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Yémen : les belligérants en Suède pour des pourparlers de paix cruciaux

Sur la table des négociations doivent figurer la réouverture de l'aéroport, le recensement des zones minées par les rebelles, un cessez-le-feu, l'ouverture de couloirs humanitaires

Des voitures sont garées devant le château de Johannesberg à Rimbo, 50 km au nord de Stockholm, où doivent se dérouler les pourparlers sur le conflit au Yémén, le 5 décembre 2018. (Crédit :  Stina STJERNKVIST / TT News Agency / AFP)
Des voitures sont garées devant le château de Johannesberg à Rimbo, 50 km au nord de Stockholm, où doivent se dérouler les pourparlers sur le conflit au Yémén, le 5 décembre 2018. (Crédit : Stina STJERNKVIST / TT News Agency / AFP)

Des pourparlers cruciaux pour la paix au Yémen s’ouvriront jeudi en Suède, sous l’égide de l’ONU, entre le gouvernement de Sanaa, soutenu par l’Arabie saoudite, et des rebelles appuyés par l’Iran, a annoncé mercredi le médiateur des Nations unies.

Ce dernier, le Britannique Martin Griffiths, « souhaite annoncer le redémarrage du processus politique inter-yéménite en Suède le 6 décembre 2018 », ont fait savoir ses services sur Twitter.

La délégation des rebelles est arrivée mardi soir en Suède à bord d’un avion spécial koweïtien transportant également l’émissaire de l’ONU. Les représentants du gouvernement, partis de Ryad, sont quant à eux parvenus mercredi soir à Stockholm.

La guerre dure depuis 2014 au Yémen, où la famine menace une partie de la population. Ces pourparlers sont les premiers depuis 2016.

La délégation gouvernementale yéménite, forte de 12 membres, est conduite par le ministre des Affaires étrangères Khaled al-Yemani, a précisé une source proche de cette délégation.

Abd Rabbo Mansour Hadi, président du Yémen. (Crédit : domaine public)

Elle est « porteuse des espoirs du peuple yéménite », a dit Abdallah Alimi, le chef du cabinet du président Abd Rabbo Mansour Hadi qui s’est réfugié en Arabie saoudite après la conquête en 2014 de la capitale yéménite Sanaa par les rebelles Houthis.

La délégation gouvernementale déploiera tous les efforts « pour la réussite des consultations [en Suède] que nous considérons comme une occasion réelle de rétablir la paix », a souligné M. Alimi dans un tweet.

Experts et sources diplomatiques restent cependant prudents avant les consultations, censées aider à « bâtir la confiance » entre les deux parties.

Une source diplomatique au Conseil de sécurité des Nations unies a déclaré à l’AFP nourrir de « très maigres espoirs » que ces pourparlers puissent déboucher sur des avancées concrètes.

« Premier pas vital »

Mercredi, des représentants des rebelles ont été aperçus déambulant aux abords du centre de conférence du château de Johannesbergs, un vaste domaine situé à une soixantaine de kilomètres de Stockholm, bouclé par des cordons de police.

« Nous n’avons aucune illusion et savons que ce processus [de paix] ne sera pas facile, mais nous saluons ce premier pas vital et nécessaire », a commenté mardi le département d’État américain.

Les Houthis « n’épargneront aucun effort pour faire réussir les pourparlers », a pour sa part assuré Mohammed Abdelsalam, qui dirige la délégation des rebelles.

L’une des initiatives ayant favorisé ces prochaines discussions est la signature par le gouvernement du président Hadi, en exil à Aden, dans le sud du Yémen, et les rebelles d’un accord en vue d’échanger des centaines de prisonniers.

Hadi Haig, chargé de la question des détenus au gouvernement, a dit à l’AFP que cet accord concernerait entre 1 500 et 2 000 partisans du gouvernement et entre 1 000 et 1 500 rebelles. Il sera mis en oeuvre après les négociations en Suède.

Un représentant des rebelles, Abdel Kader al-Mourtadha, a souhaité qu’il soit « appliqué sans problème ».

Chance « décisive »

L’évacuation lundi vers le sultanat d’Oman de rebelles blessés au Yémen a ouvert la voie aux discussions de Suède.

Sur la table des négociations doivent notamment figurer la réouverture de l’aéroport international de Sanaa, fermé depuis trois ans, le recensement des zones minées par les rebelles, un cessez-le-feu et l’ouverture de couloirs humanitaires.

Le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) a appelé mercredi les deux parties à mettre un terme aux combats.

« Les belligérants doivent s’entendre sur les moyens de rouvrir tous les ports et de stabiliser l’économie nationale qui s’effondre, tout en facilitant l’accès total et sans entrave à l’aide humanitaire », a déclaré le NRC.

Selon la Banque mondiale, le conflit a entraîné une crise économique dramatique, avec une contraction massive du PIB de 50 % depuis 2015.

Partis en 2014 de leur bastion du nord du Yémen, les rebelles Houthis ont pris le contrôle de vastes régions, dont la capitale et la ville portuaire de Hodeida (ouest), par laquelle transite la plupart de l’aide humanitaire envoyée à ce pays pauvre de la péninsule arabique.

En mars 2015, l’Arabie saoudite voisine a pris la tête d’une coalition militaire pour aider le pouvoir au Yémen à stopper la progression des rebelles Houthis. Et le conflit a progressivement pris la tournure d’une « guerre par procuration » entre les rivaux régionaux saoudien et iranien.

Le ministre d’État aux Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Anwar Gargash, dont le pays est un des piliers de la coalition militaire, a estimé que les pourparlers en Suède offraient « une occasion décisive pour s’engager avec succès dans une solution politique ».

Près de 80 % de la population du Yémen, soit approximativement 24 millions de personnes, a « maintenant besoin d’une forme ou autre de protection et d’une assistance humanitaire », selon l’ONU.

Dans l’ensemble de ce pays, 18 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire, dont 8,4 millions souffrent désormais de « faim extrême ».

Des femmes supportrices des rebelles houthis durant un rassemblement à Sanaa, le 10 novembre 2018. (Crédit : Mohammed HUWAIS / AFP)

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