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Yémen : l’ONU obtient une trêve dans des régions menacées par la famine

Le plus pauvre de la péninsule arabique subit "la pire crise humanitaire du monde"

Des femmes supportrices des rebelles houthis durant un rassemblement à Sanaa, le 10 novembre 2018. (Crédit : Mohammed HUWAIS / AFP)
Des femmes supportrices des rebelles houthis durant un rassemblement à Sanaa, le 10 novembre 2018. (Crédit : Mohammed HUWAIS / AFP)

Le chef de l’ONU a annoncé jeudi, à l’issue de consultations de paix sur le Yémen en Suède, une série d’accords entre belligérants pour faire provisoirement taire les armes dans plusieurs régions dévastées de ce pays au bord de la famine.

Antonio Guterres a en particulier annoncé un « cessez-le-feu » dans la ville portuaire de Hodeida (ouest) par où entre l’essentiel de l’aide dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule arabique, où sévit selon lui « la pire crise humanitaire du monde ».

L’accord prévoit un retrait des forces gouvernementales et rebelles de la ville et du port, contrôlé par les Houthis soutenus par l’Iran, mais cible d’une offensive de la coalition militaire sous commandement saoudien.

Ce retrait interviendra « dans les prochains jours », selon l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Yémen, Martin Griffiths.

L’ONU jouera un « rôle clé » dans le contrôle du port, a précisé Antonio Guterres lors d’une cérémonie solennelle en présence des représentants du gouvernement yéménite et de la rébellion Houthie.

Des enfants pêchent au port d’Hodeida, au Yémen, le 29 septembre 2018. (Crédit : AP/Hani Mohammed)

Le ministre yéménite des Affaires étrangères, Khaled al-Yémani, et le négociateur en chef des Houthis, Mohammed Abdelsalam, ont échangé une poignée de mains à forte portée symbolique à l’issue de la cérémonie.

Mais M. al-Yémani a prévenu peu après que l’accord sur le retrait de Hodeida restait « hypothétique » jusqu’à sa mise en oeuvre, signe de la défiance tenace entre le gouvernement et les insurgés.

La ville de Taëz, ravagée par les combats, doit également être soulagée aux fins d’ouvrir des corridors humanitaires. Aucun accord n’a en revanche été annoncé ni sur le redressement de l’économie yéménite, en lambeaux, ni sur la réouverture de l’aéroport de la capitale Sanaa.

Contrôlé par les rebelles et fermé depuis trois ans, l’aéroport fait de facto l’objet d’un blocus par la coalition pro-gouvernementale qui reste maître du ciel.

Les négociations achoppent notamment sur le transit des avions par d’autres villes du pays avant leur atterrissage à Sanaa. Le gouvernement exige qu’ils soient fouillés pour empêcher l’importation illégale d’armes. L’Iran soutient politiquement les Houthis chiites mais dément leur fournir des armes.

Les médiateurs de l’ONU, qui ne nourrissaient que de maigres espoirs d’obtenir une percée en Suède, ont indiqué que les deux camps devaient se revoir fin janvier.

Le secrétaire général et son envoyé spécial Martin Griffiths cherchent un accord durable après quatre ans de guerre qui ont fait environ 10 000 morts et menacent jusqu’à 20 millions de personnes de famine, selon l’ONU.

Le résultat de ces pourparlers sera présenté vendredi au Conseil de sécurité à New York.

« La communauté internationale continuera à faire du Yémen une priorité », a assuré le chef de la diplomatie suédoise, Margot Wallström.

La ministre suédoise des Affaires étrangères, Margot Wallstrom, faisant une déclaration aux médias sur les attentats terroristes à Paris, à Stockholm en Suède, 14 novembre 2015 (Crédit : AFP / TT AGENCE DE NOUVELLES / HENRIK MONTGOMERY)

Son homologue britannique Jeremy Hunt a fait le déplacement en Suède où il a rencontré des membres des deux délégations. Etaient aussi présents les ambassadeurs d’Arabie saoudite et de plusieurs pays occidentaux accrédités au Yémen (France, Royaume-Uni, Etats-Unis).

Les prochaines consultations doivent permettre de définir un cadre de négociation sur un processus politique, prélude à un règlement du conflit.

Vote attendu au Sénat américain

En attendant, ces accords vont « améliorer la vie de millions de Yéménites », s’est félicité Antonio Guterres.

Toutes les tentatives pour mettre fin à la guerre ont jusqu’ici échoué, et la situation humanitaire ne cesse de se dégrader au Yémen.

La présence en Suède des délégations yéménites a été favorisée par deux mesures de confiance : l’évacuation début décembre de 50 rebelles blessés vers Oman et un accord préliminaire d’échange de prisonniers.

Les images de dévastation provoquées par les raids aériens de la coalition et celles de la crise humanitaire ont par ailleurs convaincu les grandes puissances de la nécessité d’accélérer un règlement du conflit.

Un porte-parole du Programme alimentaire mondial de l’ONU a salué jeudi dans les consultations de Rimbo « des signes encourageants » et « appelé les deux parties à poursuivre le dialogue ».

Dans ce qui constituait encore la seule avancée concrète de ces consultations à quelques heures de leur clôture, gouvernement et rebelles ont établi une liste de plus de 15 000 prisonniers à échanger.

A Washington, le Sénat américain a envoyé mercredi un nouvel avertissement au président Donald Trump et à l’Arabie saoudite en autorisant la tenue d’un vote sur une résolution visant à interdire tout soutien militaire à Ryad dans la guerre au Yémen.

Le vote final aura probablement lieu ce jeudi.

L’Arabie saoudite, qui soutient militairement le gouvernement yéménite dans la guerre civile au Yémen, a apporté son « soutien déterminé » à l’accord entre belligérants conclu jeudi en Suède sous l’égide de l’ONU.

« L’accord annoncé aujourd’hui aidera à ramener la sécurité dans la région, y compris en mer Rouge, une route maritime vitale pour le commerce international », a estimé l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis Khaled ben Salmane, frère du prince héritier MBS. C’est « un pas majeur en vue d’atténuer la crise humanitaire et parvenir à une solution politique », a ajouté le diplomate, frère du prince héritier Mohammed ben Salmane, dans une série de tweets.

L’Arabie saoudite reste également sous pression, empêtrée dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, tué dans le consulat de son pays début octobre à Istanbul.

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