Abbas dit avoir enguirlandé Blinken pour ne pas avoir fait pression sur Israël
Le dirigeant de l'AP a exhorté la communauté palestino-américaine à faire pression pour la création d'un État Palestinien lors d’une rencontre, en marge de la 77e AG de l'ONU
NEW YORK – Le dirigeant de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a déclaré la semaine dernière à un groupe de Palestiniens américains qu’il avait enguirlandé le secrétaire d’État américain Antony Blinken pour ne pas avoir fait pression sur Israël pour qu’il fasse la paix.
Alors que Mahmoud Abbas n’a pas hésité à exprimer publiquement sa frustration à l’égard de l’administration Biden au cours de l’année écoulée, les remarques qu’il a formulées lors d’une réunion privée avec des représentants de la diaspora palestinienne en marge de la 77e Assemblée générale des Nations unies à New York, allant jusqu’à dénigrer même le plus haut diplomate des États-Unis.
Dans un enregistrement de la réunion du 22 septembre obtenu par le Times of Israel, le dirigeant de l’AP a mentionné une récente conversation téléphonique avec Blinken au cours de laquelle Abbas avait déclaré qu’il était de plus en plus frustré par ce qu’il a appelé « une pratique américaine récurrente » consistant à affirmer qu’Israël n’est pas intéressé par la paix, tout en refusant d’utiliser la chaire d’intimidation américaine pour faire pression sur Jérusalem afin qu’elle évolue dans cette direction.
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« J’ai dit à Blinken ‘ne fais pas ça, petit bonhomme' », a déclaré Abbas aux Américains d’origine palestinienne, en arabe. Certains détails de la réunion ont été publiés par le site d’information arabe Haya Washington.
Abbas a dit qu’il a ensuite rappelé à Blinken comment, lors de la crise de Suez en 1956, Israël avait accepté de retirer ses troupes de la bande de Gaza après que le président américain Dwight Eisenhower avait ordonné au Premier ministre David Ben Gurion de le faire.
« Je connais votre histoire », a déclaré Abbas à Blinken, en détaillant une série de conversations téléphoniques qu’Eisenhower avait eues avec Ben Gurion, à l’époque. Le dirigeant de l’AP a déclaré que, lors de l’une de ces conversations, le président américain avait appelé le Premier ministre israélien.
« David, avez-vous quitté Gaza ? Vous vous retirerez cette nuit, et vous m’informerez vous-même que cela a été fait. »
« Ben Gurion a écrit dans ses mémoires qu’il s’est retiré cette nuit-là », a déclaré Abbas, cherchant à démontrer que les États-Unis ont le pouvoir de faire pression sur Israël quand ils le veulent.
Commentant la conversation éprouvante avec le secrétaire d’État américain, le dirigeant de l’AP a déclaré à Blinken que « la leçon à en tirer n’est pas de dire ‘faites ceci ou ne faites pas cela’ lorsqu’on traite avec Israël, mais plutôt d’utiliser le ‘téléphone rouge’ et l’autorité du bureau du président, pour forcer Israël à changer ses politiques ».
Abbas a affirmé que les États-Unis traitent avec « 190 pays » de cette manière, mais pas avec Israël.
Le chef de l’AP a déclaré qu’il avait l’habitude de croire les administrations américaines qui prétendaient qu’Israël ne voulait pas la paix. Cependant, il réalise maintenant que « ce n’est pas que les Israéliens ne veulent pas la paix mais que ce sont les Américains qui ne veulent pas la paix ».
Invité à commenter les remarques d’Abbas, un porte-parole du département d’État a déclaré que Blinken « a maintenu un dialogue respectueux avec Abbas » en ajoutant qu’il ne commentera pas le contenu de leurs conversations.
Une autre source a déclaré au Times of Israel que « cette caractérisation, de leurs échanges, n’est pas exacte ».
Un jour après sa rencontre avec les représentants de la communauté palestino-américaine, Mahmoud Abbas a déclaré à la 77e Assemblée générale des Nations unies que les États-Unis ne font que « prétendre défendre le droit international et les droits de l’homme », lors d’un discours enflammé dans lequel il a fustigé Israël pour avoir compromis les perspectives de paix et déploré l’incapacité de la communauté internationale à agir au nom des Palestiniens.
Le président américain Joe Biden a rétabli les liens avec l’AP dès son entrée en fonction et a depuis annoncé une aide de plus d’un demi-milliard de dollars pour les Palestiniens, qui avait été presque entièrement interrompue par son prédécesseur Donald Trump. Cependant, l’administration actuelle n’a pas suivi la voie de ses prédécesseurs en lançant une initiative pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien. Au lieu de cela, elle s’est attachée à avancer des mesures utiles, largement axées sur la relance de l’économie palestinienne, qui, selon Ramallah, sont insuffisantes sans la création d’un « horizon politique parallèle ».
Lors de sa rencontre avec les Américains d’origine palestinienne, le dirigeant de l’AP a souligné la légitimité de la cause palestinienne en déclarant « être contre les roquettes et contre l’artillerie… Nous sommes un peuple pacifique. Nous voulons obtenir notre droit par des pourparlers de paix, mais les États-Unis ne veulent pas emprunter cette voie ».
Abbas a ensuite expliqué aux représentants de la communauté palestino-américaine qu’is avaient un rôle important à jouer dans leur destin national, affirmant que les Américains d’origine palestinienne sont le « seul espoir » pour un État palestinien, en raison de leur capacité à s’engager auprès du grand public américain.
« L’Amérique n’a pas trouvé d’interlocuteur palestinien à ce jour, mais je compte désormais sur vous tous », a déclaré Abbas, ajoutant que les États-Unis sont une société « simple » qui ne connaît que « le récit sioniste que l’administration leur a imposé ».
« Vous devez parler à tout le monde pour atteindre votre objectif… Vous ne devez exclure personne… y compris le lobby sioniste » – une référence apparente à l’AIPAC, qui a été spécifiquement évoqué dans l’une des questions posées à Abbas après son discours.
« Il y a beaucoup de gens qui disent que le lobby sioniste est le plus dangereux », a-t-il poursuivi. « Ceci est faux, et nous devons nous adresser au lobby sioniste. »
التقيت اليوم مع وفد من الايباك #aipac ، حيث تمت مناقشة العلاقة مع الادارة الامريكية وكذلك الحكومة الاسرائيلية وقضايا إقليمية، وضرورة وجود أفق سياسي يرتكز على الشرعية الدولية ويفضي إلى حل الدولتين. pic.twitter.com/AkcDhhv9he
— حسين الشيخ Hussein AlSheikh (@HusseinSheikhpl) September 13, 2022
« J Street – un lobby pro-israélien controversé – est gentil et juste », a déclaré Abbas, tout en soulignant l’importance de faire également pression sur ceux qui ne sont pas aussi sympathiques à l’égard de la cause palestinienne. « Nous nous adressons à l’ensemble de la communauté américaine. Il ne nous est jamais venu à l’esprit que nous traiterions avec une administration démocrate, puis que nous rejetterions, une éventuelle administration républicaine. »
« La vérité est que nous devrions d’abord parler au Likud », a déclaré Abbas, démontrant que cette politique s’applique également aux relations de Ramallah avec Israël, où le parti de droite est depuis longtemps l’un des plus dominants.
Abbas a ensuite rappelé ses propres engagements avec le « lobby sioniste » qui dataient du premier mandat de l’ancien président, Barack Obama.
George Mitchell, alors envoyé spécial des États-Unis pour le processus de paix au Moyen-Orient, aurait appelé le dirigeant de l’AP à plusieurs reprises pour le « supplier » de ne pas rencontrer le lobby, a déclaré Abbas. Le dirigeant de l’AP a déclaré que Mitchell aurait qualifié les membres du lobby sioniste d' »animaux » et qu’Obama était « devenu fou » lorsqu’il avait appris son projet de rencontrer l’AIPAC, avertissant le dirigeant de l’AP qu’il « regretterait » de l’avoir fait.
« À ma connaissance, les souvenirs du dirigeant Abbas sont incorrects. Je n’ai été informé d’aucunes conversations de ce type, mais je peux catégoriquement affirmer que nous n’avons jamais eu une telle conversation. En outre, je n’ai jamais fait usage d’un tel vocabulaire concernant l’AIPAC, ni avec lui ni avec quiconque », a déclaré Mitchell au Times of Israel.
Le bureau d’Obama a refusé de répondre aux demandes de commentaires.
Les responsables de l’AP ont rencontré à plusieurs reprises des délégations de l’AIPAC, notamment au début du mois lorsque Hussein al-Sheikh, conseiller principal d’Abbas, a accueilli des représentants du lobby, à Ramallah.
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