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Yémen : L’ONU négocie une nouvelle trêve, les rebelles menacent des pays du Golfe

La trêve, en vigueur depuis le 2 avril et renouvelée in extremis à deux reprises, a expiré dimanche

Les décombres d'un immeuble détruit qui était utilisé comme prison par les rebelles Houthis, au Yémen, qui a été frappé par un avion de la coalition dirigée par les Saoudiens à Dhamar, au sud de la capitale Sanaa, détenue par les Houthis, le 1er septembre 2019. (Crédit : AFP)
Les décombres d'un immeuble détruit qui était utilisé comme prison par les rebelles Houthis, au Yémen, qui a été frappé par un avion de la coalition dirigée par les Saoudiens à Dhamar, au sud de la capitale Sanaa, détenue par les Houthis, le 1er septembre 2019. (Crédit : AFP)

L’ONU dit négocier une nouvelle trêve au Yémen, pays dévasté par plus de sept ans de guerre où une trêve en vigueur depuis six mois a expiré sans prolongation dimanche soir, les rebelles menaçant des pays pétroliers du Golfe membres d’une coalition militaire progouvernementale.

La trêve, en vigueur depuis le 2 avril et renouvelée in extremis à deux reprises, a expiré dimanche sans que le gouvernement yéménite et les rebelles Houthis ne soient parvenus à un accord permettant de la reconduire.

Le conflit qui ravage le Yémen oppose les forces gouvernementales, appuyées depuis 2015 par une coalition militaire menée par l’Arabie saoudite, aux rebelles Houthis, proches de l’Iran. Les insurgés contrôlent la capitale Sanaa et de larges pans du territoire dans le nord et l’ouest du pays.

L’émissaire de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a « regretté » le non-renouvellement de la trêve, promettant des « efforts acharnés » pour la raviver.

« Je continuerai à travailler avec les deux parties pour essayer de trouver des solutions », a assuré le diplomate suédois dans un communiqué publié dimanche, affirmant avoir soumis aux belligérants une proposition visant à prolonger la trêve pour une période de six mois supplémentaires comportant de « nouveaux éléments ».

L’envoyé spécial de l’ONU Hans Grundberg lors d’une conférence de presse à l’aéroport international de Sanaa, le 13 avril 2022. (Crédit : by MOHAMMED HUWAIS / AFP)

Il a remercié le gouvernement yéménite d’avoir réagi « positivement » à ses propositions. En revanche, les rebelles Houthis ont jugé qu’elles ne répondaient pas aux aspirations du peuple yéménite, menaçant de reprendre leurs attaques contre les principaux pays membres de la coalition.

Le gouvernement yéménite, via un tweet de son ambassade aux États-Unis, a appelé dimanche le Conseil de sécurité de l’ONU à « la fermeté vis-à-vis des Houthis en raison de leur refus de prolonger la trêve et de leurs dernières menaces ».

Dans un communiqué relayé par Saba, l’agence de presse des Houthis, le porte-parole de leurs forces armées Yahya Sari a explicitement menacé de viser les « compagnies pétrolières aux Émirats et en Arabie saoudite », deux des plus importants exportateurs de brut au monde.

Les États-Unis ont exprimé lundi leur « profonde inquiétude » face à l’expiration de la trêve, soulignant qu’elle représentait « le meilleur espoir de paix pour le peuple du Yemen depuis des années ».

« Le choix des parties est simple : d’un côté la paix et un avenir meilleur pour le Yémen, de l’autre un retour à des destructions et souffrances stériles qui fractureront et isoleront davantage un pays déjà dévasté », a ajouté le porte-parole du département d’État Ned Price dans un communiqué.

Des membres de tribus loyales aux rebelles houthis lèvent leurs armes pendant une manifestation contre l’accord de normalisation conclu entre Israël et les Émirats arabes unis, à Saana, au Yémen, le 22 août 2020. (Crédit : AP/Hani Mohammed, File)

Tragédie humanitaire

En 2019, des attaques aériennes revendiquées par les Houthis contre deux installations du géant pétrolier Aramco, dans l’est de l’Arabie saoudite, avaient temporairement interrompu la moitié de la production de brut du royaume. 

En mars, une autre attaque contre des installations d’Aramco avait encore provoqué une baisse temporaire de la production.

Le conflit au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, l’a plongé dans l’une des pires tragédies humanitaires au monde, que les trêves de deux mois successives avaient permis de relativement atténuer, selon les organisations humanitaires.

« Au cours des six derniers mois, la trêve a offert un répit aux millions de Yéménites et un espoir en vue d’un règlement à long terme du conflit », a dit lundi le directeur régional du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Fabrizio Carboni, appelant les rebelles et le gouvernement yéménite à « poursuivre le dialogue et mettre les intérêts du peuple en priorité. »

Pour Elisabeth Kendall, chercheuse à l’Université d’Oxford, il est encore possible pour les belligérants de parvenir à un accord.

« La trêve peut encore être ressuscitée. Les parties au conflit cherchent peut-être à améliorer leurs positions en laissant passer la date limite », estime la chercheuse. 

« Mais notre meilleur espoir à ce stade serait de parvenir à une mesure provisoire plutôt qu’un renouvellement de la trêve pour six mois tel qu’espéré par l’ONU », ajoute-t-elle.

La population yéménite et les forces de sécurité se tiennent sur le site d’une frappe aérienne menée contre les Houthis près de l’aéroport de Sanaa le 26 mars 2015, qui a tué au moins 13 personnes. (Crédit : AFP PHOTO / MOHAMMED HUWAIS)

Outre la cessation relative des violences, les trêves successives ont notamment permis le retour des vols limités depuis et vers l’aéroport de Sanaa, pour la première fois en six ans.

Elles ont également ouvert la voie à l’acheminement plus fluide de marchandises, de carburants et de l’aide humanitaire dont dépendent deux tiers de la population d’environ 30 millions d’habitants.

Selon l’ONU, la guerre a fait des centaines de milliers de morts et des millions de déplacés, une bonne partie de la population se trouvant dans une situation proche de la famine.

Les pourparlers pour mettre définitivement un terme au conflit restent au point mort, alors que l’émissaire de l’ONU avait parlé, en août, de « consolider l’occasion offerte par la trêve pour s’orienter vers une paix durable ».

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