8 000 Palestiniens de Cisjordanie pourraient remplacer les ouvriers agricoles étrangers
Des milliers de travailleurs thaïlandais sont repartis, laissant les exploitations agricoles en manque d'aide ; Itamar Ben Gvir s'oppose à ce projet pour des raisons de sécurité
Carrie Keller-Lynn est la correspondante politique et juridique du Times of Israël.
Le ministère de l’Agriculture a fait savoir dimanche qu’il était favorable au maintien de l’entrée quotidienne d’environ 8 000 ouvriers agricoles de Cisjordanie au vu du nombre élevé de travailleurs étrangers ayant quitté Israël ces derniers jours en raison de la guerre d’Israël contre le groupe terroriste palestinien du Hamas.
Dans un contexte de tensions sécuritaires accrues, le ministère de l’Agriculture a proposé de limiter ces autorisations en ne les octroyant qu’aux femmes et aux hommes de plus de 60 ans, une proposition qui a été suggérée vendredi pendant une réunion du Conseil de sécurité nationale. La proposition sera votée lors d’une prochaine réunion du cabinet.
Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar ben Gvir, a diffusé un communiqué s’opposant à cette idée, dimanche, en raison « du danger inhérent qu’il y a à faire entrer des ouvriers palestiniens dans nos villes en période de guerre ».
Des milliers d’étrangers venus en Israël pour travailler comme cueilleurs entre autres emplois agricoles auraient quitté le pays depuis le 7 octobre, date à laquelle les terroristes du Hamas se sont déchaînés dans le sud d’Israël, ont tué plus de 1 400 personnes et en ont kidnappé au moins 212 autres.
Selon le service de presse du gouvernement, une vingtaine de travailleurs étrangers, principalement originaires de Thaïlande, du Népal et des Philippines, ont été tués lors de l’assaut, et plusieurs autres auraient été pris en otage à Gaza.
Depuis le début de la guerre, 2 000 travailleurs thaïlandais ont quitté le pays, selon la radio de l’armée. La plupart des étrangers travaillant dans l’agriculture viennent de Thaïlande.
L’exode a été aggravé par le fait que de nombreux Israéliens valides ont été appelés sous les drapeaux alors qu’Israël prépare une incursion terrestre à grande échelle dans la bande de Gaza pour déraciner le groupe terroriste du Hamas, qui dirige l’enclave palestinienne.
Selon la proposition du ministère de l’Agriculture, seuls les travailleurs agricoles déjà connus des agriculteurs qui les emploieraient seront pris en considération pour l’obtention d’un permis, et ils seront soumis à l’approbation des services de sécurité.
La proposition sera votée lors d’une prochaine réunion du cabinet.
Cette proposition est similaire aux accords existants visant à faire venir des travailleurs palestiniens pour renforcer l’industrie hôtelière, a déclaré le ministère. Un porte-parole du gouvernement a indiqué que les Palestiniens ont continué à venir renforcer les hôtels et d’autres industries non nommées, malgré les problèmes de sécurité accrus.
Les agriculteurs se sont plaints du fait que la guerre les a privés de la main-d’œuvre nécessaire à la poursuite de leurs activités. La plupart des terres agricoles les plus productives d’Israël se trouvent dans le Néguev occidental, une région que beaucoup ont quittée en raison des massacres du 7 octobre et des tirs de roquettes persistants en provenance de Gaza.
Le ministère de l’Agriculture a fait remarquer qu’il y avait une pénurie de 10 000 ouvriers environ et qu’il œuvrerait à prolonger les permis de résidence préexistants des travailleurs concernés. Il a ajouté travailler avec l’Autorité de la population, de l’immigration et des frontières (PIBA) du ministère de l’Intérieur dans le but de faire venir des ouvriers d’autres pays.
« Une semaine sans cueillette, c’est une perte de 200 palettes [de marchandises] », a expliqué Ofer Djerbi, vendeur de fruits et légumes, au quotidien financier Calcalist la semaine dernière. « Un endroit qui compte normalement 60 travailleurs n’en compte plus que trois ou quatre. »
Des milliers de Palestiniens entrent régulièrement en Israël pour y travailler, car les salaires sont plus élevés qu’en Cisjordanie, mais Israël gèle parfois leurs permis en période de tensions accrues.
Les responsables de la Défense, qui hésitent à punir de larges pans de la société palestinienne, soutiennent généralement l’entrée de travailleurs contrôlés, considérés comme une soupape importante pour relâcher la pression sur des Palestiniens économiquement éprouvés.
Néanmoins, Ben Gvir a affirmé que la police avait soutenu sa position contre le plan.
Ni la police ni l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet n’ont fait de commentaire public sur la proposition.
En plus d’autoriser l’entrée des travailleurs palestiniens, le ministère espère également faire revenir les étrangers qui ont quitté le pays ou retenir ceux qui envisagent de le faire, en leur proposant de prolonger de deux ans les permis de séjour de cinq ans existants.
Il collabore également avec la PIBA pour faire venir des travailleurs d’autres pays, et offre des primes de 2 000 shekels par mois aux Israéliens et aux ressortissants étrangers désireux de travailler dans des exploitations agricoles.
Enfin, elle a déclaré avoir dépensé 24 millions de shekels pour installer 430 miklatim – ou abris anti-bombes – dans des zones ouvertes.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.