Israël en guerre - Jour 366

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Accord sur le retour de 50 otages: les proches oscillent entre espoir et incertitude

La femme dont les deux enfants et leur père ont été enlevés espère qu'ils seront tous libérés « mais est réaliste ». Elle se battra « jusqu'à la libération de tous les otages »

Des proches d'otages israéliens détenus par des terroristes palestiniens dans la bande de Gaza manifestent devant le ministère de la Défense, à Tel Aviv, pour demander leur libération, le 21 novembre 2023, dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)
Des proches d'otages israéliens détenus par des terroristes palestiniens dans la bande de Gaza manifestent devant le ministère de la Défense, à Tel Aviv, pour demander leur libération, le 21 novembre 2023, dans le cadre de la guerre entre Israël et le Hamas. (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

JTA — Avec son visage qui porte les stigmates de 47 jours d’attente et d’angoisse, Hadas Kalderon est descendue dans la rue pour bloquer la circulation dans une rue du centre de Tel-Aviv, non loin du quartier général de l’armée israélienne.

Kalderon demandait que les dirigeants israéliens, réunis à l’intérieur, approuvent l’accord destiné à obtenir la libération de 50 au moins des otages détenus par le Hamas – et peut-être de son fils et de sa fille.

« Nous voulons qu’ils reviennent tous, je me battrai jusqu’au bout jusqu’à ce que tous aient été libérés », assure Kalderon, dont la fille de 16 ans, Sahar, le fils de 12 ans, Erez, et leur père – son ex-mari, Ofer – ont été enlevés au kibboutz Nir Oz le 7 octobre dernier. Ils font partie des quelque 240 otages détenus par le Hamas et d’autres groupes terroristes à Gaza, enlevés lors de l’attaque dévastatrice de ce jour-là au cours de laquelle 1 200 autres personnes ont été tuées.

L’accord approuvé par le gouvernement israélien, tôt mercredi matin, permettra la libération de 50 au moins des otages israéliens – dont des femmes et des enfants – en échange de 150 femmes et mineurs palestiniens incarcérés dans les prisons israéliennes pour des motifs d’atteinte à la sécurité. Israël a également accepté une pause de quatre jours dans les combats contre le Hamas à Gaza.

Kalderon sait que cet accord ne lui ramènera pas toute sa famille. Mais elle estime qu’il s’agit d’une première étape cruciale.

« Le père de mes enfants est là-bas, je veux que mes enfants aient leur père, mais je suis réaliste », explique-t-elle au sujet de l’accord, qui exclut a priori les hommes et les soldats. « Dans un premier temps, il faut s’occuper des plus faibles. Les bébés, les enfants et les personnes âgées ne survivront pas. Ensuite seulement, il s’agira de les faire tous libérer. »

Des portraits d’otages israéliens détenus à Gaza depuis l’attaque du 7 octobre par le Hamas, à Tel Aviv le 21 novembre 2023 (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Loin des récentes manifestations qui ont fait descendre des dizaines de milliers d’Israéliens dans les rues, ou même de cette marche de Tel-Aviv à Jérusalem, la semaine dernière, qui a attiré de nombreux manifestants favorables à la libération des otages, un petit groupe d’une centaine d’Israéliens s’est réuni mardi soir pour demander l’approbation de l’accord sur les otages. Malgré la petite foule qui bloquait le boulevard Begin, très fréquenté, la police n’a rien fait pour les disperser et les automobilistes se sont montrés beaucoup plus patients que lors des précédentes manifestations.

« C’est une bonne chose », confie le chauffeur d’un bus Egged à l’arrêt. Evoquant le mouvement de protestation massif qui a touché tout le pays pendant une grande partie de l’année, avant le 7 octobre, il dit : « Rien à voir avec les réformes judiciaires. Ce sont des citoyens israéliens captifs à Gaza, c’est beaucoup plus important. »

Malgré cet accord historique, il y a bien eu peu de signes de réjouissances en raison de ce que suppose l’accord pour ceux qui n’en font pas partie.

« Ce n’est pas simple », explique Shir Sella, une cousine de 24 ans de la famille Kalderon. « Nous craignons que cela rende plus difficile encore la libération des hommes : il s’agit de savoir ce que nous abandonnons… J’ai l’impression que le gouvernement nous a trahis en ne nous protégeant pas. »

En outre, la pause de plusieurs jours dans les combats suscite des inquiétudes vis-à-vis des soldats israéliens qui se battent à Gaza car des responsables israéliens ont déclaré que les soldats resteraient sur place pendant la trêve. Les soldats retenus en otage ne font pas partie de l’accord.

« Si j’étais la mère d’un soldat en captivité, je serais terrifiée »,confie Michal Roth, dont le fils est soldat à Gaza.

« Nous nous trouvons face à un dilemme absolument inhumain : je crois que le Hamas espère que nous allons nous entredéchirer avec cet accord », ajoute Kenneth Roth. « Mais ce n’est pas une situation gagnant-gagnant. Même avec mon fils à Gaza, en tant que mère, mes pensées vont aux enfants otages, et non à lui. »

Des familles d’otages israéliens détenus par des terroristes palestiniens dans la bande de Gaza manifestent devant le ministère de la Défense à Tel Aviv pour demander leur libération, le 21 novembre 2023, dans le contexte de la guerre en cours entre Israël et le Hamas. (Ahmad Gharabli/AFP)

De l’autre côté de la route, un petit groupe de contre-manifestants s’est rassemblé pour exprimer son opposition à l’accord sur les otages, point de vue qui est surtout celui des partis politiques d’extrême droite de la Knesset, qui ont juré de voter contre l’accord. La députée Limor Son Har-Melech, membre du parti ultranationaliste Otzma Yehudit – dirigé par le ministre de la Sécurité intérieure Itamar Ben Gvir – se tient à bonne distance des deux manifestations.

« Cela me fait mal de voir ces clivages », affirme-t-elle. « J’ai de bonnes relations avec les familles qui veulent un accord, mais je pense que c’est un accord très dangereux pour nous. »

Son Har-Melech a été grièvement blessée, alors qu’elle était enceinte, lors d’un attentat terroriste en 2003 qui a tué son premier mari, Shuli Har-Melech. Les terroristes qui ont perpétré cette attaque faisaient partie du millier de Palestiniens libérés en 2011 dans le cadre d’un accord avec le Hamas pour libérer le soldat israélien Gilad Shalit, rappelle-t-elle.

« Nous ne tirons pas les leçons du passé – il faut tirer les leçons de l’accord Shalit », assure Son Har-Melech, notant que l’actuel chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinwar, considéré comme l’un des cerveaux du massacre du 7 octobre, a également été libéré à cette occasion.

« Le Hamas profite de notre faiblesse : nous aurions plus de chances de les récupérer tous si nous montrions notre force », ajoute-t-elle, expliquant que « si nous ne sommes pas unis, nous allons forcément perdre ».

Des familles d’otages israéliens détenus par des terroristes palestiniens dans la bande de Gaza manifestent devant le ministère de la Défense à Tel Aviv pour demander leur libération, le 21 novembre 2023, dans le contexte de la guerre en cours entre Israël et le Hamas. (Ahmad Gharabli/AFP)

Atara Levy, une militante de Women Wage Peace, est venue à la manifestation pour témoigner de sa solidarité avec son amie Netta Heiman, dont la mère Ditza, âgée de 84 ans, a été faite prisonnière au kibboutz Nir Oz. (Vivian Silver, l’une des cofondatrices du groupe, a été assassinée le 7 octobre dans sa maison du kibboutz Beeri. On pensait qu’elle était otage jusqu’à ce que son corps soit découvert.)

« Nous avons besoin d’une solution diplomatique et il n’y a pas d’autre choix que d’accepter l’accord », assure M. Levy. « Je ne sais pas si c’est un pas vers la paix, mais c’est certainement un pas dans la bonne direction pour la survie de la nation, parce qu’un État qui ne peut pas récupérer ses otages n’a aucune légitimité. »

Levy n’a pas beaucoup d’espoir dans le gouvernement, ce qui ne l’empêchera pas de participer demain à une réunion Zoom avec des « centaines » de femmes palestiniennes de Cisjordanie et de Gaza qui veulent la paix et « nous soutiennent, dans l’unité ».

Efrat, une manifestante de Tel-Aviv qui ne souhaite pas révéler son nom de famille, se sent « très mal » vis-à-vis de l’accord – en raison de la douleur et des incertitudes qui subsistent.

« Même si 50 d’entre eux sont libérés, il en reste encore plus de 150 », dit-elle. « Je ne peux me sentir bien, en tant que citoyenne d’Israël ou en tant qu’être humain, tant qu’ils n’auront pas tous été libérés ».

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