Albert Bourla, PDG de Pfizer, reçoit le prix Genesis 2022
La fondation a salué la volonté de Bourla de prendre des risques pour produire un vaccin le plus vite possible ; il fera don de la récompense à la mémoire de la Shoah
La Fondation Genesis a annoncé mercredi que le lauréat de son prix annuel pour 2022 est Albert Bourla, PDG de Pfizer, qui a produit un vaccin COVID-19 qui a été utilisé par Israël et d’autres pays du monde pour immuniser leurs populations contre le coronavirus.
Le prix Genesis honore les personnes qui servent d’inspiration à la prochaine génération de juifs par leurs réalisations professionnelles exceptionnelles et leur engagement envers les valeurs juives et le peuple juif.
Bourla a reçu le plus grand nombre de voix lors d’un récent vote mondial auquel ont participé plus de 200 000 personnes de 71 pays. Sa nomination en tant que lauréat du prix a ensuite été approuvée à l’unanimité par la commission de sélection de la fondation Genesis, a déclaré la fondation dans un communiqué.
La commission a félicité Bourla « pour son leadership, sa détermination et surtout pour sa volonté d’assumer de grands risques ».
« Contrairement aux PDG de la plupart des autres grandes entreprises travaillant au développement des vaccins COVID-19, le Dr Bourla a refusé des milliards de dollars de subventions fédérales américaines afin d’éviter la bureaucratie gouvernementale et d’accélérer le développement et la production du vaccin », indique le communiqué. « En conséquence, le vaccin COVID-19 de Pfizer a été prêt en un temps record : quelques mois au lieu de quelques années. »
La fondation a également noté « la fierté du Dr Bourla pour son identité et son héritage juifs, son engagement envers les valeurs juives et son soutien à l’État d’Israël ».
Le président Isaac Herzog remettra le prix d’un million de dollars à Bourla lors d’une cérémonie qui se tiendra en Israël le 29 juin.
Les lauréats ont l’habitude de faire don de leur prix à une cause philanthropique et Bourla a demandé que l’argent soit affecté à la préservation de la mémoire des victimes de la Shoah, « en particulier à la tragédie subie par la communauté juive grecque », précise le communiqué.
Né à Thessalonique, en Grèce, Bourla a grandi en tant qu’enfant de survivants de la Shoah.
« Je n’avais pas l’intention de mener une vie publique, et je n’aurais jamais pu imaginer que je recevrais un jour le grand honneur du prix Genesis et que je me trouverais aux côtés de mes extraordinaires homologues sélectionnés », a déclaré M. Bourla dans le communiqué. « Je l’accepte humblement et au nom de tous mes collègues de Pfizer qui ont répondu à l’appel urgent de l’histoire ces deux dernières années et qui, ensemble, ont courbé l’arc de notre destin commun. »
« J’ai été élevé dans une famille juive qui croyait que notre force réside dans les liens de notre communauté ; et que nous sommes tous appelés par Dieu à réparer le monde », a déclaré Bourla, en référence au principe central du judaïsme qu’est le tikkoun olam et qui consiste à parfaire le monde. « Je suis impatient d’être à Jérusalem pour accepter en personne cet honneur, qui symbolise le triomphe de la science et un grand espoir pour notre avenir. »
Le prix est habituellement décerné à Jérusalem chaque année en juin lors d’un dîner auquel participe le Premier ministre. Mais la cérémonie a été annulée ces deux dernières années en raison de la pandémie.
Le PDG de la Fondation Genesis, Stan Polovets, a fait l’éloge de Bourla, déclarant qu’il « incarne deux des valeurs juives les plus fondamentales : l’engagement envers le caractère sacré de la vie et la réparation du monde. »
« Des millions de personnes sont en vie et en bonne santé grâce à ce que le Dr Bourla et son équipe chez Pfizer ont accompli », a déclaré Polovets, ajoutant qu’il s’agissait d’un « moment de fierté non seulement pour le lauréat, mais aussi pour l’ensemble de la communauté juive ».
« Un peuple si petit en nombre a un impact si grand sur cet effort mondial pour sauver des vies », a ajouté Polovets.
Les autres candidats retenus pour le prix, souvent appelé « Nobel juif », étaient l’acteur, producteur, réalisateur et militant Sacha Baron Cohen, la créatrice de mode Diane von Furstenberg, le philosophe et auteur Yuval Noah Harari, l’actrice et militante Scarlett Johansson et le militant des droits de l’Homme et chasseur de nazis français Serge Klarsfeld.
Parmi les précédents lauréats du prix Genesis figurent l’artiste Anish Kapoor, le violoniste Itzhak Perlman, l’ancien maire de New York Michael Bloomberg et l’acteur-réalisateur Michael Douglas. En 2018, la juge de la Cour suprême américaine Ruth Bader Ginsburg a reçu un prix pour l’ensemble de sa carrière de la part de la fondation.
En 2018, l’actrice Natalie Portman a refusé de participer à la cérémonie de remise du prix car elle ne voulait pas donner l’impression de soutenir le Premier ministre de l’époque, Benjamin Netanyahu.
Le prix a été inauguré en 2014 et est géré dans le cadre d’un partenariat entre la fondation privée Genesis Prize Foundation et le bureau du président de l’Agence juive, un groupe à but non lucratif qui entretient des liens étroits avec le gouvernement israélien. Il est financé par une dotation de 100 millions de dollars établie par la fondation.
Pfizer s’était retiré du programme Operation Warp Speed du gouvernement américain visant à développer un vaccin contre le COVID et avait refusé des milliards de dollars de subventions qu’il aurait pu recevoir. Selon la fondation Genesis, cette décision a permis d’éviter la bureaucratie gouvernementale et d’accélérer le développement et la production du vaccin.
Lorsque le vaccin a enfin été prêt, Israël a été l’un des premiers pays à recevoir les doses, ce qui lui a permis d’entamer une campagne de vaccination de masse inédite. À ce jour, plus de 6 millions des 9,5 millions d’habitants d’Israël ont reçu les deux doses du vaccin, dont 4,3 millions ont également reçu un troisième rappel.
L’année dernière, Bourla a été honoré lors de la cérémonie officielle du jour de l’indépendance d’Israël. Le Technion Institute of Technology de Haïfa a également décerné à Bourla un doctorat honorifique « pour sa réussite extraordinaire dans la mise au point en un temps record » du vaccin COVID-19.