des projets de son fils, mais qu’il était « fier de lui ».
Il a par ailleurs affirmé que sa maison et celles d’autres membres de sa famille avaient fait l’objet d’interventions quotidiennes suite à l’attentat.
La mère d’Udai Tamimi aurait été interpellée immédiatement après la fusillade au poste de contrôle de Shuafat, puis placée en résidence surveillée jusqu’au 25 octobre moyennant une caution de 3 000 shekels.
Kamal Tamimi a, pour sa part, déclaré que des membres de sa famille et lui-même avaient reçu des menaces de démolition de leur maison, ainsi que de la boulangerie familiale, qui était la principale source de revenus d’un grand nombre d’entre eux.

Il n’est pas rare que l’armée détruise la maison de terroristes. Israël défend cette pratique controversée, consistant à raser le domicile des terroristes pour dissuader d’autres passages à l’acte.
Au fil du temps, des autorités militaires en sont venues à remettre en cause l’efficacité de cette pratique, que les militants des droits de l’homme dénoncent comme une punition collective injuste.
Jusqu’à présent, ces démolitions sont toujours opérées par l’armée et ne concernent pas les bâtiments commerciaux.
La municipalité de Jérusalem a nié avoir voulu s’en prendre à cette famille, déclarant au Times of Israel qu’elle n’avait aucune idée que le magasin de 110 mètres carrés était loué à des membres de la famille Tamimi et que l’ordre de démolition était conforme aux procédures municipales.
Des images communiquées par la mairie de Jérusalem au Times of Israel montrent le bâtiment, manifestement abandonné, au moment de l’arrivée des équipes de démolition.
La municipalité a déclaré que l’ordre de démolition avait été émis en 2014 et que le bâtiment avait été abandonné depuis longtemps. Elle n’a pas souhaité que les photos soient publiées.
Sur un cliché pris à l’intérieur du bâtiment sur le point d’être rasé, on distingue ce qui s’apparente à un four, en très mauvais état et sur le point de s’effondrer.
Fleur Hassan-Nahoum, adjointe au maire de Jérusalem, a qualifié l’accusation de vengeance de « ridicule et risible », ajoutant que le département de la construction et de la planification de la ville était une « entité administrative chargée d’appliquer la loi », et non un « service secret au fait des affiliations ou activités d’autrui ».
Toutefois, Aviv Tatarsky, porte-parole d’Ir Amim, organisation qui surveille la politique israélienne à Jérusalem-Est, a déclaré que le système manquait de transparence.
« Ce processus n’est pas clair. On nous dit que les démolitions ont lieu suivant l’ordre de priorité, mais nous n’avons aucun moyen de le vérifier », a-t-il déclaré.
En 2021, 177 bâtiments ont été démolis à Jérusalem-Est, faute de permis.