Yitzhak Yosef : Même les ultra-orthodoxes « oisifs » n’ont rien à faire dans l’armée
En réponse, un député du Likud a appelé à l'ouverture d'une enquête sur l'ancien grand rabbin séfarade - qui s'est assuré à deux reprises que ses propos avaient été enregistrés
L’ancien grand rabbin séfarade Yitzhak Yosef a déclaré que même les jeunes hommes haredim qui ne font pas d’études dans les séminaires religieux ne devaient pas être intégrés au sein de l’armée, et ce indépendamment des circonstances.
« C’est interdit d’aller dans l’armée et c’est interdit même pour les oisifs », a-t-il affirmé en évoquant les jeunes de la communauté ultra-orthodoxe.
Yosef, qui est une autorité religieuse et une personnalité de premier plan au sein du parti haredi Shas, qui siège dans la coalition, s’est assuré à deux reprises que ses propos avaient bien été enregistrés.
En réponse, Moshe Saada, un député du Likud, a appelé à l’ouverture d’une enquête sur Yosef.
« Quiconque contrevient à la loi et appelle les gens à ne pas s’enrôler doit faire l’objet d’investigations », a commenté Saada au micro de la radio militaire.
Les partenaires de coalition ultra-orthodoxes du Premier ministre Benjamin Netanyahu pressent le gouvernement de faire adopter une loi qui régulerait l’exemption militaire des étudiants en yeshiva et autres membres de la communauté haredi. La Haute cour avait statué, au mois de juin, que ces dispenses, en place depuis des décennies, étaient illégales.
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La majorité des Israéliens, hors de cette catégorie de la population, veulent que cette exemption généralisée de service militaire dont bénéficient les jeunes ultra-orthodoxes soit abandonnée.
Les responsables religieux et politiques de la communauté résistent avec férocité à toutes les initiatives visant à recruter les jeunes hommes au sein de Tsahal.
Les Israéliens qui font leur service estiment toutefois que ces exemptions en masse, un système qui existe depuis des décennies, place un fardeau injustifié sur les autres – un sentiment qui s’est encore intensifié depuis le pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre 2023, et la guerre qui a suivi. 780 soldats ont été tués côté israélien dans le conflit et ce sont environ 300 000 citoyens qui ont été mobilisés dans le cadre du devoir de réserve.
Les militaires ont indiqué qu’ils avaient aujourd’hui besoin d’environ
10 000 soldats supplémentaires – des soldats de combat pour 75 % d’entre eux – dans ce contexte de guerre menée sur plusieurs fronts par Israël.
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Le bureau du Premier ministre a condamné la déclaration de l’ancien grand rabbin séfarade.
Le bureau de Netanyahu a estimé que les propos de Yosef étaient « inacceptables et méritaient d’être condamnés ».
« Nous n’accepterons pas les expressions d’insubordination de quelque côté que ce soit », a-t-il déclaré, faisant référence à la déclaration de l’ancien procureur Moshe Lador tenus samedi soir, selon laquelle les pilotes de l’armée de l’air israélienne devraient cesser de se porter volontaires pour le service de réserve si le gouvernement relance sa refonte judiciaire très controversée, comme a indiqué vouloir faire le ministre de la Justice, Yariv Levin.
Les propos de Yosef ont également suscité de vives critiques de la part de l’opposition, le chef de l’opposition Yaïr Lapid ayant déclaré qu’appeler à échapper à l’appel sous les drapeaux en temps de guerre, en particulier de la part d’un fonctionnaire, « c’est franchir une ligne rouge qui met en péril la démocratie et sape notre avenir ».
Le chef du parti HaMahane HaMamlahti, Benny Gantz, et le leader d’Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, ont également critiqué l’ancien grand rabbin séfarade, déclarant respectivement que « les appels à l’évasion sont erronés, dangereux et illégitimes » et qu’une telle rhétorique constitue « un coup sérieux porté à l’unité du peuple et à la résilience nationale ».