Yom HaAtsmaout: Tsahal et l’US Navy font une surprise à un survivant de la Shoah
Abba Naor, 92 ans, pensait parler de son séjour dans le camp de concentration, qui a été libéré il y a 75 ans aujourd'hui - puis les soldats ont sorti des instruments de musique
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

L’armée israélienne et la Marine américaine ont surpris un survivant de la Shoah cette semaine pour marquer à la fois le 72e Yom HaAtsmaout (jour de l’indépendance d’Israël) et le 75e anniversaire de la libération du camp de concentration de Dachau, en lui jouant l’hymne national d’Israël, la Hatikva.
Abba Naor, 92 ans, avait cru qu’il allait seulement raconter aux soldats américains et israéliens son vécu de Dachau pendant la Shoah.
Mais lorsqu’il s’est connecté à l’application de vidéoconférence Zoom depuis son domicile à Rehovot pour leur parler, les soldats ont sorti leurs instruments de musique et – depuis des dizaines d’endroits – ont joué la Hatikva, tandis que Abba Naor se tenait au garde-à-vous.
« Ce fut une grande surprise pour moi », a-t-il confié.
L’organisation de la surprise pour Abba Naor a présenté des défis logistiques majeurs pour les musiciens de Tsahal et de la marine américaine basée en Europe. Les musiciens-soldats ont enregistré séparément leurs différentes parties de l’hymne afin de pouvoir les mélanger à l’avance et les jouer à l’unisson pour Abba Naor dimanche soir, lorsque l’appel a eu lieu, afin que les images puissent être montées et diffusées par les militaires le mardi pour les anniversaires du jour de l’Indépendance et de la libération de Dachau.
L’armée israélienne a indiqué qu’il s’agissait de son premier projet commun sur les réseaux sociaux avec les États-Unis.
75 years ago today, the US Armed Forces liberated the Nazi concentration camp Dachau. Today is also Israel's 72nd Independence Day.
In honor of this day, we got together with the US military and prepared a musical surprise for one incredible man.@USNavyEurope, thank you. pic.twitter.com/LVNAIzBBjm
— Israel Defense Forces (@IDF) April 29, 2020
Après l’hymne, Abba Naor a raconté aux soldats son histoire, depuis son séjour dans un ghetto en Lituanie – où les murs non seulement gardaient les Juifs à l’intérieur, mais aussi empêchaient les Lituaniens antisémites d’entrer – jusqu’à son internement à Dachau dans le sud de l’Allemagne, et enfin la libération du camp par l’armée américaine le 29 avril 1945.
« Je n’oublierai jamais les GI américains. Ils m’ont sauvé la vie. C’est quelque chose dont on se souvient à jamais », a-t-il dit.
« Les premiers soldats américains que nous avons vus étaient japonais. Nous n’avions jamais vu des gens comme ça avant », se souvient Abba Naor.
Après la guerre, il s’est installé en Israël en 1947, participant à la guerre d’Indépendance. Il a ensuite rejoint le service de sécurité du Shin Bet et servi dans l’agence de renseignement du Mossad, participant à son opération Moïse pour aider les Juifs éthiopiens à immigrer en Israël dans les années 1980.

Cet homme de 92 ans parle régulièrement de son expérience de la Shoah, visitant chaque année entre 80 et 100 écoles en Allemagne – à tel point qu’il a sa propre page Wikipédia en allemand. En 2018, il a allumé une torche lors de la cérémonie annuelle de Yom HaShoah au Mémorial de la Shoah de Yad Vashem en Israël. L’année précédente, il s’était également rendu à Dachau avec le vice-président américain Mike Pence pour lui raconter son histoire.
S’adressant aux soldats, Abba Naor a commenté la pandémie de coronavirus, qui a entraîné une réunion à distance plutôt qu’en personne.
« Je suis désolé que nous ne puissions pas prendre un café ensemble », a-t-il dit.
Lorsqu’on lui a demandé s’il avait un message pour les soldats, le nonagénaire a répondu simplement : « La vie est une chose merveilleuse ».
« J’ai 92 ans. Certaines personnes pensent que c’est un miracle que je sois encore là », a-t-il déclaré.
« Comme je dois m’occuper de mes 10 arrière-petits-enfants », a ajouté le rescapé, « mes projets sont de continuer et d’être toujours là, mais qui
sait ? ».