Washington déploie un système d’artillerie sophistiqué dans le sud syrien
Les Etats-Unis s'inquiètent de la présence près de leur base de forces pro-régime et ont annoncé qu'ils renforçaient leurs positions face à cette “menace”
La Russie a accusé jeudi Washington d’avoir déployé des missiles pour viser l’armée du régime de Damas à Al-Tanaf, dans le sud de la Syrie, les Etats-Unis confirmant le déploiement de ces batteries mais sans en dévoiler l’objectif.
Dans un communiqué, l’armée russe a assuré que les Etats-Unis avaient acheminé de Jordanie vers la garnison d’Al-Tanaf « deux batteries de lance-roquettes multiples Himars », un système d’artillerie sophistiqué américain.
« L’installation de toutes sortes d’armes étrangères sur le territoire syrien, qui plus est de lance-roquettes multiples, doit faire l’objet d’un accord avec le gouvernement souverain du pays », a ajouté le ministère russe de la Défense.
Un responsable américain de la Défense a plus tard confirmé à l’AFP le déploiement du système Himars près d’Al-Tanaf, où Washington dispose d’une base, sans préciser le nombre des batteries déployées ni leur mission exacte.
Les Etats-Unis s’inquiètent de la présence à quelques dizaines de kilomètres d’Al-Tanaf de forces soutenant le régime et ont déjà annoncé qu’ils renforçaient leurs positions face à la « menace » qu’elles représentent.
Des avions américains ont bombardé à plusieurs reprises des éléments de ces forces, bénéficiant selon Washington de l’appui de l’Iran, qui s’étaient approchés de la base d’Al-Tanaf où les forces américaines entraînent les rebelles syriens à combattre les jihadistes.
Mais, d’après l’armée russe, « le rayon d’action des lance-roquettes multiples Himars ne permet pas de soutenir les unités des ‘Forces syriennes démocratiques’ sous contrôle des Etats-Unis qui luttent contre les terroristes de l’Etat islamique (EI) à Raqqa », ville située bien plus au nord.
La coalition internationale menée par les Etats-Unis « a attaqué à plusieurs reprises les forces syriennes gouvernementales qui luttent contre l’EI près de la frontière avec la Jordanie », accuse encore le ministère russe de la Défense.
« Il n’est donc pas difficile d’imaginer que de telles attaques contre les unités de l’armée syrienne peuvent se poursuivre, mais cette fois avec l’aide des Himars », poursuit l’armée russe, avant de demander : « Quels sont les véritables objectifs des Etats-Unis en Syrie et contre qui comptent se battre les militaires américains ? »
Selon l’armée américaine, le système Himars, monté sur un camion, tire des roquettes guidées par GPS d’une portée de 70 kilomètres. Une autre version de ce système permet de tirer un petit missile lui aussi guidé par GPS, qui a une portée de 300 kilomètres. La version déployée à Al-Tanaf n’est pas connue.
Le système Himars permet notamment de continuer à effectuer des frappes de précision, même lorsque les conditions météorologiques empêchent avions et drones de le faire.
Al-Tanaf est située sur l’axe Damas-Bagdad, à la frontière avec l’Irak et non loin de la frontière jordanienne.
La coalition internationale a établi une zone dite « de désescalade » de 55 kilomètres autour de la base d’Al-Tanaf, décrétant que les forces russes et syriennes n’avaient pas le droit d’y pénétrer.
La région a été le théâtre de plusieurs accrochages ces derniers jours entre les forces du régime et celles soutenues par la coalition internationale. Ces tensions interviennent dans un contexte de rivalités grandissantes pour savoir qui va mener le combat contre l’EI dans l’est de la Syrie. Le président syrien Bashar el-Assad essaie d’éviter ce ne soient les Etats-Unis.
Fidèle alliée d’Assad, la Russie intervient pour sa part militairement en Syrie depuis septembre 2015 et s’est opposée avec fermeté aux toutes premières frappes aériennes américaines ordonnées par Donald Trump début avril contre une base aérienne du régime syrien.