« Ils auraient pu être sauvés » : Les proches d’otages tués déplorent leur mort en captivité
Selon le fils d'Alex Dancyg, le Premier ministre "continue de contrecarrer et de saboter les chances d'un accord" ; Rimon, ex-otage et épouse de Yagev Buchshtav, dit qu'il avait promis de la suivre "dans quelques jours"
Les proches de deux otages, dont la mort a été confirmée par Tsahal lundi, ont exprimé leur chagrin et déploré le fait qu’ils auraient pu être sauvés de leur captivité.
Lundi, l’armée israélienne a informé les familles d’Alex Dancyg, 75 ans, et de Yagev Buchshtav, 35 ans, tous deux enlevés par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre, que les deux hommes étaient décédés il y a plusieurs mois à Gaza. Les circonstances de leur mort n’ont cependant pas encore été précisées.
Leurs corps sont toujours détenus à Gaza, a déclaré l’armée. Jusqu’à présent, Tsahal a confirmé la mort de 44 des 116 otages enlevés le 7 octobre et toujours détenus dans la bande de Gaza.
Yuval Dancyg, le fils d’Alex – un éminent professeur spécialiste de la Shoah enlevé au kibboutz Nir Oz – a écrit lundi sur Instagram que « ce n’est pas comme ça que ça devait se terminer ».
« Tu as été enlevé en vie et en bonne santé de ton lit en ce matin maudit, et tu aurais dû rentrer à la maison en vie et en un seul morceau. Je m’excuse de ne pas avoir pu te sauver », a écrit Yuval.
« Au cours de ces derniers mois, j’ai rencontré un nombre toujours plus important de personnes que tu as inspirées et j’ai compris l’incroyable legs que tu as laissé derrière toi », a ajouté Yuval. « Je promets de porter cet héritage avec moi partout et de raconter ton histoire. »
« L’heure est au deuil et à la commémoration. Le temps viendra de régler les comptes avec ceux qui sont responsables de ce qui s’est passé », a-t-il ajouté, faisant indirectement référence aux dirigeants.
Un autre des fils d’Alex, Mati Dancyg, a été plus explicite dans ses propos en affirmant que « Papa n’est pas juste mort – il est mort pour servir les intérêts du gouvernement destructeur de [Benjamin] Netanyahu », et a appelé la population à protester contre le gouvernement.
Le Premier ministre « poursuit ses efforts pour contrecarrer et saboter toute chance d’accord » et « préfère sauver son gouvernement pourri plutôt que de sauver la vie de citoyens israéliens dont il porte la responsabilité de l’enlèvement », a ajouté Mati.
« Sacrifier des otages pour des raisons politiques est un échec autrement plus grave que celui du 7 octobre. Ce n’est pas seulement une négligence criminelle, c’est une trahison », a ajouté Mati, précisant qu’il ne voulait pas qu’un seul soldat de Tsahal soit mis en danger par une mission visant à récupérer le corps de son père.
Buchshtav a été enlevé à son domicile du kibboutz Nirim avec sa femme, Rimon Kirsht Buchshtav. Elle a été libérée le 28 novembre dans le cadre d’un accord de libération d’otages conclu avec le Hamas. Le couple a été détenu ensemble pendant toute la durée de la captivité de Rimon. Refusant de laisser Yagev, Rimon a été contrainte de partir volontairement sous la menace d’être traînée au sol.
Réagissant à l’annonce de la mort de Yagev, Rimon a déclaré que « nos derniers moments ensemble ont été ponctués d’étreintes, de baisers et de ‘Je t’aime’. Yagev m’a dit que si j’allais bien, il irait bien lui aussi. Et qu’il serait de retour à la maison dans quelques jours ».
Rimon a ajouté que le couple avait « déjà prévu comment je serais assise sur le canapé à Nirim, avec les chiens et les chats, à cuisiner et à l’attendre. Cela ne devait durer que quelques jours » avant qu’il ne soit lui aussi libéré. « Ce n’est pas ainsi que cela devait se terminer. J’ai le cœur brisé. Yagev était une âme généreuse, sensible, belle et magique. Et je suis à tout jamais a lui ».
Sahar Kalderon, 16 ans, qui a été enlevée avec son père et son jeune frère au kibboutz Nir Oz le 7 octobre, puis libérée, a indiqué lundi qu’elle avait passé une partie de sa période de captivité avec Buchshtav.
« J’étais avec lui au même endroit pendant quelques jours, jusqu’à ce qu’ils me déplacent », a-t-elle déclaré. « Cela me fait mal au cœur parce que je sais qu’il était vivant et qu’Israël aurait pu le sauver. »
Yariv Yaakobi, un ami d’enfance de Buchshtav, a confié à la radio 103 FM que celui-ci était « un homme modeste et tranquille, un homme doté d’une grande compassion et d’un sens de la justice très développé ». Yaakobi a précisé que son ami était « un autodidacte qui apprenait tout seul toutes sortes de choses. Il savait jouer de tant d’instruments différents, en particulier ceux dont personne n’avait entendu parler ; il a appris lui-même à fabriquer des instruments ; à cuisiner… Il préparait toujours des plats dont nous n’avions jamais entendu parler ».
« Il méritait une meilleure fin que celle qu’on lui connaît aujourd’hui. C’est tellement triste… Nous avons une responsabilité morale envers Yagev – et elle subsiste », a poursuivi Yaakobi. « Nous ne pouvons pas les abandonner encore une fois. Nous ne pouvons pas parler de reconstruction, de retour à la normale, tant qu’ils sont encore là-bas. Yagev aurait pu être sauvé. »
La confirmation de la mort de Buchshtav et de Dancyg survient alors que Netanyahu est en route vers Washington pour y rencontrer le Président américain Joe Biden et y faire un discours devant une session conjointe du Congrès.
Le Premier ministre s’est rendu à Washington en compagnie de plusieurs otages libérés et de familles d’otages. Un grand nombre de celles-ci l’ont appelé à ne pas se rendre à Washington tant qu’il ne serait pas parvenu à un accord sur la libération de leurs proches.
Ces familles ont également manifesté leur colère face aux propos que Netanyahu aurait tenus la semaine dernière et selon lesquels « les otages souffraient, mais ne mouraient pas ».
L’armée n’a pas précisé les circonstances de la mort de Dancyg et Buchshtav, évoquant une enquête en cours. La possibilité qu’ils aient été tués par des tirs israéliens fait l’objet d’une enquête. Leur décès a été constaté par un panel d’experts en santé et de membres du rabbinat, suite à de nouvelles informations obtenues par Tsahal.
En mars, le Hamas avait annoncé que Buchshtav était mort faute de nourriture et de médicaments, et que Dancyg avait été tué par des tirs israéliens. L’armée israélienne n’a jamais confirmé ces allégations.
Tsahal a à ce jour confirmé la mort de 44 des 116 otages encore détenus par le Hamas depuis le 7 octobre. Le groupe terroriste a enlevé 251 personnes au cours de ce pogrom. Le Hamas détient également les dépouilles de deux soldats depuis 2014 ainsi que deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015.