Wikipédia met en ligne 28 000 photos d’Israël avant 1948, à l’usage de tous
Wikimedia Israël a rassemblé des photos du début du 20e siècle dont les droits d'auteur ont expirés, mais certains pensent qu'il pourrait y avoir des complications juridiques
Stuart Winer est journaliste au Times of Israël
Wikimedia Israël, la branche locale du service d’information en ligne gratuit Wikipédia, a publié quelque 28 000 photographies prises avant la création d’Israël dans la région et ses environs, qui allait devenir l’État juif.
Les images fournissent des instantanés de la vie dans la région. Comme elles ont toutes plus de 50 ans, les photos sont libres de droits et peuvent être utilisées par tout le monde, selon l’organisation.
« Ces photos, qui racontent l’histoire des gens qui ont vécu dans cette région entre 1900 et 1946, sont accessibles pour la consultation, l’étude, la recherche et l’utilisation par le public israélien et dans le monde entier », a déclaré Wikimedia dans un communiqué annonçant la publication des images au début du mois.
Les images sont sur le site Wikimedia Israël (hébreu).
Wikimedia Israël a déclaré avoir essayé au fil des ans de contacter diverses organisations qui conservent des archives afin d’étudier la possibilité de présenter les photos via Wikimedia Commons, ce qui a considérablement élargi leur visibilité.
« Nous avons été surpris de découvrir que dans certaines organisations, personne n’avait pensé à développer l’utilisation des photos », a déclaré l’organisme des médias. « Il est très important de publier un contenu dont les droits d’auteur ont certainement expiré. »
En vertu de la loi israélienne, le droit d’auteur sur les images dure 50 ans.
Les photos ont été recueillies en passant au crible les documents accessibles au public dans les archives de l’État, l’attaché de presse du gouvernement, le Fonds national juif, les archives du Palmach et les archives de la Moshe Sharett Heritage Society.
« Nous espérons que cela encouragera ces organisations et d’autres à publier leurs propres archives », a déclaré Wikimedia.
L’Association des archivistes israéliens, dans une lettre adressée à ses membres et aux médias, a critiqué Wikimedia pour ce qu’elle a dit être sa méthode cavalière pour obtenir et publier les photos, selon le site Calcalist.
« L’opération ‘récupération’ de Wikimedia implique une variété d’infractions juridiques et professionnelles, y compris la crainte d’une violation des droits de propriété intellectuelle et des droits de propriété, la violation des accords signés avec les donateurs, le refus flagrant d’accorder le crédit et l’effacement du contexte archivistique », a déclaré l’AIA.
« Wikimedia n’est pas celui qui, pendant de nombreuses années, a cherché, trouvé, persuadé, transféré, rassemblé, organisé, catalogué et numérisé les 28 000 photographies qu’il a mises en ligne sur le Web », a-t-il ajouté. « Ce n’est pas celui qui est signataire de divers accords avec les donateurs et les créateurs et ce n’est pas celui qui est actuellement exposé aux risques juridiques découlant de l’éventuelle violation que l’‘opération’ a créée dans les droits des propriétaires de l’œuvre et autres droits ».
En publiant les images, Wikimedia Israël a déclaré qu’il agissait conformément à l’énoncé de mission de son organisation mère, l’organisation internationale à but non lucratif Wikimedia Foundation, qui déclare : « Imaginez un monde dans lequel chaque être humain peut librement partager la somme de tout savoir ».
Mme Michal Lester, directrice exécutive de Wikimedia Israël, a insisté sur le fait que les actions de l’organisation étaient parfaitement légales.
« Nous avons été très circonspects et prudents, et nous n’avons publié que des photos qui étaient dans le domaine public », dit-elle.
« Nous avons en quelque sorte brisé les droits d’auteur. Les photos publiées datent d’avant 1947, avant la fondation de l’Etat et selon la loi israélienne elles sont considérées comme étant dans le domaine public. Les photos jusqu’en 1967 sont dans le domaine public, mais nous craignions que certaines d’entre elles n’aient pas été répertoriées correctement. Nous ne voulions pas prendre de risques parce que nous ne voulions pas causer de tort à ces organismes. Nous voulions simplement apporter au public ce qui lui appartient ».