Accusations d’antisémitisme contre un député LFI : vers un procès pour diffamation
Invité sur Tébéo, Maël de Calan, président LR du Finistère, a déclenché une vive polémique en accusant le député LFI Pierre-Yves Cadalen de soutenir des positions « factieuses et antisémites »

Une petite phrase qui fait grand bruit. Invité de la chaîne de télévision Tébéo le 27 décembre dernier, Maël de Calan, président Les Républicains (LR) du département du Finistère, a commenté l’alliance des partis de gauche du Nouveau Front Populaire.
À propos du Parti Socialiste (PS), il regrette qu’« un grand parti de gouvernement » puisse s’associer à La France Insoumise (LFI). Un mouvement de gauche radicale que Calan décrit les membres comme étant : « factieux, violents et antisémites. »
Le journaliste réagit et relance le président du Finistère : « Vous pensez que Cadalen (député LFI, NDLR) est factieux et antisémite ? » La réponse est sans ambiguïté : « Oui, je pense que Pierre-Yves Cadalen est factieux et antisémite, ou en tout cas qu’il soutient des positions factieuses et antisémites. »
C’en est trop pour le député insoumis, qui décide de réagir et de porter l’affaire devant les tribunaux. « Cette diffamation m’atteint bien entendu personnellement, mais porte également atteinte à mon mouvement et à l’ensemble des citoyens que je représente », écrit Pierre-Yves Cadalen, après avoir annoncé déposer plainte pour diffamation.
À gauche, du côté des alliés du NFP, la levée de boucliers est unanime. Socialistes, écologistes et communistes volent au secours de leur collègue insoumis. Membre de la minorité départementale Finistère & Solidaires (Parti socialiste), Kévin Faure invite Calan à « rester calme et courtois » et estime qu’un tel comportement n’est pas digne « d’un président de département ».
Ismaël Dupont, secrétaire du Parti communiste dans le Finistère, reproche au président du département de chercher à disqualifier « la solidarité avec le peuple palestinien et la critique de la politique guerrière et colonialiste du gouvernement d’extrême droite israélien, ainsi que des complicités de cette politique en Europe et aux États-Unis ».
De son côté, la conseillère départementale écologiste Pauline Louis-Joseph-Dogué déplore « des attaques personnelles indignes et violentes, qui n’ont aucun fondement et portent atteinte à l’honneur de la personne ainsi qu’à la qualité du débat public, en contribuant à fracturer la société, flattant les pires instincts et excitant peurs et haines ».
Si Maël de Calan s’excuse pour les « attaques personnelles » contre Cadalen, qu’il avoue ne pas connaître, le président assure attendre « avec impatience une confrontation judiciaire, si elle doit avoir lieu, qui sera l’occasion d’alerter l’opinion publique sur la dérive antisémite de La France Insoumise ». Selon lui, La France Insoumise est « responsable de la montée de l’antisémitisme, qualifie le Hamas de mouvement de résistance, n’a toujours pas condamné les attaques du 7 octobre, et désigne nos compatriotes de confession juive à la vindicte ».
J’ai l’honneur d’être attaqué par LFI pour avoir déclaré que ce parti avait des positions factieuses et antisémites.
Ces propos je les maintiens. Il est temps d’ouvrir les yeux : LFI est un dangereux parti extrémiste qui est sorti du cadre républicain. https://t.co/Y4c231FffX
— Maël de Calan ???????? (@MaeldeCalan) January 18, 2025
En cas de confrontation judiciaire, la décision du tribunal pourrait faire jurisprudence : pour la première fois, un juge serait amené à statuer sur l’antisémitisme présumé d’un membre de La France Insoumise.