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7 octobre : les préparatifs tenus secrets par le Hamas et son isolement depuis

Le chef de Gaza, Yahya Sinwar, serait aujourd'hui critiqué pour avoir devancé le Hezbollah et l'Iran, et coupé les contacts avec ses supérieurs à l'étranger

Des terroristes palestiniens se dirigeant vers la frontière avec Israël depuis Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Saïd Khatib/AFP)
Des terroristes palestiniens se dirigeant vers la frontière avec Israël depuis Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Saïd Khatib/AFP)

Selon un article du Figaro publié cette semaine et qui détaille les dissensions entre divers groupes soutenus par l’Iran et au sein même du Hamas suite à l’attaque du 7 octobre, le groupe terroriste palestinien au pouvoir à Gaza aurait prévenu le chef de son allié le Hezbollah, aussi soutenu par l’Iran, seulement quelques minutes avant de lancer son assaut.

Selon le quotidien français, les membres de ce que l’on connaît sous le terme d’ « axe de résistance de l’Iran », qui comprend l’organisation terroriste libanaise du Hezbollah et d’autres mandataires au Moyen-Orient, n’offriraient qu’un maigre soutien au Hamas dans sa guerre face à Israël, ce à quoi s’ajoute l’aigreur des liens entre la direction du Hamas à Gaza et le bureau politique du groupe, au Qatar.

Cet article, qui cite des chefs du Hamas et des sources proches de la direction du groupe terroriste, évoque dans le détail les préparatifs de celui-ci en vue des attaques et des représailles attendues, la nomination de chefs « épouvantails » pour assumer tout le poids de la riposte israélienne, les entrainements secrets et l’extrême discrétion gardée autour de la date et des détails de l’attaque, connus de quelques personnes seulement – une décision qui aura semble-t-il isolé l’organisation terroriste.

L’attaque menée dans la matinée du 7 octobre a été une surprise pour Israël, dont l’appareil de sécurité avait balayé d’un revers de main plusieurs informations sur les objectifs du Hamas, ces derniers mois. Tôt dans la matinée de ce samedi, jour de fête juive, des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont afflué depuis Gaza vers le sud d’Israël, pris d’assaut des bases militaires et infiltré plus d’une dizaine de communautés et de villes, ainsi que deux fêtes en plein air, le tout sous un déluge de roquettes tirées sur le sud et le centre d’Israël.

Près de 1 200 personnes, pour la plupart des civils, ont été massacrées chez elles, dans des champs ou sur les routes, parfois violées, torturées, mutilées et ligotées.

Près de 240 personnes, dont de jeunes enfants et des personnes âgées, ont aussi été enlevées et conduites à Gaza pour servir de monnaie d’échange. On estime à 129 le nombre de ceux qui s’y trouvent encore, mais certains auraient été tués depuis. Deux autres Israéliens et les dépouilles de deux soldats sont retenus depuis 2014.

Des Palestiniens prenant le contrôle d’un char israélien après avoir franchi la barrière frontalière avec Israël depuis Khan Yunis, dans le sud de la Bande de Gaza, le 7 octobre 2023. (Crédit : Saïd Khatib / AFP)

Selon Le Figaro, citant une source libanaise proche du Hezbollah, alors qu’Israël mettait sur pied sa riposte, les dirigeants de l’organisation terroriste, au Liban, tentaient de savoir ce qui se passait.

Saleh al-Arouri, un haut responsable du Hamas basé au Liban, aurait reçu l’ordre par téléphone de prévenir le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, de ce qui allait se passer seulement une trentaine de minutes avant le début de l’attaque prévue à 6h30 du matin, indique le journal.

Selon la source de cette information, un expert sur le Hezbollah, le groupe, qui projetait une attaque similaire contre Israël, en a pris ombrage. « La confusion régnait au sein du Hezbollah, surtout que le monde entier cherchait à savoir si l’Iran était derrière l’attaque contre Israël. D’un côté, le Hezbollah et Téhéran étaient accusés d’avoir participé à sa planification. De l’autre, ils n’étaient pas contents envers le Hamas, car des cartes que, eux, devaient utiliser dans des opérations futures contre Israël ont été grillées par les Palestiniens : la pénétration en Israël, les moyens aériens, l’effet de surprise. Le fameux plan de la force d’élite al-Radwan du Hezbollah pour s’infiltrer en Galilée a été éventé », explique la source libanaise.

Lorsque le Hezbollah a commencé à tirer sur le nord d’Israël, le lendemain, en soutien au Hamas, ses attaques se sont limitées à des missiles antichars, des drones armés et des tirs de roquettes sporadiques, visant des villes frontalières évacuées depuis. Une source du Jihad islamique, autre organisation terroriste soutenue par l’Iran, a également déclaré au journal avoir gardé le secret sur les attaques contre Israël.

Un nuage de fumée s’élève d’une position de l’armée israélienne touchée par des missiles du groupe terroriste Hezbollah, vu depuis le village de Tair Harfa, village libanais proche de la frontière avec Israël, dans le Sud-Liban, le 20 octobre 2023. (Crédit : AP Photo/Hassan Ammar)

Les attaques les plus lourdes du Hezbollah, comme les tirs de mercredi sur Kiryat Shmona et Rosh Hanikra, ont été menées en représailles aux frappes israéliennes contre ses membres ou positions au Liban ou en Syrie.

En Israël, ce sont neuf soldats et quatre civils qui ont été tués dans des attaques lancées depuis le Liban après le 8 octobre, tandis que le Hezbollah a déploré la mort de 129 de ses membres, tués par Israël lors de ces combats. Ceux-ci ont été suffisamment intenses pour que les dirigeants israéliens, qui parlent d’une situation intenable, se disent prêts à lancer une opération militaire de grande envergure pour repousser l’organisation terroriste loin de la frontière.

Le Hamas, manifestement, s’attendait à davantage de soutien de la part des groupes soutenus par l’Iran.

Le chef du Hamas, Yahya Sinwar, tient l’enfant d’un membre des Brigades Ezzedin Al-Qassam, tué lors des récents combats avec Israël, le 24 mai 2021. (Crédit : Emmanuel Dunand/AFP)

Selon l’expert du Hezbollah, « Saleh Arouri, abrité par le Hezbollah à Beyrouth, a survendu à ses frères du Hamas à Doha l’appui chiite qu’il lui apporterait ». Nasrallah, incapable de s’engager à le soutenir, a alors conseillé à Arouri d’aller à Téhéran, où le chef du bureau politique du Hamas, Ismail Haniyeh, et lui ont été informés par le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, que l’axe chiite ne se lancerait pas dans une « guerre totale » contre Israël, explique Le Figaro – une information déjà avancée par Reuters en novembre à propos de cette réunion.

Selon Reuters, l’Iran refuserait d’apporter son aide parce qu’il n’a pas été averti au préalable de l’attaque.

Selon Le Figaro, Sinwar entretient aussi des relations parfois tendues avec ses alliés qataris. « Il ne leur fait pas trop confiance », affirme au journal un notable de Gaza rencontré au Liban et décrit comme une connaissance de longue date de Sinwar, qu’il rencontrait régulièrement. « Il n’ignore pas que ses créanciers pourraient le lâcher. Il les prend pour un carnet de chèques. » Il cite ainsi un épisode évocateur datant d’avant la guerre : « Israël avait bloqué l’argent du Qatar destiné au Hamas. L’ambassadeur qatari est arrivé avec 13 millions de dollars seulement au lieu des 30 prévus, chaque mois. Sinwar lui a dit : ‘Reprenez les 13 et revenez avec les 17 autres comme prévu.’ Le Qatari a dit : ‘Oui mais assurez-moi que les fêtes juives se passeront dans le calme.’ Sinwar lui a intimé de partir avec ses millions. » L’information aurait été confirmée au Figaro par une autre source proche du Hamas, elle basée en Jordanie.

L’article du Figaro décrit Sinwar comme un homme secret qui cache aussi ses projets aux autres hauts responsables du Hamas, à commencer par Oussama Hamdan, un cadre basé à Beyrouth qui a déclaré au journal avoir été informé de l’attaque « en écoutant les informations ».

Une courte vidéo du jour de l’attaque donne à voir Haniyeh, Arouri et d’autres en train de regarder, manifestement ébahis, les attaques à la télévision.

L’ex-chef du bureau politique du Hamas, Khaled Meshaal, a refusé de dire au Figaro si les dirigeants politiques avaient été informés de l’attaque.

Selon le journal, Sinwar aurait cessé de communiquer avec les responsables du Hamas au Qatar et d’ailleurs dans les mois qui ont précédé l’attaque, obligeant même Moussa Abu Marzouk, un autre gros bonnet du politburo du Hamas basé au Qatar, à venir le voir en personne – Sinwar l’aurait fait patienter plusieurs jours, et la rencontre aurait été houleuse.

D’après les interviews menées par le journal, si le bureau politique du Hamas était ouvert à la négociation avec Israël, la ligne dure de Sinwar le mettait en porte-à-faux.

S’adressant au journal, Meshaal a déclaré : « Une trêve de longue durée avec Israël est certainement négociable », laissant entendre qu’au « moment venu » – à la création d’un État palestinien –, la question de la reconnaissance d’Israël sera examinée.

Sinwar a depuis longtemps la réputation d’un faucon intransigeant uniquement intéressé par la destruction d’Israël.

Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, à droite, et Yahya Sinwar, à gauche, du côté palestinien au passage transfrontalier de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 septembre 2017. (Crédit : AFP PHOTO / SAID KHATIB)

« Sinwar est un petit dictateur insensible à la mort des civils palestiniens, un islamiste centré sur la cause palestinienne contrairement à d’autres Frères musulmans », affirme au journal le notable de Gaza. Il a déclaré que la personnalité brusque du leader gazaoui lui avait valu des problèmes avec les dirigeants politiques.

D’autres déplorent les destructions infligées à Gaza à la suite des attaques, les autorités sanitaires du Hamas affirmant que plus de 20 000 personnes ont été tuées, chiffres invérifiables qui ne font sans doute pas le distinguo entre civils et hommes armés.

Israël affirme avoir tué environ 8 000 terroristes à Gaza.

« Le Hamas a attiré 100 catastrophes sur Gaza », a récemment déclaré Oussama al-Ali, membre du Conseil national palestinien, à la télévision émiratie.

L’ombre de l’ombre

Selon Le Figaro, si Sinwar a caché ses intentions à une grande partie de la direction et des alliés du Hamas, il a noué des contacts avec de petits groupes salafistes afin d’obtenir des armes et d’organiser ensemble des sessions d’entraînement.

Les préparatifs de l’attaque auraient également consisté en l’envoi de membres du Hamas et d’alliés pour des entraînements en Syrie et au Liban, les faisant sortir de Gaza sous le prétexte du pèlerinage du Hajj, en Arabie saoudite.

La source basée au Liban a aussi affirmé que Sinwar avait nommé des commandants fantoches ou « épouvantails » afin de protéger les vrais commandants. Selon l’information, Mohammed Deif, longtemps décrit comme le chef des Brigades Ezzedine al-Qassam, aurait été l’un de ces leurres.

Une photo censée montrer Mohammed Deif, le commandant de l’aile armée du groupe terroriste du Hamas, diffusée par la Douzième chaîne le 27 décembre 2023. (Crédit : Capture d’écran Douzième chaîne ; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur le droit d’auteur)

Deif est un homme de l’ombre. Les photos de lui sont si rares qu’un reportage de la Douzième chaîne, diffusé mercredi soir et révélant une photo de lui, a provoqué un grand émoi en Israël et ravivé l’espoir que les soldats à Gaza finissent par mettre la main sur lui.

Il fait manifestement un très bon appât. En dépit de son caractère insaisissable, Deif a fait l’objet de pas moins de sept tentatives d’assassinat de la part des autorités israéliennes, auxquelles il a toujours réchappé, même s’il se dit qu’il lui manquerait un œil et peut-être même des membres.

« Mohammed Deif qu’Israël veut tuer depuis vingt-cinq ans est une icône. Le vrai chef des Ezzeddine al-Qassam, ce n’est ni lui, ni Marwan Issa, officiellement son second, c’est le frère de Yahya, Mohammed Sinwar », a expliqué le notable cité par le journal.

Capture d’écran d’une vidéo non datée publiée par l’armée israélienne le 17 décembre 2023 qui montre le commandant du Hamas Mohammed Sinwar, à droite, dans une voiture traversant un tunnel sous la bande de Gaza. (Capture d’écran, X : Utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Le jeune Sinwar a lui-même survécu à plusieurs tentatives d’assassinat, selon un article du Telegraph. En 2014, il a simulé sa mort et n’avait pas été revu depuis le mois dernier, lorsque l’armée israélienne a publié une vidéo montrant les frères Sinwar en voiture, traversant un énorme tunnel dans le nord de Gaza.

Israël estimerait que Mohammed Sinwar est un haut commandant de la branche armée du Hamas et qu’il a joué un rôle majeur dans la planification des attaques du 7 octobre. Il est l’un des hommes les plus recherchés de Gaza, et un tract distribué dans la bande de Gaza offrant des récompenses pour toute information sur les dirigeants du Hamas aurait mis sa tête au deuxième prix le plus élevé, soit trois fois plus cher que celle de Deif.

Un prospectus apparemment lâché par des avions de chasse israéliens propose une récompense en échange d’informations sur les leaders du Hamas Yahya Sinwar, son frère Mohammed, Rafaa Salameh et Muhammad Deif. (Capture d’écran, X : Utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

« Deif n’est pas mort, il marche avec des cannes, mais sa tête fonctionne bien encore, il règle des problèmes internes à la branche armée », a déclaré la source. « C’est une figure respectée, mais celui qui fait bouger les brigades, c’est Mohammed, le frère, que Yahya protège. »

Les affirmations des sources du journal n’ont pas pu être revérifiées, notamment l’affirmation selon laquelle seules trois ou quatre personnes connaissaient l’heure et le jour de l’attaque.

Une voiture détruite lors d’une attaque terroriste palestinienne, à Sderot, en Israël, le 7 octobre 2023. (Crédit : Ohad Zwigenberg/AP Photo)

Mercredi, la Douzième chaîne a rapporté que le Shin Bet avait reçu une information, l’été dernier, à propos des projets d’attaque du Hamas, date comprise, ce que semble contredire cette affirmation.

La source basée au Liban a affirmé que, même s’il ignorait la date de l’attaque, cela faisait deux ans au moins qu’il avait entendu parler des projets de Sinwar. Ces projets prévoyaient une attaque peut-être encore plus dévastatrice que celle qui a eu lieu, à savoir un siège de 5 000 hommes sur Ashkelon, la ville israélienne d’où la famille de Sinwar, né à Khan Younès à Gaza, est originaire.

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