Abbas en Jordanie et en Egypte – premiers voyages depuis le début de la pandémie
Le roi Abdallah a réaffirmé son soutien à une solution à deux Etats lors d'une rencontre avec le dirigeant de l'AP, qui rencontrera al-Sissi lundi
Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s’est rendu en Jordanie puis en Egypte, dimanche, pour rencontrer les dirigeants des deux pays au cours de ses premières visites d’Etat en presque dix mois.
Abbas a rencontré le roi Abdallah II dans la ville d’Aqaba pour évoquer « les développements dans la sphère palestinienne », a indiqué le bureau présidentiel de l’Autorité palestinienne dans un communiqué laconique.
« [Abbas] a remercié le monarque jordanien pour son positionnement en soutien aux Palestiniens et à leurs droits à la liberté et à l’indépendance », a déclaré le bureau d’Abbas.
Abdallah a noté dans un communiqué que la Jordanie résistera à « toute tentative de changer l’identité » de Jérusalem sur le terrain. Il a ajouté que le pays avait réaffirmé son soutien à la solution à deux Etats.
De hauts responsables palestiniens, Hussein al-Sheikh et Majed Faraj, ont également pris part à la réunion avec le souverain jordanien, a noté l’agence de presse officielle de l’AP, Wafa. Les deux hommes sont deux des conseillers les plus proches d’Abbas : Al-Sheikh contrôle la puissante Commission des Affaires civiles qui est chargée des relations avec Israël et Faraj est à la tête des services de renseignements palestiniens.
Abbas a quitté la Jordanie dans l’après-midi et est parti au Caire, où il devrait s’entretenir avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi lundi.
Ces visites d’Etat sont les toutes premières d’Abbas depuis un déplacement, au mois de février, au Conseil de sécurité des Nations unies, où il avait condamné le plan de paix controversé du président sortant américain Donald Trump.
Les mois qui ont suivi ont été tumultueux – la pandémie de coronavirus a balayé le monde ; Israël a normalisé les relations avec trois Etats arabes, ce qui a modifié l’ordre régional de manière spectaculaire ; le plan israélien d’annexion de certains pans de la Cisjordanie a été annoncé avant d’être mis en suspens. Et les Palestiniens se sont retrouvés de plus en plus isolés sur le plan diplomatique et mis sur la défensive.
Les rencontres d’Abbas avec les dirigeants arabes suivent la reprise de la coordination sécuritaire entre l’Etat juif et l’Autorité palestinienne après presque six mois de rupture publique des liens entre les deux parties, une rupture amorcée par Ramallah. Le président de l’AP ne peut pas voyager sans l’approbation des autorités israéliennes.
Tandis que le plan d’annexion a été mis en suspens dès le mois d’août dans le cadre des accords de normalisation avec les Emirats arabes unis, la coordination entre l’Autorité palestinienne et Israël n’a repris qu’il y a une dizaine de jours.
Cette décision de reprise des liens est survenue quelques jours seulement après la victoire du candidat démocrate Joe Biden aux élections présidentielles américaines, un président qui, selon Ramallah, affichera une plus grande sympathie à l’égard de la cause palestinienne que ce n’était le cas du président sortant, Donald Trump. L’AP a rompu tous les liens avec l’administration Trump il y a trois ans pour protester contre ses politiques.
Selon un conseiller d’Abbas, Nabil Shaath, le coronavirus a aussi eu un rôle majeur dans la limitation de ses voyages. Comme de nombreuses autres personnalités vieillissantes de l’Autorité palestinienne, le président, âgé de 84 ans, est considéré comme vulnérable face à d’éventuelles complications du virus en raison de son âge et de ses antécédents médicaux.
« Il y a eu beaucoup de restrictions qui ont été mises en place, même sur ses réunions ici, et le nombre de personnes autorisées à le rencontrer a été limité », a déclaré Shaath au cours d’un appel téléphonique avant de citer les hauts-responsables de Ramallah qui ont été infectés par la COVID-19 depuis le début de l’épidémie.
https://twitter.com/HusseinSheikhpl/status/1333066242337501191
Une demande de commentaire auprès d’un porte-parole d’Abbas concernant le moment choisi pour ces déplacements n’a pas reçu de réponse.
Si la Jordanie et l’Egypte ont exprimé leur soutien à la cause palestinienne dans l’Histoire, les deux pays ont signé des traités de paix avec l’Etat juif et travaillent étroitement avec ce dernier sur des questions régionales.
L’Egypte profite de liens particulièrement étroits avec Israël, le Caire dépendant de l’Etat juif pour aider à contenir une insurrection islamiste violente dans le nord du Sinaï. Al-Sissi est aussi étroitement aligné sur les Emirats arabes unis et il a salué la décision de normalisation des liens entre Abou Dhabi et Jérusalem à la mi-août.
« J’apprécie à sa juste valeur l’effort de ceux qui se sont embarqués dans cet accord, au nom de la prospérité et de la stabilité dans notre région », avait déclaré al-Sissi.
Les Jordaniens ont fait preuve de plus de retenue dans leurs éloges.
« La décision de geler l’annexion des terres palestiniennes contenue dans l’accord signé par les Emirats arabes unis et Israël doit être suivi par Israël qui doit mettre un terme à toutes les mesures illégales qui sapent les opportunités de paix et qui contreviennent aux droits des Palestiniens », avait dit le ministre des Affaires étrangères Ayman Safadi.