À Seattle, une école juive transformée en mosquée réunit juifs et musulmans
Le bâtiment de près de 100 ans nécessite des rénovations; un groupe interconfessionnel envisage d'y abriter un centre communautaire multiculturel, mais a d'abord besoin d'un toit
- L'école islamique de Seattle en 2007 : des personnalités de la communauté espèrent transformer la propriété en un centre culturel multi-religieux. (Capture d'écran / YouTube)
- Membres de l'équipe qui souhaite rénover l'ancien bâtiment du Seattle Talmud-Torah, désormais la mosquée Cherry Street. (Youtube / Capture d'écran)
- De gauche à droite : Jonathan Rosenblum de la communauté de reconstruction de Kadima, avec Koloud Tarapolsi et Samia El-Moslimany de la mosquée Cherry Street, font partie du groupe qui se mobilise pour sauver le bâtiment et le transformer en centre communautaire interconfessionnel. (Capture d'écran / YouTube)
- L'intérieur de l'ancien Seattle Talmud Torah, désormais la mosquée Cherry Street, est en mauvais état, et les militants cherchent à collecter des fonds pour y créer un centre communautaire interconfessionnel. (Capture d'écran / YouTube)
- L'école islamique de Seattle en 2007 : des personnalités de la communauté espèrent transformer la propriété en un centre culturel multi-religieux. (Photo : Joe Mabel / Wikimedia Commons / via JTA)
The Cholent via JTA – Près de 100 ans après l’ouverture de la première école juive de Seattle, une initiative en cours envisage de restaurer le bâtiment en ruine – en tant que centre multiconfessionnel qui rassemblera juifs et musulmans de la ville.
Jusqu’à présent, les efforts ont réuni plus de 40 000 $ pour un nouveau toit pour le bâtiment qui abritait autrefois le Seattle Talmud Torah. Mais ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport à ce qu’un groupe de plus en plus nombreux d’habitants de Seattle espère générer pour faire du Cherry Street Collective une réalité.
« Nous avons beaucoup de projets », a déclaré le chef de projet de Cherry Street Village, Koloud « Kay » Tarapolsi. « La seule chose qui nous retient, c’est notre imagination. »
L’histoire du bâtiment commence en 1928, lorsque le président du Seattle Talmud Torah, Fred Bergman, implora les lecteurs du Jewish Transcript, journal juif de Seattle de l’époque, d’investir dans l’éducation juive.
« Unis, nous construirons un nouveau Talmud Torah, dédié à Dieu et à Israël », écrivit Bergman. « Il en émergera des Juifs sains, honnêtes et loyaux, fiers de leur héritage, des Juifs conscients. »
En 1929, des fonds avaient été collectés – 1 000 dollars pour une parcelle de terrain à Columbia, la 25e dans le district central de Seattle – et le prestigieux architecte juif écossais B. Marcus Priteca était partant pour construire une institution d’enseignement juif. Le Seattle Talmud Torah était né.

Au fil du temps, les besoins éducatifs de la communauté juive ont évolué et le Talmud Torah a été dissous en 1962. En 1980, le bâtiment a été vendu à l’École islamique de Seattle. L’école a été dissoute en 2012 et l’espace a été réaménagé pour devenir la mosquée Cherry Street.
Près de 100 ans plus tard, le bâtiment pour lequel la communauté juive s’était rassemblée est en mauvais état. Son toit fuit, les pièces sont inondées et la moisissure règne à l’intérieur. La communauté de la mosquée aurait pu s’en séparer et probablement vendre l’intégralité de la parcelle à un promoteur enthousiaste.
Au lieu de cela, la communauté a décidé de le sauvegarder.
Mais réparer le toit et se débarrasser de la moisissure s’est avéré un projet trop important pour le petit groupe. Alors en novembre, une coalition appelée Cherry Street Village a lancé une collecte de fonds pour réparer le bâtiment et réutiliser l’espace en tant que centre multiconfessionnel.
« Ce qui a commencé en un groupe d’amis, désormais s’agrandit », a déclaré Tarapolsi.

Le groupe comprend désormais le Salaam Cultural Museum, le Dunya Theater Productions, la Kadima Reconstructionist Community, et le Middle East Peace Camp.
Jonathan Rosenblum est impliqué dans Kadima depuis 20 ans, et il est l’agent de liaison de Kadima avec le village. Conscient que le groupe juif déborde de son espace (une église qu’il loue à Madrona, à moins d’un kilomètre), Rosenblum s’est tourné vers les dirigeants de Cherry Street, avec qui Kadima entretenait déjà une relation.
« Nous avons réalisé qu’il y avait cette belle architecture, une salle caverneuse… on peut imaginer ce que ce serait d’être ensemble dans une même communauté », a déclaré Rosenblum. « Nous nous sommes engagés à travailler ensemble pour faire réparer le toit. Il y a eu une vague de soutien, ce fut incroyable. »

Tarapolsi a de beaux rêves pour Cherry Street Village – artistes en résidence, services sociaux et camions-restaurants. Elle imagine un appartement pour les artistes en résidence, des chambres à louer, un lieu pour les services sociaux. Un jardin de sculptures. Un jardin communautaire. Et des événements religieux pour les deux religions – b’nai mitzvah, nuits de Ramadan, services de prière et plus encore.
Juifs et musulmans sous le même toit ? C’est déjà arrivé : dans un quartier de Paris, une école à Londres, une synagogue à New York.
Dans le contexte de ce qui se passe à Seattle, le partage de l’espace est particulièrement facile à imaginer. Kadima et la mosquée Cherry Street sont toutes deux à la marge la plus progressiste de leurs traditions religieuses respectives. Kadima se targue d’un programme de justice sociale et de solidarité avec le sort des Palestiniens, ce qui le met parfois « à l’écart » de la communauté juive dominante.

Cherry Street est également unique parmi les musulmans. L’école islamique de Seattle a été fondée par cinq femmes américaines qui voulaient une école musulmane progressiste de style Montessori.
« Nous avons eu des enfants de familles très variées », a déclaré Laila Kabani, une disciple de la fondatrice de l’école, Ann El-Moslimany. « C’était vraiment une école interconfessionnelle. »
El-Moslimany est décédée en janvier, mais elle est vénérée comme une pionnière de l’éducation. (Vous pouvez lire le mémorial sincère de Kabani à son mentor ici.) La mosquée est une exception par le fait que son imam est une femme.
« Environ 99,99 % des mosquées n’accepteraient même pas une femme à leur conseil », a déclaré Tarapolsi. « C’est très, très progressiste. Nous sommes uniques et ouverts à tout le monde, peu importe l’orientation sexuelle, la couleur de peau, etc. »
Les dirigeants de Kadima affirment que l’orientation unique de cette mosquée est cruciale pour leur relation.
« Cet aspect du positionnement progressiste est un lien important », a déclaré Doug Brown de Kadima. « Je pense que la plupart d’entre nous partageons le point de vue selon lequel nous grandissons et comprenons mieux nos traditions lorsque nous discutons avec des gens d’autres traditions. […] Les problèmes que nous souhaitons aborder nécessitent de larges coalitions. »
L’épouse de Brown, Sandy Silberstein, s’est fortement impliquée dans la construction de ponts vers les communautés musulmanes et le camp pour la paix au Moyen-Orient, qui est allié avec Kadima. Le camp rassemble chaque été des enfants d’origine juive, musulmane, arabe, israélienne et chrétienne avec l’intention de nouer des relations et de mieux se comprendre.
« Nous savons que lorsque l’islamophobie et l’antisémitisme frappent, nous nous soutenons mutuellement », a déclaré Silberstein.

Le collectif a organisé un événement, une démonstration de cuisine virtuelle avec un chef palestinien. La pâtisserie de biscuits aux dattes est un enjeu assez faible, mais que se passe-t-il si un conflit survient à l’avenir entre les partenaires ?
« Dans toute relation, il y aura conflit ; c’est la façon dont vous le gérez [qui compte] », a déclaré Rosenblum. « Nous nous débattons avec ce genre de choses. Nous nous débattons avec Dieu. Nous travaillons avec les gens à travers ce conflit. Quand on regarde tous les conflits en cours, pas seulement à Seattle mais dans le monde, la chose la plus importante que nous puissions faire pour la jeune génération est de montrer comment nous devrions nous comporter les uns envers les autres.
Mais chaque chose en son temps. Et la première, c’est le toit.
« La première étape consiste à empêcher la pluie de rentrer », a déclaré Rosenblum.
Pour Kabani, Cherry Street Village est une continuation de l’héritage d’El-Moslimany.
« Elle est décédée, mais son esprit perdure », dit-elle. « Cherry Street Village a l’intention de perpétuer la joie et la diversité des religions sous un même toit. »
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