Israël en guerre - Jour 398

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Accord pétrolier Israël-EAU : Les militants verts en appellent à John Kerry

L'accord sur le transfert du pétrole d'Eilat à la mer Morte est contraire au "nouvel esprit de la coopération entre Israël et les US", selon les organisations, et doit être stoppé

Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Les conteneurs de stockage de pétrole de l'Eilat Ashkelon Pipeline Company (EAPC) dans les montagnes près de la ville d'Eilat, port israélien sur la mer Rouge, le 10 février 2021. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)
Les conteneurs de stockage de pétrole de l'Eilat Ashkelon Pipeline Company (EAPC) dans les montagnes près de la ville d'Eilat, port israélien sur la mer Rouge, le 10 février 2021. (Crédit : Menahem Kahana/AFP)

Les organisations et les activistes œuvrant pour la défense de l’environnement ont écrit à John Kerry, envoyé spécial sur les questions de l’environnement de l’administration américaine. Pou eux, l’accord conclu entre des entreprises en Israël et aux Emirats arabes unis qui prévoit d’utiliser l’État juif comme « pont terrestre » pour le transfert de pétrole brut depuis le Golfe persique vers le marché européen est « contraire au nouvel esprit de la coopération sur le climat entre Israël et les Etats-Unis ».

« Nous avons des inquiétudes environnementales spécifiques liées à la probabilité de fuites d’hydrocarbures dans le Golfe d’Aqaba qui sont susceptibles de mettre en péril les coraux uniques d’Eilat, en Israël, la péninsule du Sinaï en Égypte et d’Aqaba, en Jordanie », dit le courrier qui met aussi en garde contre « la pollution potentielle par le pipeline des écosystèmes uniques des déserts d’Arava et du Negev » et contre les « déversements de pétrole au large de la côte israélienne en Méditerranée. »

« Non moins important », continue la missive, « nous pensons que le projet est contraire au nouvel esprit de la coopération entre Israël et les Etats-Unis sur le climat – une coopération que nous avons été très heureux d’apprendre et qui aurait donc été décidée suite à des conversations qui ont eu lieu avec l’ambassadeur israélien aux Etats-Unis, Gilad Erdan ».

Au mois de février, Kerry et Erdan se sont entretenus au téléphone et ils ont évoqué « les défis environnementaux que nos deux pays sont amenés à affronter », selon un tweet émis par ce dernier, qui est également ambassadeur israélien à l’ONU et qui a occupé, dans le passé, le poste de ministre de la Protection environnementale au sein de l’État juif.

« Je lui ai dit que je serai un soldat dans la lutte contre le changement climatique. Nous avons convenu de nous rencontrer bientôt pour débattre de nouvelles initiatives et pour évoquer la vision d’une économie à zéro carbone », avait-il dit.

L’accord sur le pétrole avait suivi la signature d’un pacte de normalisation des liens conclu entre Israël et les Émirats arabes unis dans le cadre des « Accords d’Abraham », négociés par les Etats-Unis.

« Au vu du rôle déterminant tenu par la précédente administration américaine dans l’initiation et dans les négociations qui ont entraîné ces accords importants [entre l’État juif et les EAU] et au vu de l’intérêt que porte la nouvelle administration à la nécessité de continuer à construire sur ces Accords, nous pensons qu’il est essentiel que les Accords s’alignent sur la lutte contre la crise climatique et qu’ils ne soient pas utilisés de manière abusive – d’une manière qui mettrait en péril notre environnement fragile et qui serait contraire aux engagements pris par les États-Unis et Israël, » conclut le texte.

L’envoyé spécial américain sur le climat de l’administration Biden, John Kerry, à gauche, et le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire avant un déjeuner de travail à Paris, le 10 mars 2021. (Crédit : AP Photo/Francois Mori)

Cette lettre entre dans le cadre de la tentative menée par les organisations de défense de l’environnement d’empêcher la mise en œuvre d’un protocole d’accord qui a été signé au mois d’octobre par l’entreprise israélienne publique Europe-Asia Pipeline Co., ex-Eilat-Ashkelon Pipeline Co., et par MED-RED Land Bridge, une co-entreprise israélo-émiratie, qui prévoit de transférer du pétrole et des produits dérivés de l’or noir depuis le port d’Eilat, sur la mer Rouge, vers le port d’Ashkelon, en Méditerranée, via un pipeline pétrolier qui avait été construit dans les années 1960.

La missive a été signée par les dirigeants de la Zalul, d’EcoOcean et la Patrouille côtière, qui sont toutes des organisations de défense de l’écologie marine ainsi que par les présidents ou les directeurs de la Société de conservation d’Eilat, d’EcoPeace ME, de l’Institut d’études environnementales d’Arava et des Gardiens du foyer, entre autres. Les directeurs-généraux de l’Initiative d’énergie renouvelable Eilat Eilot et de la société Energiya Global Capital, qui commercialise des panneaux solaires, ont également apporté leur signature.

La plus grande partie du pétrole du Golfe transite par le Canal de Suez ou par le pipeline Sumed, en Égypte et, ces dernières années, pas plus de deux ou trois pétroliers n’ont jeté l’ancre, chaque année, au terminal de l’EAPC à Eilat, transportant majoritairement du pétrole depuis la Russie ou l’Asie centrale vers l’Extrême-Orient.

Faithful Warrior, un pétrolier faisant le plein au terminal EAPC d’Eilat, dans le sud d’Israël, du 8 au 9 janvier. (Mori Hen, de l’association à but non lucratif Desert and Sea Environment, Eilat)

Depuis le mois de janvier, malgré tout, ce sont neuf pétroliers qui se sont amarrés au terminal.

L’accord conclu entre l’EAPC et RED-MED et qui pourrait rapporter, selon Reuters, 700 millions à 800 de dollars sur huit années à l’entreprise publique, pourrait permettre à 30 millions de mètres-cubes de pétrole et autres produits dérivés embarqués sur pas moins de 120 pétroliers par an d’utiliser le port de l’EAPC à Eilat.

Environ 250 scientifiques ont signé une pétition s’opposant à l’accord et les résidents d’Eilat organisent des manifestations régulières pour protester contre ce projet.

La semaine dernière, un important responsable du ministère de la Protection environnementale a révélé qu’une fuite de pétrole survenue aux abords de trois usines de dessalement avait entraîné la fermeture de ces dernières pendant trois jours. Les Israéliens dépendent des cinq usines de dessalement du pays pour environ 75 % de l’eau potable consommée dans le pays.

Une fuite de pétrole au large de la côte méditerranéenne d’Ashdod qui a entraîné la fermeture de trois usines de désalinisation pendant trois jours au mois de janvier 2017. (Autorisation : Zalul)

Les usines de dessalement, très sensibles, doivent être fermées en cas de fuite de pétrole.

L’incident de 2017 avait été causé par une fuite de pétrole en mer Méditerranée d’environ 100 mètres cubes (100 000 litres) provenant d’un tuyau vieillissant dans la ville méridionale d’Ashdod, utilisé par la raffinerie de pétrole Paz et la compagnie électrique israélienne. La contamination avait été trouvée sur les plages d’Ashkelon, dans le sud, jusqu’à la communauté de Ga’ash, dans le centre d’Israël.

Les usines d’Ashdod, de Palmachim et de Soreq avaient baissé le rideau et les plages du secteur avaient été fermées au public pendant dix jours.

Le responsable de la fuite n’a pas été déterminé jusqu’à présent.

Les Israéliens nettoient la plage de Bat Yam suite à une marée noire qui a pollué la plus grande partie de la ligne côtière, le 2 mars 2021. (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

La plus grande partie des plages méditerranéennes d’Israël ont été interdites d’accès au public pendant deux semaines et demi, après une fuite de pétrole qui aurait eu lieu début février mais qui n’a été identifiée qu’en date du 10 février, lorsque des quantités importantes de goudron se sont déversées sur le rivage et à ses abords.

Le ministère de la Protection environnementale a attribué la responsabilité de cette marée noire à un navire syrien, l’Emerald, qui transportait apparemment du pétrole brut parti d’Irak ou d’Iran vers la Syrie en violation des sanctions.

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