Comment l’armée a découvert les dépouilles de six otages cachées dans un tunnel secret du Hamas
A l'aide de renseignements, l'armée a rapidement pris le contrôle d'un quartier de Khan Younès, trouvant ensuite un panneau mobile dans une fausse paroi souterraine qui ouvrait sur l'endroit où étaient les corps sans vie
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Presque dix mois après leur enlèvement par les terroristes du Hamas – et des mois sans doute après la mort qu’ils ont connue en captivité – l’armée israélienne a retrouvé les corps sans vie de six otages israéliens au cours d’une opération qui a été rapidement organisée dans le sud de la bande.
Il s’agit de l’opération de ce genre la plus rondement menée à ce jour par l’armée dans le cadre de la guerre contre le Hamas, ce qui témoigne de la capacité croissante de Tsahal à utiliser rapidement les renseignements, ses capacités opérationnelles et l’expérience durement acquise dans ses opérations menées sous la surface du sol, à l’intérieur du vaste réseau souterrain du Hamas.
Les otages décédés qui ont été rapatriés sur le sol israélien, mardi matin, étaient Alex Dancyg, qui était âgé de 75 ans, Yagev Buchshtav, âgé de 35 ans, Chaim Peri, âgé de 79 ans, Yoram Metzger, âgé de 80 ans, Nadav Popplewell, âgé de 51 ans, et Avraham Munder, âgé de 78 ans. Leur décès à tous avait été antérieurement confirmé par les militaires, exception faite de Munder. Munder était ainsi, jusqu’à présent, présumé vivant, même si Tsahal était en possession d’informations inquiétantes sur son état de santé.
Des sources au sein de l’armée israélienne ont déclaré que le raid qui a permis de ramener les corps sans vie des otages et son orchestration rapide soulignent que les militaires parviennent dorénavant à prendre vite le contrôle des secteurs dont ils s’étaient précédemment retirés. Les soldats avaient mené des opérations à Khan Younès pendant quatre mois, au début de l’année, avant de quitter la zone.
Dimanche en tout début de matinée, la 98e division de Tsahal avait élargi une nouvelle opération en cours à Khan Younès – elle avait débuté il y a environ une semaine – étendant son offensive dans un autre périmètre de cette ville située au sud de la bande de Gaza.
Dès le début de la journée de lundi, la division avait pris le « contrôle opérationnel », avaient expliqué les militaires, de l’un des quartiers où les corps sans vie des otages étaient, semble-t-il, détenus.
L’armée disposait alors de renseignements relativement précis sur le tunnel où les dépouilles des otages se trouvaient, mais ils ignoraient leur localisation exacte.
Avec des renseignements somme toute limités, les soldats des unités de génie de combat ont alors pris la décision d’explorer en profondeur quatre endroits différents du quartier.
En moins de vingt-quatre heures, les troupes ont localisé un puits de dix mètres de profondeur qui menait à un réseau souterrain qui s’étendait sous tout le secteur. Tsahal a fait savoir qu’une équipe de soldats avait décelé plusieurs indices – des indices qui les ont mis sur la piste de la cache où se trouvaient les dépouilles.
C’est dans la nuit de lundi à mardi que les corps sans vie ont été retrouvés et sortis de la bande de Gaza – c’est la première fois qu’un raid de ce type se déroule avec une telle rapidité depuis le début de la guerre. En comparaison, les mêmes opérations, dans le passé, avaient pris plusieurs jours.
Le Hamas avait tenté de cacher les dépouilles des otages en les plaçant dans un passage souterrain qui était caché derrière une fausse paroi, à l’intérieur des tunnels. Les troupes qui fouillaient le souterrain ont trouvé un panneau mal agencé qui était fixé dans le mur, découvrant le passage secret.
Les militaires ont fait savoir que les soldats du génie de combat de l’unité d’élite Yahalom et les agents des services de sécurité du Shin Bet sont parvenus à forcer les portes résistantes aux explosions et à franchir d’autres obstacles dans le souterrain. En plus des corps sans vie des otages, ils ont trouvé des armes, des explosifs et d’autres équipements appartenant à des terroristes du Hamas.
L’armée israélienne a précisé que cette mission délicate avait été menée après des combats dans la zone. Les soldats ont fouillé les bâtiments et ils ont abattu plusieurs hommes armés, prenant le contrôle opérationnel du périmètre en un court laps de temps.
Certains des terroristes qui montaient la garde à l’entrée du tunnel ont pris la fuite alors que d’autres ont perdu la vie dans les affrontements avec l’armée, selon des sources proches de Tsahal.
Les troupes ont trouvé des armes sur plusieurs hommes qui avaient été tués à quelques centaines de mètres du tunnel où se trouvaient les corps, à proximité de certains puits qui menaient au réseau souterrain du Hamas. Les sources ont indiqué que ces terroristes avaient probablement la charge de monter la garde aux abords des tunnels.
Les corps sans vie de ces gardiens présumés ont aussi été emmenés en Israël pour être identifiés, Tsahal voulant être certain qu’aucun otage n’a été laissé derrière.
Les six captifs avaient été amenés à Gaza en vie au cours du pogrom qu’avait commis le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre, et ils se sont éteints pendant la guerre, qui est dorénavant en cours depuis presque dix mois.
Les cinq hommes auraient été tués à Khan Younès au début de l’année 2024. La cause de leur mort n’est toutefois pas encore connue.
Le décès de Munder n’avait pas été confirmé par l’armée – même si cette dernière était en possession d’informations inquiétantes sur son état de santé. Jusqu’à mardi matin, il était encore considéré comme vivant.
Alors que les dépouilles ont été retrouvées et rapatriées, les militaires ont annoncé qu’ils allaient continuer à tenter de déterminer la cause de leur mort, notamment la possibilité que certains – voire tous les six – aient perdu la vie dans des frappes israéliennes, au cours de l’offensive militaire qui avait été menée à Khan Younès.
105 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouveraient toujours à Gaza, y compris les corps sans vie de 34 personnes dont le décès a déjà été confirmé par l’armée israélienne.
Le Hamas avait libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine fin novembre, et quatre otages avaient été relâchés auparavant. Sept otages ont été sauvés vivants par les troupes, et les corps de 30 otages ont également été récupérés, dont trois qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014.