Alex Dancyg, 75 ans : Le spécialiste de la Shoah, « un vrai sage à l’esprit vif »
Il a été kidnappé dans le kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, puis assassiné à Gaza en février 2024 ; Tsahal a récupéré sa dépouille en août 2024
Alex (Olesh) Dancyg, 75 ans, a été kidnappé lors du pogrom perpétré le 7 octobre 2023 par le groupe terroriste palestinien du Hamas au kibboutz Nir Oz et emmené à Gaza. En juillet 2024, Tsahal a confirmé qu’Alex avait été assassiné dans la bande de Gaza.
En août 2024, le corps d’Alex a été retrouvé dans un tunnel à Khan Younès, aux côtés des dépouilles de cinq autres otages : Yagev Buchshtav, Nadav Popplewell, Avraham Munder, Chaim Peri et Yoram Metzger. Une enquête menée par Tsahal a révélé que les six otages avaient été exécutés par balle par les terroristes à la mi-février 2024.
Alex a été enterré au kibboutz Nir Oz le 25 août 2024. Il laisse derrière lui ses quatre enfants, Yuval, Matti, Ben et Lee, ainsi que de nombreux petits-enfants.
Né à Varsovie, en Pologne, en 1948, de Nina et Marcin, deux survivants de la Shoah, Alex a fait son alyah en 1957 avec ses parents et sa sœur aînée, Edith, et a rejoint le mouvement de jeunesse sioniste de gauche HaShomer HaTzaïr. Il a effectué son service militaire dans la brigade des parachutistes de Tsahal avant de s’installer au kibboutz Nir Oz, où il a élevé ses enfants avec son épouse de l’époque, Rachel, et a travaillé dans le secteur agricole.
Diplômé en histoire de l’université de Ben Gurion, Alex a travaillé comme professeur d’histoire jusqu’à ce qu’un voyage en Pologne en 1986 – le premier depuis son départ en 1957 – éveille son vif intérêt pour l’histoire et l’enseignement de la Shoah. En 1990, il a commencé à travailler avec le musée Yad Vashem au ministère de l’Éducation pour former des guides de voyages de jeunes en Pologne ainsi que pour former des enseignants, des membres du clergé et des officiers de police polonais. Il a ainsi acquis une renommée mondiale en tant qu’historien de la Shoah et expert dans ce domaine, et a écrit plusieurs livres sur le sujet.
Dans un enregistrement vidéo d’une conférence qu’il a donnée peu de temps avant sa mort, Alex s’était décrit comme « né en Pologne, un enfant polonais, fils de survivants de la Shoah de Varsovie et d’ailleurs, descendant d’une famille historique de grands rabbins de Vilna. Et pourtant, je suis culturellement pauvre… un Juif avec des racines profondes et un patriote israélien. Est-ce possible ? Oui. Je veux que les enfants comprennent que la vie est compliquée ».
Inbal Kvity Ben-Dov, cadre à Yad Vashem, a rendu hommage à Alex dans un texte en ligne, évoquant les « moments drôles, émouvants, irritants et éducatifs » qu’ils ont partagés. « Les souvenirs du rouquin fougueux que tu étais, même quand tes cheveux sont devenus blancs. Nous avons traversé des hauts et des bas dans notre travail commun, et tu étais toujours sage et vif d’esprit, charismatique et éloquent, très cultivé, mais aussi grincheux, irritable et perpétuellement affamé. Pas seulement pour un bon repas, une boisson ou des noix salées, mais affamé de nouveaux témoignages de survivants, de livres captivants à débattre pendant des heures, de nouvelles expériences et d’idées philosophiques stimulantes. »
Après l’annonce de son décès, son fils Yuval a écrit sur Instagram : « Ce n’est pas comme ça que ça devait se terminer. »
« Tu as été kidnappé vivant, hors de ton lit, en ce matin maudit, et tu aurais dû revenir vivant et en un seul morceau. Je suis désolé que nous ayons failli à cette tâche », a écrit Yuval. « Je découvre, depuis quelques mois, combien de personnes tu as inspirées et l’incroyable héritage que tu as laissé derrière toi. Je promets de porter cet héritage avec moi et de raconter ton histoire. »
À la suite du rapatriement du corps d’Alex, son fils, Matty, a confié à la chaîne publique Kan que son père était « l’un des fondateurs » des voyages aujourd’hui largement répandus des lycéens israéliens en Pologne.
« Il y a consacré une grande partie de sa vie. Il a travaillé de nombreuses années avec Yad Vashem, établi des dialogues avec des groupes de Juifs polonais, et tenté d’expliquer le point de vue des citoyens polonais de manière plus précise, plus historique et moins stéréotypée », a expliqué Matty. Parallèlement, Alex travaillait dans l’agriculture au kibboutz, où il a vécu plus de 50 ans.
« C’était un homme très intelligent, chaleureux, qui aimait sa famille. C’était la personne avec laquelle j’aimais le plus discuter : il avait une connaissance immense et était toujours fascinant », a ajouté Matty.
« Il me manque énormément. Il est crucial pour moi que l’héritage qu’il a bâti – celui de l’enseignement de la Shoah et d’une histoire nuancée – se perpétue. »
Pour lire d’autres hommages sur les victimes des massacres du Hamas du 7/10/2023 et de la guerre qui s’en est suivie, cliquez ici.