Yisrael Katz fustige l’Iran pour son ingérence « meurtrière » en Irak
Le ministre des Affaires étrangères a exprimé son soutien aux manifestations anti-gouvernement et salué la "longue et glorieuse histoire" des Irakiens

Le ministre des Affaires étrangères Israel Katz a exprimé son soutien aux manifestants irakiens. Il est le premier homme politique israélien à appuyer ces rassemblements anti-gouvernement qui agitent l’Irak depuis un mois.
La déclaration de Katz fait suite à la mort de 3 manifestants irakiens tués par la police. Dix-neuf personnes ont été blessées durant une attaque nocturne menée contre le consulat irakien de la ville chiite de Karbala, au sud de l’Iran. Dans un tweet, le chef de la diplomatie israélienne a affirmé qu’Israël soutient les manifestations et a condamné l’implication présumée de Téhéran dans la répression de ces manifestations.
« Nous exprimons notre sympathie à l’égard des manifestations du peuple irakien pour la liberté et la dignité », a-t-il tweeté. « Nous condamnons la répression et leur meurtre dirigés par Qassem Soleimani et les Gardiens de la Révolution iraniens. »
« Le peuple irakien a une longue et glorieuse histoire. De nombreux Israéliens d’Irak se rappellent avec nostalgie de leurs années de cohabitation », a conclu Katz.
We sympathize with the Iraqi people's protest for freedom & dignity. We condemn their repression and murder led by Qassem Suleimani & Iranian Revolutionary Guards. The Iraqi people have a long & glorious history. Many Israelis from Iraq fondly remember years of living together
— ישראל כ”ץ Israel Katz (@Israel_katz) November 4, 2019
L’Irak a une relation étroite mais complexe avec son voisin iranien. Les deux pays se sont affrontés lors d’une guerre dans les années 1980.
Quatre manifestants ont été tués près du consulat iranien à Kerbala, où les manifestants bloquaient routes, administrations, infrastructures portuaires et pétrolières en réponse à l’appel du Premier ministre Adel Abdel Mahdi à « retourner à la vie normale ».

Dans la nuit, des manifestants ont tenté d’incendier la représentation diplomatique de l’Iran, pays voisin et grand parrain de la politique irakienne, situé dans la ville sainte chiite à 100 km au sud de Bagdad visitée chaque année par des millions de pèlerins iraniens.
Ils ont déployé des drapeaux irakiens sur son mur d’enceinte et y ont écrit « Kerbala libre, Iran dehors ».
Les forces de l’ordre ont répliqué avec des rafales de tirs à balles réelles, faisant quatre morts, selon des responsables médicaux.
Ali, 20 ans, figure parmi les victimes, touché par une balle à l’épaule et une autre à la tête, a affirmé à l’AFP son père Wissam Chaker.
« Que le gouverneur ne vienne pas nous dire que (les manifestants) étaient armés alors qu’ils n’avaient que des pierres contre les balles des forces de sécurité », a lancé un proche d’une autre victime, refusant de donner son nom.
Les forces de l’ordre « protègent le consulat d’un pays étranger alors que nous, on veut seulement que notre pays soit libre sans qu’aucun autre pays ne le dirige », a affirmé dans la nuit un manifestant à l’AFP, les protestataires accusant Téhéran d’être l’architecte du système politique irakien qu’ils jugent corrompu et incompétent.

Depuis quelques jours, la colère des protestataires qui réclament « la chute du régime » se concentre sur l’Iran, l’une des deux puissances intervenant dans les affaires irakiennes avec les Etats-Unis. Ces derniers sont absents des slogans des manifestants et n’ont pas fortement réagi à la crise qui secoue l’Irak.
A l’opposé, en octobre, le général Qassem Soleimani, commandant des opérations extérieures de l’armée idéologique iranienne, a multiplié les visites en Irak. Et les commentaires du guide suprême iranien Ali Khamenei qui dénonce un « complot » américain et israélien n’ont fait qu’exacerber l’ire des Irakiens.
« Construire notre pays »
Née le 1er octobre, la contestation a été marquée par des violences meurtrières qui ont fait, officiellement, au moins 257 morts. Depuis sa reprise le 24 octobre, elle est désormais organisée par les étudiants et les syndicats, et les manifestants occupent des places devenues d’immenses camps autogérés, parfois dans une atmosphère festive.
Jusqu’ici, les manifestants ont répondu à toutes les déclarations des autorités par une contestation accrue. En décrétant un couvre-feu nocturne à Bagdad, elles ont multiplié le nombre de manifestants sur la place Tahrir la nuit et des cortèges de voitures, musiques et klaxons hurlants, sortent désormais chaque nuit au moment où débute le couvre-feu.
En sortant dimanche soir de son silence pour réclamer « un retour à la vie normale » et en décrétant que « de nombreuses revendications ont déjà été satisfaites », M. Abdel Mahdi semble avoir de nouveau un peu plus durci le bras de fer.
Car les promesses d’élections anticipées, de réformes du système des embauches et des retraites n’apaisent pas la colère des dizaines de milliers de manifestants qui tiennent des piquets de grève et autres rassemblements.
« On veut construire notre pays, on va continuer la désobéissance civile, nos 200 martyrs ne seront pas morts pour rien », lance ainsi Mohammed, 19 ans, à Bagdad.